Opération Goldman
Titre original: Operazione Goldman
Genre: Espionnage
Année: 1966
Pays d'origine: Espagne / Italie / USA
Réalisateur: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson)
Casting:
Anthony Eisley, Wandisa Guida, Folco Lulli, Diana Lorys, Luisa Rivelli...
Aka: Lightning Bolt / Gemini 13 - Todesstrahlen auf Kap Canaveral.
 

Les services secrets américains recherchent un savant disparu. La mission est confiée à deux agents : une femme qui ne manque ni d'idées ni d'enthousiasme et un homme attiré par l'argent qu'il peut tirer de l'affaire. Ils découvrent l'existence d'une base sous-marine dont le chef rêve de devenir le maître du monde.

 

 

"Eurospy" : sous cet anglicisme un rien barbare se cache une série de films produits en Europe entre 1962 et 1969 qui tentaient de profiter du succès des James Bond et surtout de Goldfinger. Un stakhanoviste de la pellicule comme Margheriti ne pouvait y échapper : après une série de films de science fiction qui vont considérablement renforcer sa réputation au fil du temps, il enchaine sur deux films d'espionnage : une aventure de l'agent 077 alias Bob Fleming "A 077, Sfida ai Killers" et Operazione Goldman. Ce dernier, largement inspiré par Dr No et Goldfinger, est une petite sucrerie à déguster sans modération. L'une des particularités des "James Bond spoofs" (surtout les européens) était de vouloir imiter leur modèle sans jamais en avoir les moyens, tournés à l'économie comme la plupart des films du genre. Opération Goldman aurait pu sombrer dans la médiocrité ou le conformisme mais c'était sans compter sur ce bon vieux Margheriti qui trouve ici le terreau idéal pour nous livrer un de ces films décomplexés et fun dont il avait le secret. Le film démarre doucement comme une histoire d'espionnage conventionnelle, mais une fois le héros dans le repère sous-marin du méchant, le réalisateur se lâche en recyclant quelques idées déjà exploitées sur ses précédents films de science fiction (les humains surgelés, etc.). Le script n'est évidemment qu'un prétexte pour Margheriti qui ne se gêne pas pour caser maquettes et modèles réduits en tous genres, ce qui ne l'empêche pas d'abuser de stock-shots de la NASA, (c'est l'un des points faibles de cette production), mais le réalisateur nous prouve de nouveau son incroyable savoir-faire en intégrant l'explosion de maquettes en images réelles. Ne pouvant se payer un décorateur de la trempe de Ken Adam, il utilise astucieusement certains décors existants comme une brasserie ou la piscine d'entrainement de l'équipe Olympique italienne. Mais le manque de moyens ne l'empêche pas de nous concocter quelques décors réussis comme le bureau "high tech" du méchant, protégé par deux aiguilles articulées géantes. Plus fort encore, avec une piscine, une poignée de figurants en maillots et quelques bouts de décors il reconstitue un hôtel en Floride sans jamais quitter l'Italie !

 

 

