Enfer, L'
Titre original: L'inferno
Genre: Fantastique , Drame
Année: 1911
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Francesco Bertolini & Adolfo Padovan
Casting:
Salvatore Papa, Arturo Pirovano, Giuseppe de Liguoro, Pier Delle Vigne, Augusto Milla...
Aka: Dante's Inferno
 

Le poète Dante Alighieri entreprend un long voyage initiatique qui doit le conduire dans un premier temps en Enfer. Le début de son périple l'entraîne au coeur d'une sombre et sinistre forêt. Il aperçoit au loin le sommet de la colline du salut, qu'il envisage de gravir. Mais sa route est barrée par la présence de trois animaux sauvages symbolisant chacun un pêché : une panthère (avarice), un lion (orgueil) et une louve (luxure).
C'est alors que Béatrice, l'idéal féminin de Dante, descend du Paradis jusque dans les Limbes afin de demander au poète pieux Virgile de sauver Dante puis le guider dans les différents cercles de l'Enfer. Celui-ci accepte. Un voyage mouvementé fait de rencontres souvent inattendues attend les deux hommes, débutant par la traversée du fleuve Achéron, sur lequel Charon transporte les âmes défuntes.

 

 

L'Enfer est la première des trois parties de la Divine Comédie écrite par Dante Alighieri, considérée comme l'un des chefs-d’oeuvre de la littérature, connue et étudiée dans le monde entier. C'est également le premier grand texte a avoir été rédigé non pas en latin mais dans la langue toscane, base de l'italien moderne.
Les trois parties sont respectivement l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. L'Enfer est sous la domination de Lucifer, et composé de neuf cercles. Dans chacun de ces cercles vivent les humains ayant pêché.
Dante et Virgile parcourent les différents cercles de l'Enfer (seul moyen de sortir de la forêt), leur route formant une spirale qui descend jusqu'au centre de la Terre. Le nombre des damnés va en décroissant jusqu'au neuvième cercle, où l'on retrouve ceux ayant commis les plus graves pêchés.

 

 

Dante Alighieri (1265-1321), poète, écrivain et homme politique, est originaire de Florence. Il entame l'écriture de la Divine Comédie en 1306, pour ne l'achever que peu de temps avant sa mort. L'histoire raconte son voyage imaginaire avec Virgile (poète latin ayant vécu au premier siècle avant Jésus-Christ) qui lui servira de guide, avant d'être relayé par Béatrice, la jeune femme qui fut aimée par Dante et mourut à l'âge précoce de vingt-quatre ans. C'est elle qui guidera son aimé au Paradis.
Malgré la difficulté de l'entreprise, L'Enfer va être adapté au cinéma dès le début du XXe siècle. Un projet titanesque qui commença en 1909 par l'entremise de la société SAFFI-Comerio, établie à Milan, qui sera rebaptisée Milano Films l'année suivante. Le film sortira finalement en mars 1911, devant faire face à la concurrence d'une maison de production rivale (Helios Film) qui avait décidé elle aussi de sortir sa propre version de "L'Enfer". Mais cette dernière, d'une durée de quinze minutes, sera loin d'égaler la version de Milano Films. D'une durée de 65 minutes, L'Enfer version Padovan/Bertolini est considéré comme le premier long métrage réalisé en Italie. Composé de 54 scènes (débutant à chaque fois par un intertitre résumant les événements à venir), le film respecte dans les grandes lignes les écrits d'Alighieri narrés dans le Premier Chant ("L'Enfer" totalisant 34 Chants).

 

 

L'Enfer fut réalisé par le duo constitué de Francesco Bertolini et Adolfo Padovan (responsables la même année de "L'odyssée d'Homère"), avec la collaboration de Giuseppe de Liguoro. Ils s'inspirèrent des gravures de Gustave Doré, illustrateur/peintre/graveur français (1832-1883) qui avait illustré La Divine Comédie en réalisant 76 gravures d'après "L'Enfer", entre 1861 et 1868.
Le résultat à l'écran est époustouflant, surtout pour un film datant de cette époque. Et si l'on met de côté l'aspect répétitif de l'intrigue (Dante et Virgile quittent un lieu pour arriver dans un autre, et ainsi de suite...), on retient avant tout des trucages dans l'ensemble réussis rappelant ceux de Méliès, des scènes de damnés évoquant certaines toiles de Jérôme Bosch, une recherche plastique indéniable et l'apport de scènes tournées en extérieurs (les Alpes lombardes), ce qui était très rare en ce temps là. Pour résumer, L'Enfer est un spectacle visuel de tous les instants, un pari audacieux tant il paraissait a priori impossible de transposer les écrits de Dante Alighieri sur pellicule. Une tâche ardue, sans aucun doute, car après 1911 et aujourd'hui encore, aucune autre adaptation de La Divine Comédie n'a vu le jour au cinéma, si ce n'est par le biais de l'animation.

