Come inguaiammo l'esercito
Genre: Comédie , Musicarello
Année: 1965
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Lucio Fulci
Casting:
Remo Germani, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Gina Rovere, Umberto D'Orsi, Luigi Pavese, Alvaro Alvisi, Edy Nogara, Moira Orfei, Nino Terzo, Alice Brandett...
Aka: How We Got Into Trouble with the Army (UK)
 

Un soir à la caserne, le sergent Camilloni (Ciccio Ingrassia) découvre que le soldat Piscitello (Franco Franchi) cache un enfant dans un baraquement militaire. Le garçon est le fils d'un autre soldat, qui, la nuit tombée, chante dans une boîte de nuit. En raison d'une série de malentendus, l'officier supérieur en vient à croire que le chiard n'est autre que son propre fils, né d'une ancienne histoire d'amour...

 

 

Mettant en scène à nouveau son duo de comiques siciliens, ce après des collaborations qui se sont avérées dans l'ensemble fructueuses en terme de qualité (Les faux jetons, I maniaci, Gli imbroglioni, I due evasi di Sing Sing...), la livraison de Lucio Fulci apparaît ici à l'image de son scénario cosigné Alfonso Brescia et Franco Cobianchi : mince. A l'instar de Franco & Ciccio, elle s'avère également très inégale. On sait que les deux hommes peuvent aussi bien nous galvaniser en nous amenant aux confins de délires ubuesques autant que nous attrister par des successions de gags les plus puérils et éculés qui soient. D'une manière générale, on peut affirmer que l'efficacité de leurs ressorts comiques varie aussi en fonction du réalisateur derrière la caméra. A cet égard, Gli imbroglioni, film à sketchs écrits par trop de mains, témoignait de ce fait, et les sketchs d'évoluer alors entre le pitoyable et l'irrésistible. Les deux évadés de Sing Sing et "002 agenti segretissimi", tous deux écrits par Victor Metz et Fulci himself sont plus concentrés et cernent d'autant mieux les capacités des duettistes à générer le rire. Disons le tout net : Come inguaiammo l'esercito est l'exception qui confirme la règle, puisque reposant pour beaucoup sur nos deux larrons qui semblent ici en roue libre, lâchés sur une pellicule à l'histoire beaucoup trop inconsistante pour les canaliser et en tirer le meilleur. De même, au niveau gags, le film peine à se renouveler et si l'on se surprend à sourire de temps à autre, c'est le plus souvent entre deux bâillements...

 

 

Plus qu'inutile, Come inguaiammo l'esercito est un film vain tenant sur trois axes :
Un scénario pseudo-comique qui s'avère poussif (à l'instar finalement de quelques uns de leurs films lorsqu'ils sont mal dirigés à partir d'une fausse bonne idée : "Deux corniauds contre Hercule" ou "Cadavere per signora", tous deux de Mario Mattoli, leurs livraisons pour Luigi Scattini ("Deux bidasses et le général" avec pourtant Buster Keaton), tout comme celles pour Marino Girolami ("Franco, Ciccio and the Cheerful Widows"). Finalement, à y regarder de près (mais sans doute faudrait-il voir tous leurs films pour mieux en juger), les deux réalisateurs à avoir su tirer le meilleur de nos lascars sont Giorgio Simonelli, réalisateur oublié mais pourtant fort sympathique (en témoigne son tardif Robin des Bois contre les pirates chroniqué ici-même) avec des films tels que "Due mafiosi contro Al Capone", "Due samurai per cento geishe", ... ainsi que Lucio Fulci. Il s'agit finalement des deux cinéastes les ayant le plus régulièrement fréquentés. En plus du talent respectif des deux réalisateurs, disons que ce sont ceux qui ont le mieux capté ce qu'il y avait à tirer d'un tel duo surréaliste tout droit venu des slapsticks d'antan et tardifs héritiers des Laurel et Hardy ou d'Abbott et Costello.

 

 

Ailleurs, ce sont des intermèdes musicaux peu convaincants qui nuisent au rythme quand ils ne le cassent pas carrément. La mise en scène de Fulci, pourtant élégante se voit ainsi trop souvent malmenée et amenée dans des bifurcations qui pourront paraître interminables sans une quelconque accointance pour des chanteurs romantiques aujourd'hui oubliés. Disons qu'au bout de quelques chansonnettes poussées par Remo Germani, le spectateur est en droit de vouloir s'échapper de cette caserne poussiéreuse, se faisant même, par moments, étouffante tant le romantisme suranné prend l'ascendant sur le pendant comique du film, jusqu'à le tuer. Inutile de préciser à ce niveau, que ces intermèdes sont loin de retrouver la fraîcheur de ceux présents dans les sympathiques Urlatori alla sbarra ou Uno Strano Tipo, lesquels avaient l'avantage aussi, de jouir de l'abattage d'un Adriano Celentano, plus complet et surtout plus trépidant d'un point de vue musical.

Quant aux gags, ils sont hélas assez mal écrits et tombent souvent à plat. Pire que tout, dès qu'ils fonctionnent ils se voient systématiquement contrecarrés, soit par les trop longs et trop nombreux intermèdes musicaux évoqués ci-avant, soit par de longues scènes d'amourettes cul-cul la praline dont on n'a que faire.
De fait, ces trois axes scénaristiques ne parviennent jamais vraiment à se fondre en bases solides afin d'offrir au spectateur un film qui se tient vraiment.

 

 

Pour relativiser et apporter en conclusion quelques arguments à la décharge de Come inguaiammo l'esercito, disons que le résultat n'est pas non plus honteux. Il se regarde légèrement assoupi avec un soupçon d'indulgence, notamment pour la plongée dans une époque et l'intéressant document qu'il offre à ce titre. Malheureusement, Franco et Ciccio paraissent noyés dans une sorte de mélasse doucereuse qui ne leur permet pas d'exprimer pleinement leur talent. De fait, tout comme cet opus comique fulcien, ils donnent l'impression d'être en petite forme.

 

Mallox

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