Ce recours permanent au système D amusa beaucoup l'acteur principal, un certain Anthony Eisley qui était à l'époque l'une des vedettes d'une série qui passait sur ABC "Hawaiian Eye" (1959-1963). Par la suite, il apparut aussi dans pas mal de petits budgets et de films de genre comme The Wasp Woman (1960), "The Navy vs. the Night Monsters" (1966), "The Mighty Gorga" (1969), The Witchmaker (1969), "Dracula vs. Frankenstein" (1971) ou "The Doll Squad" (1974). Comme son homologue anglais, notre agent spécial se doit d'être entouré par quelques belles représentantes de le gent féminine et, comme par hasard, le cinéma de genre italien est un vivier presque inépuisable de beautés en tous genres. Si vous êtes amateur de péplums, le visage magnifique de Wandisa Guida doit sûrement vous dire quelque chose, en effet, la belle s'est illustrée dans pas mal de films du genre : "La Vengeance d'Hercule", "La Révolte des esclaves", "La Vengeance d'Ursus", "Les Gladiateurs de Rome", "Maciste dans les mines du roi Salomon", "Les Géants de Rome" ("Fort Alésia") ou "Samson contre tous". Elle tournera encore dans "A 077, Sfida ai Killers" et Operazione Goldman avant d'arrêter sa carrière, faisant une ultime apparition en 1982 dans "Assassinio al cimitero etrusco" ("Crime Au Cimetière Etrusque"). L'Espagnole Diana Lorys s'est plutôt illustrée dans le western spaghetti : "Les Hors-la-loi de Casa Grande" (1964), "I Gemelli del Texas" (1964), "La Carga de la policia montada" (1964), "Murieta" (1965), "La Frontière de la haine" (1965), "Django tire le premier" (1966), "The Texican" (1966), "Pancho Villa" (1968), "Sonora" (1968), "Rio Hondo" (1968), "Abattez Django le premier" (1971), Les Quatre mercenaires d'El Paso (1971), "Chino" (1973), "Adios California" (1977), "La Ciudad maldita" (1978). Tout aussi charmante que ses deux consœurs, Luisa Rivelli est pourtant moins connue, en effet, elle fut surtout la vedette de drames et de comédies, ce qui ne l'empêchera pas d'apparaitre dans quelques films de genre : Opération Opium, Colorado, "Les Possédées du démon", etc. Parallèlement, elle apparaitra dans plusieurs séries et téléfilms et fit même du théâtre.

 

 

Margheriti n'est pas un auteur comme Bava ou Fulci, mais il compense ses faiblesses par ses capacités techniques et un sens du spectacle incontestable, des qualités qui lui permirent de briller grâce à ses films de science fiction et d'horreur gothique. Les compétences de cet artisan touche à tout l'amenèrent le plus souvent sur des productions improbables au montages financiers cosmopolites qui correspondaient aux demandes du marché, le réalisateur parvenant toujours à livrer des films exploitables et rentables. Operazione Goldman n'échappe pas à cette règle : production italo-espagnole, le film est en fait financé par "The Woolner Brothers", une compagnie américaine fondée en 1955 par les frères Lawrence, Bernard et David Woolne. Propriétaires de Drive-In, ils créèrent cette compagnie pour produire une série de films et ainsi les distribuer. Leurs premières productions furent des Roger Corman : "Teenage Doll" (1957) et Swamp Women (1956), ensuite ils produiront une série de films en Italie dont pas mal de Mario Bava et de Margheriti : "Hercules Conquers Atlantis" ("Hercules and the Captive Women") (1961), "Hercules in the Haunted World" (1961), "Castle of the Living Dead" (1964), Danse Macabre (1964), Blood and Black Lace (1965), Lightning Bolt (1967), Naked You Die (1968), etc.

 

 

Comme à son habitude, Margheriti s'empare d'un genre pour mieux s'en éloigner, il soigne la première partie essentiellement consacrée à l'espionnage puis introduit quelques éléments insolites voire carrément aberrants, comme le héro voulant empêcher le décollage d'une fusée avec sa voiture ! L'idée est des plus saugrenues mais le réalisateur emballe la scène comme si de rien n'était. La suite est tout aussi pittoresque : les cascadeurs sont remplacés par des marionnettes qui tombent sur des maquettes, les hommes de main du méchant sont habillés comme "Diabolik" et le héros s'échappe dans une sorte de grosse torpille qui ressemble à une crotte... Dans cette dernière partie, l'espionnage laisse clairement la place à la fantaisie, ce qui correspond parfaitement au visuel du film dont les décors semblent sortir des cases d'une bande dessinée. En bon cuistot, Margheriti étale ses influences sur l'écran (bande dessinée, science fiction, ...) comme la garniture d'une pizza et le réalisateur a assez de talent pour rendre l'ensemble agréable et digeste. Bon appétit !

 

 

The Omega Man

 

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