Abbott & Costello en Afrique
Titre original: Africa screams
Genre: Comédie , Aventures
Année: 1949
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Charles Barton
Casting:
Bud Abbott, Lou Costello, Clyde Beatty, Frank Buck, Max Baer, Buddy Baer, Joe Besser, Hillary Brooke, Shemp Howard, Charles Gemora, Martin Wilkins...
 

Dans la librairie d'un grand magasin, deux vendeurs s'affairent à animer leur rayon : l'un deux, Stanley Livington (sic), costumé en aventurier d'opérette, joue au dompteur de chaton dans une mini-reconstitution de jungle. L'autre, Buzz Johnson, le rassure lorsque le chaton sort ses petites griffes. Tous deux sont peu après confrontés à une demande étrange : deux gorilles (humains s'entend, deux grands types très costauds, quoi) proposent 1000 dollars à Stanley pour qu'il leur dessine la carte présente dans le livre devenu introuvable d'un authentique explorateur. Buzz, lui, se voit proposer 2500 dollars pour la même carte, par une femme aux intentions assez troubles. Vue la somme promise, le duo choisit donc de se rendre chez la femme, qui est en fait l'alliée des deux colosses...

 

 

Trouillard et gaffeur, Stanley se vante d'être le meilleur chasseur de fauves du monde et même leur meilleur dresseur, prétendant même être celui qui prépare les lions pour les numéros du célèbre dompteur Clyde Beatty, qui ne lui arriverait pas à la cheville... mais qui est en fait l'homme à qui il est en train de raconter ses bobards... Cupide et plus curieux que son comparse, Buzz laisse traîner ses oreilles et découvre que la carte peut rapporter beaucoup plus gros que les 2500 dollars prévus, à condition de se rendre en Afrique. Ni une ni deux, il se fait engager avec Stanley par Mme Emerson pour un safari prétendument destiné à découvrir un orang-outan géant... Sur place, ils découvriront qu'en fait ce sont des diamants qu'ils sont venus chercher mais qu'une telle quête n'est pas sans périls...

 

 

Abbott et Costello formaient un duo comique qui connut son heure de gloire dans les années 40 et 50 aux USA, notamment en revisitant les grands thèmes du cinéma de genre et en en rencontrant les figures mythiques comme le comte Dracula, Frankenstein, la momie ou l'homme invisible. En France, ils étaient appelés les deux nigauds, comme dans Deux nigauds contre Frankenstein par exemple, sans toutefois passer à la postérité de par chez nous et même en traînant une réputation assez calamiteuse de comiques poussifs. Si certains de leurs films, comme celui qui les voit aux prises avec le Dr. Jekyll et Mr. Hyde dément assez brillamment cette mauvaise presse, Africa screams n'est pas loin de donner raison à leurs détracteurs. Le début est assez sympa et amusant mais, passé les 20 premières minutes, le rythme s'alanguit au lieu de se dynamiser, trop doucement porté par les tribulations des aventuriers de pacotille dans leur jungle de studio.
Le film n'est pas déplaisant, loin s'en faut, mais il patine, n'offre que peu de surprises et se contente trop souvent d'idées trop peu originales et surtout trop peu nombreuses. C'est le petit gros (à savoir Lou Costello) qui a le plus de présence à l'écran et joue de ses mimiques et grimaces pour emporter le morceau, comme lorsqu'il est aux prises avec un crocodile, un gorille ou un cannibale se pourléchant les babines en regardant son embonpoint. Le mince (Bud Abbott) joue finalement plus du dialogue que du comique visuel, offrant un contrepoint posé au jeu de son partenaire et jouant de ce contraste pour faire avancer l'intrigue. Malheureusement souvent au cours de scènes un peu trop étirées et laborieuses.

