Exploits amoureux des trois mousquetaires, Les
Titre original: Die sexabenteuer der drei Musketiere
Genre: Erotique , Comédie
Année: 1971
Pays d'origine: Allemagne
Réalisateur: Erwin C. Dietrich (sous son pseudo Michael Thomas)
Casting:
Ingrid Steeger, Peter Graf, Achim Hammer, Jürg Coray, Thomas Larisch, Nadia Pilar, Li Huber, Loni Grunwald...
Aka: The Sex Adventures of the Three Musketeers / Cavalcades amoureuses
 

Chez les D'Artagnan, on devient mousquetaire de père en fils, c'est une tradition à laquelle ne peut déroger le petit dernier de la lignée, Junior l'appellera-t-on, étant donné que son prénom restera un secret. D'Artagnan Jr, donc, semble pourtant plus préoccupé par les jeunes péronnelles qui tournent autour de lui (guère étonnant, à en juger le blason de la famille, présentant un arbre quelque peu phallique), comme la mignonne Yvonne, qui ne laisse pas le jeune gascon indifférent, que par la perspective de rejoindre les rangs des mousquetaires auprès du Roi de France. C'est finalement une gitane qui dépucèlera le jeune homme, près d'un champ de maïs, quoi de plus logique pour une gitane ! Par la suite, D'Artagnan Jr n'aura plus qu'une obsession : parfaire son éducation sexuelle, le jour auprès de la blonde Yvonne, la nuit auprès d'une brune mystérieuse. Et lorsque, contraint et forcé, il devra gagner la capitale avec son cheval pour seul compagnon, sa route sera jalonnée d'étapes au cours desquelles il fera la connaissance de damoiselles fort délurées, d'une comtesse masochiste et nymphomane, et de trois mousquetaires répondant aux noms d'Athos, Porthos et Aramis...

 

 

Au cours de sa longue carrière, le producteur et réalisateur Erwin C. Dietrich a commis (c'est le mot qui convient) bon nombre de couillonnades, dont ces "Exploits amoureux des trois mousquetaires" restent l'un des plus beaux fleurons. Avant de mettre en pièces notre héros D'Artagnan, Dietrich avait déjà mis à mal la légende d'un certain Robin des Bois, en 1969, avec "Les aventures amoureuses de Robin des Bois", co-réalisé avec Richard Kanter. Pour ce nouveau film en costumes, l'érotomane helvète s'entoure d'une douzaine d'acteurs inconnus (et qui le resteront), à l'exception d'Ingrid Steeger. Cette jolie Berlinoise s'était fait remarquer juste avant dans deux krimis, "Ape Creature" d'Alfred Vohrer, et "La morte de la Tamise" d'Harald Philipp, dans lesquels elle ne faisait pourtant que de la figuration. Elle va connaître la consécration dans ce qui reste probablement son meilleur rôle (et le meilleur film de Dietrich) : "Je suis une groupie", en 1970. Ensuite, la belle Ingrid se spécialisera dans la série B érotique, sans jamais basculer dans le porno, malgré des titres évocateurs comme "Les amours clandestines d'une aristochatte", "Salon de massage", "Les indécentes", "C'est la queue du chat qui m'électrise" ou encore "Bacchanales pour nuits de noces", "Chaleurs profondes" et le poétique "Suce pas ton pouce".
A vrai dire, "Les exploits amoureux des trois mousquetaires" est navrant à tous les niveaux. Le film est assez décevant au point de vue de l'érotisme, les scènes s'avérant mal filmées, et les actrices pas vraiment mises en valeur. On y voit finalement peu de foufounes, mais par contre les attributs de notre D'Artagnan sont quant à eux bien visibles lors de ses galipettes campagnardes avec Yvonne, ce qui permettra au spectateur de constater que les burettes en question ne répondent pas au critère national établi par feu Pierre Desproges, qui clamait (paix à son âme) que les Français avaient les couilles bien collées au cul, et non pas longues et pendantes, comme les Espagnols. Eh bien, en l'occurrence, un constat s'impose : D'Artagnan aurait-il du sang espagnol dans les veines (et dans les joyeuses, donc) ? Bref, le cahier des charges (décharge ?) au point du vue du sexe, est franchement médiocre, et en ce qui concerne l'humour, on est au ras des pâquerettes (d'ailleurs, on notera au passage que le réalisateur adore filmer des fleurs en gros plan, et puis tantôt une branche d'arbre, tantôt des nénuphars, le tout accompagné de la mélodie reconnaissable entre mille de l'inévitable Walter Baumgartner). Les combats se réduisent quant à eux à un misérable duel, voyant Athos, Porthos et Aramis ferrailler (tricoter, devrait-on dire) tour à tour avec un adversaire neurasthénique. Non, le gros de l'action (Porthos, donc) se limite à voir le mousquetaire manger dans une auberge, pendant que ses compagnons vont conter fleurette aux servantes qui proposent un service après vente des plus satisfaisants, il faut bien l'avouer.

