Knights, les chevaliers du futur
Titre original: Knights
Genre: Science fiction , Action , Aventures , Post-apocalypse
Année: 1993
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Albert Pyun
Casting:
Kathy Long, Kris Kristofferson, Lance Henriksen, Scott Paulin, Gary Daniels, Nicholas Guest...
Aka: Cyborg Warriors
 

Albert Pyun est un cinéaste qui tourne beaucoup, trop probablement, et dans tous les genres.
Ce réalisateur américain a pourtant du talent, un sens de l'image particulier, mais il n'a jamais bénéficié de réels moyens, ce qui a relégué sa carrière au second, voire au troisième plan, malgré une certaine volonté de porter à l'écran des histoires auxquelles il semble pourtant tenir.

 

 

Peut-être avez vous vu "Cyborg" qu'il a réalisé pour Jean-Claude Van Damme et la Cannon en 1989 ? Il s'agit d'une relecture de New-York ne répond plus mâtinée de "Il était une fois dans l'ouest". Un film solidement réalisé, qui cherche avant tout l'efficacité et qui y arrive parfaitement. L'excellent site français Forgotten Silver a dévoilé il y a peu que Pyun s'était fait dépossédé du final cut, plus sombre, plus introspectif et plus mature...
Pourtant, il avait fallu à Albert Pyun beaucoup d'énergie afin de porter à l'écran cette histoire post-apocalyptique peuplée de gros balèzes cannibales, face à un seul héros.
Une énergie déployée pour parvenir à un résultat, en dépit d'un manque évident de moyens, qui fut compensé par des astuces de mise en scène. Cela définit assez bien la carrière d'Albert Pyun qui a beaucoup tourné, sans que sa carrière ne décolle réellement. Pendant ce temps là, certains clippers se voient catapultés du jour au lendemain à la tête de très grosses productions américaines qu'ils shootent sans guère d'imagination...
Knights est le film qui illustre ce paradoxe propre à notre réalisateur. C'est un projet ambitieux, une vision, un voyage vers un univers original, pour peu que l'on veuille s'y adonner, aidé par une certaine suspension d'incrédulité. De plus, Knights ne fait que renouer avec un souffle de l'héroïc-fantasy, sachant que notre cinéaste avait commencé en 1982 avec "L‘épée sauvage" et qu'il y est revenu en 2010 pour le film "Tales of an Ancient Empire".
Albert Pyun sait tout faire. Quand on l'engage, on lui confie le tournage, où il amène ses techniciens, ses compétences, et il convient de le laisser agir. En 1993, la Trimark, l'une des nombreuses firmes qui œuvrent dans le cinéma secondaire avec plus ou moins de visibilité, accepte de financer un long métrage qui semble tenir à cœur à Albert Pyun, Knights.


Knights se déroule dans un futur AD, c'est à dire après la grande destruction. Des cyborgs font régner la loi du plus fort, où ils ont leurs troupes, leurs villes, et ils règnent sur les humains qu'ils ont soumis tels du bétail. Ils sont issus de l'oeuvre d'un créateur nommé le grand architecte, qui les a conçus. Mais ils ont pallié au manque d'énergie en prenant les fluides vitaux humains. Donc, ce sont bêtement des vampires, qui ont chacun un nom en rapport avec l'évangile.

 

 

Nea est l'une de ces victimes potentielles. Une jeune femme qui n'a connu que les affres de la survie et qui a perdu sa famille dont son tout jeune frère. Elle demeure la proie d'un des cyborgs, Simon, alors qu'un événement providentiel vient la sauver. Un autre cyborg plus évolué, Gabriel (joué par Kris Kristofferson), vient à la rencontre de ses "semblables". Il demeure l'ultime oeuvre du grand architecte, le créateur de ces robots, et il a pour mission de mettre fin à leur existence qui s'avère un fléau pour l'humanité.
Il combat et défait Simon dans une rixe de toute beauté. Nea se joint à lui, fascinée par cet être qui accomplit ce que tous pensaient impossible : vaincre un cyborg. Elle le supplie de l'entraîner, ce que Gabriel refuse dans un premier temps, mais Nea lui prouve sa valeur. Aussi, l'enseignement peut commencer et une kyrielle de techniques lui seront enseignées. Nea va donc se confronter à une puissante faction de cyborgs, commandée par leur chef, le bizarre Job, joué avec talent par Lance Henriksen.
Nea est si accomplie qu'elle ne va pas tarder à se révéler être une grande tueuse de cyborgs, capable de mettre en péril leur grand plan : prendre la seule cité des humains qui leur résiste encore.


