Embrujada
Genre: Erotique , Horreur , Drame , Satanisme , Sorcellerie
Année: 1969
Pays d'origine: Argentine / Brésil
Réalisateur: Armando Bo & Egídio Eccio
Casting:
Isabel Sarli, Victor Bo, Miguel A. Olmos, C. Adolpho Chadler...
 

Ansise est une jeune amérindienne mariée trop tôt et dont le désir le plus ardent est d'avoir un enfant. Son envie de maternité est contrarié par l'impuissance de Leandro, son mari, tant est si bien qu'il en devient obsessionnel. A partir de là, tout les coups (de reins) sont permis et Ansise, dans un premier temps, n'hésitera pas à se prostituer. La visite auprès d'une sorcière locale reste elle aussi sans effet. Ce n'est qu'après avoir fait l'amour avec un jeune homme, aux abords des chutes d'Iguassu situées au milieu de la forêt tropicale, à la frontière entre l'Argentine et le Brésil, qu'elle deviendra fertile. Seulement, après avoir tiré son coup et le diable par la queue, elle s'aperçoit que c'est par le Pombero qu'elle s'est faite violer, une espèce de lutin monstrueux et malin, issu de la mythologie guarani, son peuple d'origine...

 

 

Embrujada est un film tourné à deux têtes par des spécialistes en matière de sensualité et d'érotisme. L'Argentin Armando Bo commence sa carrière au début des années 50 avec une série de mélodrames alors à la mode, souvent moralistes, illustrant des histoires banales sur fond d'infidélité ("Sin familia", "El trueno entre las hojas", "Sabaleros" ...). De son côté, un peu plus jeune, le Brésilien Egídio Eccio, décédé de façon précoce à l'âge de 48 ans en 1977, choisit vers la fin des années 60 de voguer avec opportunisme sur la libération sexuelle. Il alterne alors, outre un film d'action sur fond de corrida ("O Matador"), les mélodrames et les films érotiques, les deux genres se fondant régulièrement en un. Ainsi, après le succès de cet Embrujada, il récidivera durant les années 70 avec "O Sexualista", "Fruto Proibido" et "Pintando o Sexo". De son côté et entre-temps, le producteur/acteur/scénariste Armando Bo s'est lui aussi spécialisé dans l'érotisme pseudo-moderne, devenant même une sorte de figure dans son pays, proche d'un Roger Vadim hexagonal, mais en décomplexé du gland. Il enchaîne donc les petites productions avec Isabel Sarli et en fait même, à l'instar de Vadim avec Bardot ou Jess Franco avec Lina Romay, son égérie : s'ensuivent une série de petites bobines exotiques telles que "Lujuria tropical", "La tentación desnuda", "Fuego", "Éxtasis tropical", "Fiebre" et donc, Embrujada. Les scénarios y sont le plus souvent à l'identique, les femmes y sont régulièrement nymphomanes, la faute à des hommes soit impuissants, soit homosexuels, soit les deux...

 

 

C'est d'ailleurs le cas de celui-ci puisque dans Embrujada la jeune indienne, sous le joug du fameux Pombero, a des visions révélatrices. Ainsi, en se baignant dans les chutes d'Iguaçu, non seulement elle se fait violer par notre cornu local, mais elle entrevoit des images de son mari en train de se faire sodomiser par un jeune play-boy aux allures de poney-maradonaïen bien monté. A partir de là, pourquoi serait-elle gênée à chercher semence dans l'infidélité, quand bien même ce serait avec le diable en personne...

Après tout, si en Europe nous avons, pour ce faire, le plombier, l'Amérique du Sud peut se targuer d'avoir le Pombero. Soit dit en passant, ce dernier, tout droit sorti des profondeurs mystérieuses des forêts pas si vierges d'Amérique Latine, possède tout de même une drôle de gueule. Mythe populaire, maléfique et tragique à la fois, il apparaît et disparaît dans l'imaginaire des populations. Ici, pour tout dire, l'impression faite au spectateur est que la très "mamellesque" Isabel Sarli se fait prendre dans les herbes hautes et folles par une vache qui rit à barbichette. A noter encore, pour le détail, que cette co-copulation argentino-brésilienne est cunilinguée en langue espagnole et non portugaise.

 

 

Attardons-nous encore un brin puis concluons enfin après ces préliminaires en cascade : Embrujada est l'unique film, parmi la trentaine du tandem Bo/Sarli, à verser dans le fantastique, voire l'horreur. Je ne parle évidemment pas là du dos de chameau de la bien jolie Isabel Sarli incitant à la tétée, encore moins de la protubérance de Miguel A. Olmos, inexistante, si l'on se fie au plan salace et désemparé de la première bobine. A noter aussi que ce n'est pas sans une certaine ironie qu'Armando Bo y fait jouer son fils Victor ("Deathstalker", "Barbarian Queen"), dans un rôle de bellâtre blond, avant de lui réserver un sort à double-tranchant...

Signalons encore que ce n'est pas, malgré sa nationalité, au rythme du tango que l'on y baise cash, mais à la samba les couilles rabattues.
Quoi qu'il en soit, les meurtres qu'on y trouve, la domination féminine proche d'une folie castratrice, peut se voir comme un équivalent d'un Russ Meyer sud-américain. Soit, un peu plus chiche et brouillon, moins inspiré formellement, mais relativement récréatif par rapport à son petit budget et son ambition très modeste.

 

 

Mallox

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