 

 

Mais, car il y a un "mais" (et de taille), cette œuvre ô combien dispensable est devenue miraculeusement presque incontournable à la suite d'un élément qui a son importance : le doublage de la version française. Alors que la version originale (idem pour la version anglaise) ne proposait que des dialogues en parfaite osmose avec les images, c'est-à-dire d'une platitude équivalente à l'encéphalogramme d'un macchabée, la version française, par on ne sait quel miracle, fait parler tous les protagonistes du film en argot ! Oui, en ARGOT, et l'on ne remerciera jamais assez la ou les personnes qui ont eu cette idée aussi géniale que saugrenue, permettant ainsi de visionner l'œuvre avec un regard nouveau, et de transformer un plat indigeste en mets quasi succulent.
Rassurez-vous, le film reste mauvais, mais prend une nouvelle tournure, à la fois anachronique et absconse, et qui va transporter le spectateur dans une autre dimension.
Je ne manquerai pas, évidemment, d'achever cette chronique avant de citer quelques unes des nombreuses répliques qui parsèment les quelques 77 minutes de ce film.

 

 

D'Artagnan, seul dans sa barque :
Pour l'instant, j'étais à cent lieues de penser à l'artiche, je n'avais qu'une seule idée dans le cigare : devenir mousquetaire du Roi.

Une paysanne peu effarouchée devant l'évêque :
- Monseigneur, il y a quinze jours que je ne me suis pas briqué les guiboles !
Sa Seigneurie :
- Quelle importance, mon enfant, j'aime bien quand c'est crado !

D'Artagnan, au bord de l'eau, après avoir vu les seins de la gitane :
Après ces visions, je ressentis une bizarre raideur. Ma balayette semblait toute folle. Subitement, l'idée me vînt que je pourrais balancer des boulettes de brignolet (*) avec. Justement, j'en avais dans les fouilles.

(*) pain

 

 

Les mousquetaires et les servantes, à l'auberge :
Si t'es marre, tu devrais emballer un tas de gisquettes (*) avec ton minois.

(*) jeune fille

D'Artagnan, après avoir perdu sa virginité :
Germaine, la ragouine, m'a déglingué la fronde !

Puis, retrouvant la gitane :
Je n'ai pas oublié que c'est toi qui a détartré mon chinois !

Le père de D'Artagnan à son fils :
Grâce à cette bafouille d'introduction et à ton pedigree, ça te donnera du souffle et t'entreras chez les gorilles du Roi.

La Comtesse de Beaulieu, s'adressant au jeune D'Artagnan :
Il me sera très facile de te donner un coup de pogne. Seulement, faut pas te gourer, blanc-bec, c'est pas des caresses que j'veux. Ce que j'désire, c'est une avoine, une vraie !


Voilà un bref aperçu de ce que vous réserve cette version française des "Exploits amoureux des trois mousquetaires", à se demander si les doubleurs n'avaient pas abusé de la bigornette. Bon, c'est pas tout çà, salut les aminches !

 

 

Note : 4/10

Flint

 

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