Gwendoline
Genre: Erotique , Aventures
Année: 1983
Pays d'origine: France
Réalisateur: Just Jaeckin
Casting:
Tawny Kitaen, Brent Huff, Zabou, Bernadette Laffont, Jean Rougerie, Roland Amstutz, Jean-Stanislas Capul, Chen Chang Ching, Vernon Dobtcheff...
 

Naïve et candide, la belle Gwendoline débarque en Asie cachée dans une caisse, à la recherche de son père, un chasseur de papillons disparu sans laisser de trace. Pourquoi dans une caisse au fait ? Je n'en sais fichtre rien et, si une explication a été donnée, je l'ai déjà oubliée...
Soit. Aussitôt enlevée par des truands, elle se fait sauver par un aventurier sans scrupules nommé Willard, dont elle tombe immédiatement amoureuse. Accompagnée de sa fidèle Beth, qui lui est totalement dévouée, elle réussit à sortir le beau héros de ses vices préférés : les putes et le jeu, et elle l'engage pour partir à la recherche de son père et du papillon qui fut son objectif.

 

 

Rapidement mis au courant de la mort de son paternel, la fragile Gwendoline se révèle plus forte que Willard ne le pensait et, surtout, beaucoup plus résolue : c'est décidé, elle ira sur les terres des terribles Kiops et bravera le désert du Yek-Yek où souffle le vent mortel du Kulibido (enfin, suis plus sûr du nom mais c'était un truc du genre) pour capturer le lépidoptère mythique de cette région exotique auquel elle donnera le nom de son daron.
En route, donc, pour de folles aventures en compagnie d'un héros sympathique quoique roublard, une héroïne sexy quoique nunuche, une bonne à tout faire bonnasse quoique un peu cruche... Eh oui, on est dans des stéréotypes, on nage dedans même, tout ce petit monde nous en rappelant bien d'autres, parfois plus convaincants. Car on n'y croit pas trop, à cette histoire de papillon, ni à ces mondes perdus, ces sauvages bedonnants, cette reine complètement folle et son second mielleux : "Superbe, vous êtes superbe !" La brève apparition d'un crocodile peu mobile nous ramènerait même 40 ans en arrière au niveau des effets spéciaux, on pourrait presque se croire avec Abbott et Costello en Afrique s'il n'y avait la couleur...

 

 

On aimerait bien y croire, pourtant, indulgents que nous sommes, mais les artifices sont trop visibles et les facilités scénaristiques trop nombreuses pour qu'on ne s'ennuie point, baillant une fois ici, ronronnant une autre fois là...
On nous l'avait pourtant bien vendue, la Gwendoline, pensez ! Adaptée d'une bande dessinée de John Willie adepte du bondage, ça sent le soufre, ça madame ! Et la corde qui se noue autour de vous dans des délices aux allures de supplices ! Et les grosses ficelles aussi, qui permettent d'avancer quand l'action patine... Du sexe, enfin... de l'érotisme ! De la fesse et des nichons, oui jeune homme, approchez, approchez, sous vos yeux écarquillés de teenager excité, c'est à la transformation d'une jolie chenille en magnifique papillon que vous allez assister ! Initiée à l'amour qu'elle sera, comme vous, gamins de 1983, encore avides d'expériences !
Hélas, trois fois hélas, déjà à l'époque, on restait sur sa faim. On appréciait, certes, les courbes des unes, les rondeurs des autres, les sourires alanguis, les strings à foison mais... il n'y avait pas là de quoi se tirer sur la nouille. La séquence de "la première fois" où Willard, quittant son armure de macho man pour se révéler cœur d'artichaut, initie la belle et sa servante alors que tous trois sont attachés manquera même de nous achever... De la belle image, une histoire gentillette, mais beaucoup de bruit pour rien. Ou pas grand-chose...

 

 

Mais finalement, alors qu'on s'attendait à être émoustillé tout en n'y croyant plus, c'est d'un vieux bonhomme nimbé de se dégoulinante allégeance envers une reine siphonnée que le plaisir arrivait. Pas au niveau du bas-ventre, non, plutôt du côté des zygomatiques, ricanant à chaque coup de brosse à reluire que le pauvre Darcy incarné par un Jean Rougerie au meilleur de sa forme passait à la matriarche d'un royaume perdu en totale perdition, que Bernadette Laffont rendait mémorable à plusieurs reprises. "Superbe, vous êtes superbe !" Le lâche et veule esclave et savant est le personnage le plus réussi, étonnamment, de toute cette troupe.

Et, si on s'était un peu trop fait languir tout au long du périple qui mena Gwendoline, Beth et Willard jusqu'au désert du Yek-Yek, l'arrivée dans ce territoire perdu où des femmes quasi-nues actionnent des machines à vapeur ou se retrouvent pendues par les pieds et la tête dans l'eau nous redonnait un peu d'espoir. Kitsch des décors, OK, mais il n'empêche qu'on y sentait déjà un peu plus d'attention, et de soin aussi, dans ces étranges machineries et dans les costumes des guerrières sevrées de sexe. Les maquettes de préparation des bédéastes Claude Renard et François Schuiten ne sont peut-être pas totalement étrangers au charme qu'on peut trouver à cette partie du long-métrage (même si j'imagine aisément que leur travail devait avoir un rendu moins toc que sa réalité à l'écran, beaucoup trop carton-pâte).

Cette dernière demi-heure du film, sans devenir véritablement passionnante, le sauve et se montre beaucoup plus enlevée et moins convenue que celles qui la précèdent. Pas tous les jours, en effet, qu'on voit des gladiatrices se battre à mort pour gagner le droit d'enfourcher le mâle destiné à les féconder, avant de le mettre à mort sous les yeux ivres de sang d'une reine démoniaque ! Il est encore moins courant d'assister à une course de chars... tractés par des Amazones en tenue légère !

 

 

Les bons passages de cette dernière partie, où même la musique de Pierre Bachelet se fait plus acceptable alors qu'elle ne ressemblait jusqu'alors qu'à un lourdingue tapis sonore purement illustratif, nous font entrevoir ce qu'aurait pu être un Gwendoline réussi : mélange de personnages haut en couleurs sur une toile de fond érotique teintée d'un peu de SM, truc un peu putassier à l'italienne avec séquences craspecs de tortures cannibales, le tout enjolivé de quelques séquences d'action virevoltantes... Mais non, en fait, c'est juste notre vieille indulgence qui reprend le dessus car il faut bien reconnaitre que même les combats entre ces gladiateurs au féminin restent vraiment trop plan-plan... Malgré l'argent dont a bénéficié le réalisateur d'Emmanuelle, apparemment une belle petite somme à l'époque, on ne rentre jamais vraiment dans cet univers trop sage et trop grand public. Pour tout dire, ce n'est pas assez crapoteux pour nous plaire, pas assez bis, ni même racoleur... Une image un peu gore ici, une poitrine un peu effleurée là... franchement, c'est un peu Just, monsieur Jaeckin !

 

 

Bigbonn

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