Territoire des ombres, Le : le monde interdit
Titre original: La herencia Valdemar II : La sombra prohibida
Genre: Horreur , Fantastique , Sorcellerie
Année: 2010
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: José Luis Aleman
Casting:
Daniele Liotti, Oscar Jaenada, Silvia Abascal, Rodolfo Sancho, Ana Risueno, Norma Ruiz, Santi Prego, José Luis Torrijo, Jesus Olmedo, Maria Alfonsa Rosso, Eusebio Poncela...
Aka: The Valdemar Legacy II: The Forbidden Shadow
 

Dans le premier volet du Territoire des ombres ("Le secret des Valdemar"), l'histoire s'arrêtait tragiquement pour les deux héroïnes de chaque époque. Au XIXème siècle, Leonor Valdemar était emportée par le démon invoqué par Aleister Crowley lors du rituel de Dunwich ; et au temps présent, l'experte en biens immobiliers Luisa Lorente était kidnappée par les séides d'une confrérie occulte.
Deux groupes partent donc à la recherche de cette dernière, l'un constitué des responsables de l'agence immobilière, l'autre d'un détective de l'étrange assisté d'une émissaire appartenant à une mystérieuse fondation. Après diverses péripéties, les divers protagonistes se retrouvent et vont devoir affronter les membres d'une secte démoniste préparant l'invocation d'une puissante entité maléfique lors d'un rituel nécessitant le sacrifice de 666 victimes.

 

 

Le territoire des ombres : le monde interdit, contrairement au Secret des Valdemar, se déroule presque exclusivement à notre époque, et cela explique en partie pourquoi ce second opus est très inférieur au premier. Dans la précédente chronique, j'expliquais en effet que le choix des acteurs était quasi irréprochable pour tout ce qui avait rapport aux événements du XIXème siècle, mais très inégal pour la partie contemporaine. De ce fait, dans la mesure où les personnages de notre époque monopolisent l'écran durant 90 % du métrage, la qualité s'en ressent fortement. Cela concerne essentiellement le couple d'agents immobiliers, assez fade, le duo de sectateurs chargés d'enlever les victimes, beaucoup trop stéréotypé, et surtout le détective du "surnaturel", beaucoup trop jeune et sans le moindre charisme.
Restent quelques acteurs avec plus de profondeur, comme Silvia Abascal (Luisa Lorente), Ana Risueño (dans un rôle d'intrigante plutôt réussi) et Eusebio Poncela (Cannibal man, la semaine d'un assassin, "Matador", "La loi du désir", "800 balles"), qui compose un inquiétant chef de secte.

 

 

L'autre point noir de cette seconde partie tient à son ouverture franche dans l'univers de Lovecraft (ce qui n'était pas le cas dans la première). Cette fois, le réalisateur plonge le spectateur dans "l'indicible horreur" relatée par l'écrivain dans ses écrits. Hélas, la magie n'est pas au rendez-vous et, plus grave, José Luis Aleman dénature l'oeuvre du romancier dans les grandes lignes. Si Aleister Crowley paraissait crédible dans la première partie, Lovecraft, dépeint ici comme un occultiste confirmé se livrant à la prestidigitation dans une scène à la limite du ridicule, n'a pas du tout sa place dans le récit (et la performance de l'acteur est terrifiante de médiocrité). S'il s'agissait d'un clin d'oeil en forme d'hommage de la part du metteur en scène, il est malheureusement raté. Et que dire du rituel qui échoue à cause du sacrifice d'un nourrisson qui s'avère être... une poupée ! Le faux bébé a beau être passé dans les mains de plusieurs personnes, aucune d'entre elles ne s'est aperçue de la supercherie. La pilule ne passe pas, voilà peut-être le retournement de situation le plus foireux de l'histoire du cinéma.

 

 

Et puis, l'apparition de Cthulhu, bien que spectaculaire (la créature est très réussie, il faut le reconnaître), est assez gênante car le Grand Ancien n'apparaîtrait jamais personnellement lors d'une incantation. Qui plus est, un adepte de la magie noire parvient à invoquer une créature en mesure de neutraliser Cthulhu et de le renvoyer d'où il vient. Une idée farfelue, car Cthulhu est le plus puissant des Grands Anciens, et aucune entité ne pourrait lui tenir tête, à part peut-être les Anciens Dieux, mais de ceux-ci il n'est nullement question dans "Le monde interdit". Et puis, n'oublions pas que la vision d'un Grand Ancien n'a que deux issues possibles : la folie ou la mort. Un constat sans appel dont le réalisateur ne tient pas compte.

En résumé, tout ce qui touche au mythe de Cthulhu dans ce deuxième opus est traité avec maladresse, malgré la sincérité évidente de José Luis Aleman et son admiration pour Lovecraft. L'originalité et la beauté des maquillages et des effets spéciaux parvient heureusement à sauver quelque peu les apparences. Les fans de Paul Naschy, quant à eux, resteront sur leur faim, car sa présence à l'écran est cette fois particulièrement restreinte.

 

 

Cela étant, ne jetons pas la pierre sur José Luis Aleman, un jeune réalisateur plein d'avenir, passionné par son métier, et qui a voulu donner le meilleur de lui même pour concrétiser ce projet fou, à savoir faire un film de trois heures inspiré des écrits de Lovecraft. Un projet peut-être trop ambitieux, en partie réussi, et en partie raté. Mais n'oublions pas que c'était là son premier long métrage et sa première expérience pour le cinéma. Le travail qu'il a effectué ici n'en est pas moins prometteur, et on lui souhaite une carrière aussi brillante qu'un Guillermo Del Toro, par exemple.

Flint


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