Un train pour Durango
Titre original: Un treno per Durango
Genre: Western spaghetti , Comédie
Année: 1968
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Mario Caiano (sous le pseudonyme de William Hawkins)
Casting:
Anthony Steffen, Enrico Maria Salerno, Mark Damon, Dominique Boschero, Roberto Camardiel, José Bodalo, Manuel Zarzo, Aldo Sambrell...
 

Au Mexique, au début du vingtième siècle - Alors que la révolution bat son plein, deux cavaliers dépenaillés se rendent à la gare la plus proche afin de prendre le train qui les mènera à Durango et de là au Texas. Pour l'un, Gringo (en VO, Yankee en VF), qui se prétend américain, c'est le retour au pays et la fin, peut-être, d'une période de misère. Pour l'autre, Lucas, mexicain pur jus et associé du premier nommé, c'est la poursuite de ses rêves chimériques de fortune, cette fois-ci dans l'exploitation pétrolière. En attendant, l'achat des billets se révèle déjà être une épreuve qui leur coûtent leurs dernières cartouches (littéralement). Dans ce train, embarquent aussi deux Américains ombrageux, une jolie blonde, un coffre blindé avec son escorte militaire et plusieurs dizaines d'individus moustachus et patibulaires. Et ce qui devait arriver arrive : le train est attaqué de l'intérieur et de l'extérieur, la blonde et le coffre sont enlevés, l'escorte et la plupart des passagers trucidés et nos deux anti-héros s'en sortent par miracle. Gringo découvre alors sur les cadavres de ses deux compatriotes les clés du coffre blindé…

 

 

Etonnant western que celui-là, farce picaresque bourrée d'humour noir où les gags les plus fins côtoient les plus énormes. Dès l'entame, le ton est donné avec un héros à plat ventre sur sa monture parce qu'il s'est pris une balle dans le cul. Et si le bon goût n'est pas toujours au rendez-vous, nous avons là une comédie alerte où l'enchaînement de gags ne ralentit pas l'action, pas plus que l'accumulation de cadavres n'atténue le côté farce de l'histoire.
Etonnant parce que ce film précède de plus de deux ans la vague des westerns spagh' comiques, étonnant aussi parce que sorti en pleine période western Zapata et se déroulant dans un contexte identique (la révolution mexicaine), ce film n'a aucun sous texte politique. A vrai dire, ce film se démarque autant des futures comédies westerns initiés par les Trinita qu'il se démarque des westerns Zapata. Par exemple, le film ne comprend pas une seule scène de slapstick, pas la moindre tarte dans la gueule.

 

 

Si comparaison il doit y avoir, c'est plutôt avec "L'armée brancaleone", autre road movie picaresque ou le génial "Les titans" scénarisé comme le présent film par Ducio Tessari (précisons quand même que tout en étant très réussi, Un train pour Durango est un ton en dessous de ces deux références). Un train pour Durango n'a par contre pas grand rapport avec Mais qu'est ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? autre comédie se déroulant durant la révolution mexicaine, car contrairement à ce dernier jamais la tragédie ou tout simplement la réalité ne vient faire irruption dans la farce. On reste dans la comédie, inoffensive certes, mais particulièrement bien menée.

 

 

Bien qu'étant une pure comédie, ce métrage n'est pas pour autant dépourvue d'action avec quelques scènes très spectaculaires dont une d'anthologie où Steffen et Salerno, torturés par des bandits, sont enterrés vivants avec leurs têtes émergentes et voient des cavaliers galoper vers eux. Cette scène sera d'ailleurs reprise dans le Nemuritorii de Nicolaescu avec des Turcs à la place des bandits mexicains. Et si Un train pour Durango a eu une influence (même anecdotique) sur le cinéma populaire roumain ; on ne peut que regretter qu'il n'ait pas été, à la place des "Trinita", la source principale d'inspiration pour les westerns comiques italiens des années 70.
S'il n'a pas eu le succès qu'il méritait en Italie, en France le film est semble-t-il sorti dans le plus strict anonymat. Ce qui s'explique par la version charcutée qui fut utilisée pour son exploitation dans les salles hexagonales. Version où, dans un film faisant à peine plus d'une heure et demie, près du tiers du métrage fut coupé. Le comble étant que dans cette version les meilleurs gags ont été expurgés.

 

 

Je ne reviendrais pas sur la carrière de Mario Caiano, qui commença par le péplum et s'acheva par le Poliziesco en passant par le spaghetti western, Et si sa filmographie ne comprend pas de chefs-d'oeuvre immortels, il nous a offert plein de films sympathiques bien qu'il dut souvent composer avec des budgets anémiques et des casting discutables. Je ne reviendrais pas plus sur celle, plus illustre, de Duccio Tessari dont l'influence en tant que co-scénariste est ici patente. Devant la caméra, Anthony Steffen, sorti ici de ses rôles monolithiques à la sous Eastwood, se révèle plutôt bon acteur (même s'il n'est ni Gemma ni Gassman).Un constat qui vaut aussi pour Salerno, Damon et la française Dominique Boschero (malgré sa discutable teinture blonde que lui avait déjà infligé Caiano dans Ulysse contre Hercule). Les seconds rôles espagnols, pour la plupart des vétérans du genre, sont très solides.
Bref, dans ce Train pour Durango, on n'est pas déçu du voyage.

 

 

Sigtuna


En rapport avec le film :

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