Résidence, La
Titre original: La Residencia
Genre: Thriller , Gothique
Année: 1969
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Narciso Ibanez Serrador
Casting:
Lilli Palmer, Cristina Galbó, Mary Maude, John Moulder-Brown, Cándida Losada...
 

Dans une chambre qui a tout du cachot, une jouvencelle insolente se fait donner le fouet. Sa tortionnaire - visage parfait qui laisse apercevoir sa joie perverse, chemise à col impeccablement boutonnée - a le même âge qu'elle.

 

 

Les lanières de cuir claquent sur la peau tendre et dénudée, le tout supervisé par l'oeil intransigeant de la directrice de ce mystérieux établissement, qui finira par embrasser les blessures infligées dans un soudain élan de culpabilité. Non, ce n'est pas Ilsa, la louve des SS, mais Mlle Fourneau, qui tient d'une main de fer son pensionnat de jeunes filles jugées irrécupérables, dans le Sud de la France, en ce début de XXème siècle.

C'est dans cet univers semi-carcéral aux allures de château hanté que débarque la jeune Thérèse, qui tentera de trouver sa place parmi des pensionnaires sensuelles et souvent cruelles entre elles, et qui commencent bientôt à mourir dans d'étranges circonstances.

 

 

Malgré un pitch tirant sur la série B érotique façon Jess Franco, ce huis clos anxiogène, dénonçant les dérives d'une éducation religieuse répressive, est le premier grand film du réalisateur espagnol Ibanez Serrador, connu pour avoir réalisé le traumatisant Les révoltés de l'an 2000. La frustration sexuelle est au coeur du sujet, et ce thriller gothique accumule les tabous et passions refoulées, voyeurisme, amours saphiques, inceste entre une mère et son fils, le tout contrebalancé par des conventions rigides censées préserver la vertu : les filles doivent prendre leur douche habillées pour cacher leur corps, mais le tissu blanc, une fois mouillé, colle à leurs formes et devient transparent, bien plus érotique paradoxalement qu'une nudité banale. La tension sexuelle est si forte dans le pensionnat qu'un atelier de couture prend des tournures pornographiques, alors qu'il est mis en corrélation, par un montage habile, avec une scène de fornication dans la paille, entre une jouvencelle à la libido débordante et l'un des rares mâles des environs.

 

 

A l'opposé d'un thriller classique, la quête de l'identité du tueur n'est pas au centre du film, et la révélation finale, horrible mais presque décevante, ne l'emportera pas sur l'atmosphère noire et planante de ce pensionnat ; les murs du manoir ne seraient que la représentation physique d'une psyché humaine malade, le ça débordant réprimé par un surmoi sadique et moralisateur, broyant entre leurs mâchoires le Moi (Thérèse) jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Si le cadre est français, la mise en scène baroque ramènerait plutôt au cinéma transalpin, Bava en particulier, avec des séquences de meurtre où l'esthétisme prime sur l'horreur, et où le gore prend des accents lyriques. En outre, La Résidence serait l'une des principales inspirations d'Argento pour son chef d'oeuvre "Suspiria". On pense également au Saint-Ange de Pascal Laugier, "l'Echine du Diable" de Guillermo d'El Toro, ou The Wood de Lucky McKee (tous les films de pensionnat quoi...). Le seul regret est peut-être la photo du film, magnifique et contrastée, qui devient malheureusement trop sombre sur la fin.

 

 

Note : 8/10

Morgane Caussarieu

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