Horde des Salopards, La
Titre original: Django Il Bastardo
Genre: Western spaghetti
Année: 1969
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Sergio Garrone
Casting:
Anthony Stephen, Lu Kamante, Teodoro Corra, Paolo Gozlino, Rada Rassimov, Jean Louis, Lucia Bomez...
Aka: Django le batard
 

Pendant la guerre de Sécession, trois officiers sudistes - Murdock, Ross et Hawckins - trahissent et provoquent la mort de leur régiment. Quinze années plus tard, Ross et Hawckins sont exécutés par un mystérieux inconnu. Murdock ayant appris la mort de Ross et Hawckins loue les services d'une bande de pistoleros chargés de le protéger. Il soupçonne la vengeance d'un survivant et, avec l'aide de son frère et de sa belle sœur, il va essayer de piéger le mystérieux inconnu.

 

 

Si les films de Sergio Leone ont incontestablement influencé le western italien et européen, une autre production tout a fait inattendue a aussi marqué de son empreinte le genre, il s'agit du Django de Sergio Corbucci. Une vraie mine d'or pour les producteurs qui donna naissance à toute une série de films autour du personnage. Certaines productions furent mêmes rebaptisées alors que le personnage n'y apparaissait absolument pas ! Les maîtres du genre étaient incontestablement les Allemands, avec pas moins d'une cinquantaine de titres alors que seulement treize films comportant le nom Django furent officiellement produits. Evidemment, comme c'est souvent le cas, le meilleur côtoie le pire et, parmi cette descendance aussi prolifique que bâtarde, Django Il Bastardo (le bien nommé) tire habillement son épingle du jeu, même s'il n'a que peu de rapport avec l'original.

 

 

Pourtant, par rapport à la plupart des autres "Django" dans lesquels ce dernier n'est plus qu'un traditionnel "bounty killer", on renoue ici avec le côté mystérieux et inquiétant du personnage, aidé par un Anthony Stephen (alias Antonio De Teffe, également auteur du scénario) qui se paye une vraie tête de cadavre ambulant. L'acteur brésilien exilé en Italie est devenu une vedette du genre en reprenant à son compte le rôle du flingueur énigmatique inauguré par le grand Clint et repris avec talent par Franco Nero. Il peaufinera son interprétation jusqu'aux limites de l'autisme dans une bonne vingtaine de productions dont trois Django : "Quelques dollars pour Django" (1966) ; Django El Bastardo (1969) et "W Django" (1972). L'acteur rencontre le réalisateur Sergio Garrone, un spécialiste du genre qui aujourd'hui est malheureusement catalogué comme réalisateur de seconde zone à cause de deux nazisploitations qu'il réalisera à la fin de sa carrière "SS camp 5 : L'Enfer des femmes / Roses rouges pour le Führer" (1980) et "SS Experiment Camp / Le camp des filles perdues" (1977). A l'époque, le réalisateur faisait preuve d'une grande maîtrise de la caméra et se permettait quelques délires visuels des plus plaisants. L'association des deux hommes donnera deux westerns intéressants et réussis malgré leurs nombreux défauts, ainsi La Corde au cou et La Horde des salopards sont de petites réussites mineures mais particulièrement jouissives grâce à quelques trouvailles bienvenues. Le plus apprécié et le plus connu des deux films reste La Horde des salopards, à cause de son atmosphère fantastique qui lui valut au cours des années une belle réputation. Mais ce sont les éditions DVD du film qui finirent par en faire un classique du genre. Dommage que l'acteur Anthony Steffen mourut en 2004 avant de profiter de ce regain de popularité.

 

 

Réalisé par un Sergio Garrone en pleine forme, le film n'est pourtant pas exempt de défauts : faux raccords à la pelle, utilisation intempestive de flashbacks, raccourcis narratifs, choix scénaristiques hasardeux censés relancer l'intérêt et le suspens (le héros jusque là invulnérable qui se fait soudainement blesser, par exemple.) Autre point négatif, un duel final décevant et particulièrement bâclé. Mais ces quelques scories n'entachent en rien les qualités du film à l'atmosphère fantastique parfois proche du film d'horreur. Dès les premières images, on se doute que quelque chose ne tourne pas rond, un inconnu (mal rasé) arrive dans une ville qui semble déserte et plante une croix au milieu de la rue, ensuite un affrontement classique entre deux hommes se transforme en un jeu de cache-cache surréaliste, le tueur attirant sa proie jusqu'à sa tombe. Le film abuse de ce genre de situations où l'acteur est filmé sous différents angles, disparaît subitement et même parfois se multiplie, comme dans la scène du cimetière : hallucination ou réalité ?

Outre son atmosphère, le script contient quelques idées bien senties : Django qui plante une croix avec le nom de ses victimes avant de les exécuter, ou les trois cadavres attachés sur leurs chevaux avec une croix. Les méchants font aussi preuve d'une certaine imagination dans la cruauté en inventant une sorte de balle au chasseur où la balle est remplacée par un bâton de dynamite.

 

 

Comme beaucoup de héros de Garrone, le personnage de Django est obnubilé par une soif insatiable de vengeance, qui est ici poussée à son paroxysme, faisant du héros une sorte d'ange de la mort qui va impitoyablement exterminer ses ennemis. Autre différence, le personnage féminin beaucoup plus cupide (il faut la voir remplir son corsage de billets !) et surtout un rien "putain" sur les bords. Malheureusement, l'interprétation bien fade de la (fausse) blonde Rada Rassimov (sœur d'Ivan) est loin de nous faire oublier la superbe Loredana Nusciak (Django), ni la belle Nicoletta Machiavelli vedette de l'autre western de Garrone/Steffen. Rada Rassimov est une habituée du genre : elle est apparue dans "le Bon, la Brute et le Truand" ; "Avec Django ça va saigner" (1968) et "Non aspettare Django, spara (1967)", mais elle sera plus appréciée dans des films comme Le Chat à neuf queues ou Baron Vampire.

Anthony Steffen est lui toujours aussi statique et monolithique (idéal pour son personnage) mais son interprétation semble avoir un effet inattendu en stimulant son partenaire Luciano Rossi en frappadingue de service qui semble obnubilé par l'élimination de son ennemi, son affrontement (non pas au pistolet mais via une corde) avec le héros sera un des grands moments du film. Luciano Rossi, spécialiste des rôles de cinglés et de tueurs, est hallucinant et parfois terrifiant, il sera la vedette d'une septantaine de films dont une vingtaine de westerns.

 

 

Tourné à l'économie, même si le film fait un peu moins campagne romaine que La Corde au cou, le film de Sergio Garrone sera sa plus belle réussite, grâce notamment à son scénario mélangeant fantastique et baroque, que le hasard d'un choix de carrière hasardeux a failli faire tomber dans l'oubli. Le film annonçait aussi, dans un sens, la mort du genre qui allait virer à la comédie, à la grande désillusion d'Anthony Steffen qui essaya de persévérer dans le sérieux. En tout cas, voilà un film qui ne laisse pas indifférent : on aime ou on déteste (souvent pour les mêmes raisons), à l'image de son duo de créateurs Antonio De Teffe et Sergio Garrone.

 

The Omega Man

 

A propos du film :


# Attention à ne pas confondre ce film avec celui de Tonino Valerii sorti en 1974 Une raison pour vivre, une raison pour mourir qui a aussi le même titre français "La Horde des Salopards".
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