 

 

Reste que cet Abbott & Costello en Afrique n'est pas non plus une purge. Le film se laisse regarder et il offre même quelques bonnes séquences et, surtout, un casting intéressant : les deux colosses qui escortent l'organisatrice du safari sont deux frères et deux authentiques boxeurs. Max Baer fut champion du monde poids lourd, de juin 34 à juin 35 ; son frère, Buddy, s'il n'eut pas le même succès sur le ring, en aura un peu plus en tant qu'acteur, en participant notamment à un autre Abbott & Costello, Jack et le haricot magique, mais aussi à un Howard Hawks, "La captive aux yeux clairs", et même, consécration du bisseux ? à "Giant from the Unknown", de Richard E. Cunha. Dans le rôle d'un sbire totalement miraud qui fait penser à Mister Magoo, qui est de la même époque, on trouve Shemp Howard, qui joua dans Hellzapoppin et qui fut membre des 3 Stooges. Tout comme Joe Besser, petit gros dégarni qui joue ici le rôle d'un homme à tout faire un peu efféminé et qui participa à plusieurs épisodes du show télé d'Abbott et Costello avant de rejoindre la troupe des Stooges. Il serait dommage aussi de ne pas citer Charles Gemora dans le rôle du gros singe, un type qui s'était fait à ce point une spécialité des rôles en costume de gorille dans les années 30 et 40 qu'il avait acquis le surnom de "The King of the Gorilla Men". Un acteur qui, lorsqu'il ne jouait pas au primate, ne rechignait pas à faire l'extra-terrestre comme dans "La guerre des mondes" ou dans I married a Monster from Outer Space.

 

 

Mais la meilleure idée qu'ont eue les géniteurs de ce film est d'y avoir invité deux hommes connaissant réellement les fauves et jouant leur propre rôle : Frank Buck d'abord, un aventurier dont la vie inspira une série télé des années 80, "Frank, chasseur de fauves", avec Bruce Boxleitner. Mais surtout Clyde Beatty, dompteur qui avait son propre cirque, sa propre émission de radio et de télé et qui avait, paraît-il, "mis au point un numéro de cirque très spectaculaire au cours duquel il pénétrait dans une cage et se confrontait à des lions, des tigres, des panthères, des hyènes... toutes ces espèces étant parfois réunies en même temps", si l'on en croit Bach Films. L'intérêt de sa présence ici, outre une scène comique où Costello se ridiculise, réside dans la présence effective de lions bien réels et d'un numéro de dressage où, armé d'un fouet et d'une chaise, il dirige trois félins grognant dans un enclos fermé. Car c'est ce qui manque justement : la rencontre véritable des héros avec de vrais animaux. S'ils ont pu rencontrer physiquement Frankenstein ou la momie dans d'autres films, ici ils ne peuvent être véritablement confrontés à des crocodiles ou d'autres bêtes sauvages. Et ça manque car, même si on essaie de nous faire croire à l'aide d'un croco mécanique ou en incrustant l'un ou l'autre personnage avec un fauve qu'ils sont bel et bien en plein périple sur le continent noir, on voit bien qu'il n'en est rien. Ce qui ne surprend d'ailleurs guère lorsqu'on constate que c'est Edward Nassour qui est à la production et qui n'est pas franchement réputé pour ses effets magnifiques ou ses bestioles très réussies (voir notamment les critiques de films avec d'authentiques dinos nassouriens dedans que sont La montagne mystérieuse ou Lost Continent).

 

 

Loin d'être un chef-d'oeuvre donc, Abbott & Costello en Afrique peut satisfaire un public assez peu exigeant ou un peu nostalgique et qui a envie de découvrir les outrages qu'ils ont pu faire subir au genre "film de jungle". Un peu trop gentillet, le duo qui porte l'histoire aurait gagné à se montrer plus incisif et plus mordant. Mais le bon début et les quelques idées sympas distillées au cours de séquences malheureusement souvent trop longues permettent de le suivre sans trop d'ennui. Pour celui qui n'aurait vu aucun film des deux nigauds, je recommanderais néanmoins plutôt de se tourner vers le Frankenstein ou le Dr. Jekyll, plus réussis et mieux rythmés.

 

Bigbonn

 

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