Albert Pyun s'est beaucoup investi dans la réalisation de Knights. Il nous offre ici d'énergiques chorégraphies soulignées par la bande originale puissante de Tony Riparetti, un fidèle du réalisateur, dont la musique permet souvent de dynamiser ses images. La photographie est en effet fort belle, et nombreux sont les plans qui exploitent le désert de Monument Valley, dans l'Utah.
La réalisation d'Albert Pyun demeure vive, alerte et percutante. Il réussit à rendre spectaculaire cette histoire mixant beaucoup de thèmes. C'est d'ailleurs l'élément surprenant de Knights, il y a un thème relatif à une élue qui accède à la connaissance, et les cyborgs se demandent s'ils ont dépassé leur programmation, alors que Gabriel ignore les doutes métaphysiques de Nea... Bref, Albert Pyun parvient à glisser de petits éléments qui rendent intéressants le périple de ses personnages.

 

 

Les acteurs sont bons, la révélation demeurant la charmante Cathy Long. Celle-ci était alors une championne de kickboxing que l'on disait assez hargneuse et punchy sur le ring.
Elle parvient à réaliser une performance sur son personnage de Nea, puisqu'elle incarne un poussin fragile qui se déploie pour devenir un rapace dont les proies sont les cyborgs. En outre, il se développe une relation intéressante avec son mentor Gabriel, qui confère à Knights un intérêt supplémentaire. Une relation à peine esquissée qui voit l'élève dépasser le maître, pour venir finalement lui porter secours.
Knights s'achève en cliffhanger. Nea ayant vaincu Job, les enjeux augmentent car son jeune frère finalement retrouvé est capturé par le vrai leader des cyborgs. Ce périple mènera Gabriel et Nea jusqu'à la grande cité des cyborgs, qui ont finalement hérité de deux prédateurs à leurs trousses au lieu d'un !
En résumé, l'investissement du réalisateur hawaïen est assez fort tant les plans sont travaillés, malgré la faiblesse de moyens qui est habilement camouflée. Comme le très habile Roger Corman, Pyun parvient à immerger le spectateur dans son intrigue, pour peu qu'il veuille y adhérer un peu.
De plus, Knights parvient surtout, et cela est en définitif trop rare, à donner le premier rôle à une femme qui botte sacrément bien le derrière des cyborgs ! Personnellement, je trouve cela assez fun !
A noter, enfin, qu'il existe deux doublages français. Le premier, celui de l'éditeur de l'époque Delta Vidéo pour la sortie du film en VHS, qui est nettement recommandé. Le second, celui des éditions DVD, est en revanche nettement moins bon. En effet, ce doublage ne fait que stéréotyper les personnages, les privant ainsi d'une certaine puissance et d'un manque d'âme.

 

 

Albert Pyun continua à réaliser des films avec souvent les mêmes problèmes. Knights n'a ainsi jamais eu de suite, ce qui continue de décevoir ceux qui ont aimé le film. Il aurait sans doute fallu un budget plus conséquent pour montrer la ville dans laquelle l'action de cette hypothétique séquelle se serait déroulée. Une aventure inachevée...
Toutefois, cela n'affecta nullement la carrière du réalisateur, riche en titres aux qualités très variables. Albert Pyun tourna en effet des films aux budgets anémiques ("Omega Doom", "Bloodmatch"), et s'engagea même dans des tournages qui commencèrent avant que le budget n'arrive sur le plateau (le fameux "Captain America" de 1990). Bref, il a bataillé pour offrir des films rythmés alors qu'il aurait pu faire mieux, tellement mieux, si on lui avait donné des moyens décents...

 

Bastien

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