 

 

Flint



A propos du film :
(Par Mallox)

 

# La Helios Films ne faisait pas trop le poids à l'époque. Les principales firmes, celles qui faisaient l'ossature du système, étaient peu nombreuses et concentrées à Turin (l'Ambrosio) ou bien à Milan et à Rome (la Milano Films et la Cines). C'était les seules "entreprises" qui parvenaient à sortir alors 6 à 7 films par semaine.
La plupart du temps, elles n'étaient pas tout à fait concurrentes, en fait, chacune des grosses firmes avait son périmètre marchand et était tenue par des aristocrates...
La société SAFFI-Comerio et la Milano Films, sont finalement une seule et même firme. Ce sont le Baron Paul Ajroldi de Robbiate et comme directeur artistique, le comte De Liguoro, qui ont réinjecté de l'argent, mais l'entreprise est alors tout simplement agrandie et se fait plus ambitieuse.

# A l'époque on jugeait le fait qu'un film soit un long ou un court en mètres. S'il dépassait 1000 mètres de pellicule, c'était un long. Celui-ci en fit 1200 au final ! C'est du reste, LE film avec (et avant) "Quo Vadis ?" (1913) et Cabiria (1914) qui a transformé complètement la donne de l'appareil de production (studios à agrandir, délais et investissements plus grands). Idem, avant cet "Enfer", les films étaient soit des documentaires, soit des courts (même "les derniers jours de Pompéi", celui de 1908 !), mais dès lors qu'on a commencé à faire des "grands" films "d'art", on embauchait des compagnies théâtrales au grand complet. C'est d'ailleurs le cas pour L'enfer. Après ce film c'est devenu systématique, en tout cas pour ce qu'on nomme "l'âge d'or du cinéma italien" (en gros le boom allant de 1911 à 1914). Finalement, ils n'ont fait que reproduire ce que les Français, Allemands et Danois venaient de faire (le long-métrage). Et ça a marché !

# Le trait commun à tous ces films, ceux qui ont donc lancé le format long, c'est que ce sont tous des films gigantesques, avec d'énormes décors, des foules, des effets spectaculaires (en tout cas pour l'époque) et L'enfer respecte tous ces critères tant et si bien que la suite fut à l'avenant, de manière plus "historique", "Jerusalem délivrée" la même année (adaptée du poème du Tasse - Torquato Tasso - quant à lui), "La chute de Troie", idem en 1911, puis "Quo Vadis?", "Marc Antoine et Cléopâtre" puis aussi Cabiria qui fut donc à la fois l'apothéose et un peu la fin du grand spectacle systématique : ensuite ce qui a commencé à marcher en Italie, c'était souvent des drames mondains (qu'on appelait là-bas le "cinéma en habits".), des histoires d'amour et de mort se situant dans des salons mondains de la haute bourgeoisie : c'était des films qui répondaient parfaitement au contexte de guerre et au besoin d'évasion. Du coup, dès 1914, tous les réalisateurs ayant donné dans ces spectacles colossaux ou faramineux, se retrouvaient au générique de ces films plus "petits", les acteurs aussi. (Padovan, est passé à autre chose ensuite mais c'était l'époque alors des Pastrone, d'Annunzio, Emilio Ghione, etc.

# C'est accessoirement et quasiment la même année (1912) que débuta un certain Roberto Roberti (cherchez le père et vous trouverez Bob Robertson) avec "La tour de l'expiation", "La prison d'acier", "La vampira indiana", etc. en réalisant et en jouant le plus souvent le premier rôle de ses films, parfois des westerns, je le précise vu que, comme vous le savez probablement déjà, il s'agit du pseudonyme artistique de Vincenzo Leone, le papa d'un certain Sergio Leone (qu'on peut voir enfant dans "La bocca sulla strada" tourné en 1941 et un peu plus tard en 1950 en soldat américain dans "Il folle di Marechiaro")...


En rapport avec le film :

# La fiche dvd Bach Films de L'Enfer

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