House on Skull Mountain, The
Genre: Blaxploitation , Horreur , Fantastique , Sorcellerie
Année: 1974
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: Ron Honthaner
Casting:
Victor French, Janee Michelle, Jean Durand, Mike Evans, Ella Woods, Xernona Clayton, Mary J. Todd McKenzie...
 

Dans sa maison de Skull Mountain, Pauline Christophe reçoit les derniers sacrements en présence de sa femme Louette et de Thomas, son majordome. Pauline donne au prêtre quatre lettres et lui demande de les envoyer sans que personne ne puisse les lire. Elle sort ensuite une boîte remplie de poupées vaudou puis meurt. Deux jours plus tard, Lorena, l'une de ses arrière-petites-filles, arrive à Skull Mountain. Lors de son trajet, Phillipe, l'un de ses arrière-petits-fils, passe juste à côté et la force à quitter la route. Alors que Phillipe continue comme si de rien n'était, un crâne apparaît et disparaît devant sa voiture, le faisant à son tour quasiment quitter la route.

 

 

Au début des années 70 une singularité naît au sein du cinéma de genre américain et un sous-genre ethnique apparaît afin de revaloriser l'image de l'Afro-américain... Un sous-genre communément appelé blaxploitation (ou blacksploitation). Deux films majeurs sont considérés comme ayant posé ses bases : "Sweet Sweetback's Baadasssss Song" de Melvin Van Peebles ainsi que (et surtout) "Shaft" de Gordon Parks (produit par la MGM). À l'origine, ces productions s'adressent spécifiquement à un public noir mais, bien vite, le succès s'élargit à une audience plus large. Tous les genres sont alors exploités et, bien évidemment, le polar se retrouve en tête de gondole (la trilogie Shaft suivie de sa série télé, Black Caesar, Super Fly...), mais les arts martiaux ("Opération Dragon", "Black Belt Jones", tous les films avec Jim Kelly), le western ("Boss Nigger", La Chevauchée terrible), l'espionnage (Cleopatra Jones et "Cleopatra Jones and the Casino of Gold") sont également infiltrés. L'engouement est tel que des sous-catégories apparaissent même dans ledit sous-genre avec, en tête, une flopée de films campés par Pam Grier, constituant presque ce que l'on pourrait nommer la "Pamploitation" ("Foxy Brown", "Coffy", The Big Doll House, The Big Bird Cage, "Friday Foster", "Sheba Baby", "Black mama, white Mama" etc. Que des titres flirtant parfois avec le genre Women in Prison, qui témoignent de cet épiphénomène !). Cependant, c'est surtout le genre fantastique qui va permettre à cette blaxploitation de revisiter tous les mythes. Dracula ("Blacula" et" Scream Blacula Scream"), Frankenstein ("Blackenstein"), Dr Jekyll et Mister Hyde ("Dr Black, Mr Hyde"), L'Exorciste (Abby), le loup garou (Le Mystère de la bête humaine) ou les zombies (Sugar Hill) se voient donc illustrés en version "Black".

 

 

Le film de Ron Honthaner (réalisateur polyvalent pour la télévision) fait donc partie de ces relectures des différents mythes du fantastique et prend pour cible cette fois le genre "Maison hantée". Cependant, ce qui parait particulièrement singulier et troublant, ce sont ses influences scénaristiques qui s'éloignent de récents succès comme La Maison des damnés (The Legend of Hell House), sorti l'année précédente et distribué par le même studio. Au lieu de se focaliser sur l'aspect paranormal, le script opte pour le surnaturel propre au vaudou. Du coup, ce choix confère à The House on Skull Mountain une toute autre dimension et une tournure différente, presque inédite dans le genre, avec un whodunit intégrant cette même pratique du vaudou, cette "fantaisie" lui valant d'être régulièrement comparé à un épisode du dessin animé "Scooby-Doo". L'absence de scènes sanglantes, voire gores, ne faisant que renforcer la comparaison. Il est clair que si The House on Skull Mountain possède un indéniable côté vintage, il n'est absolument pas effrayant. Cela n'empêche pas certaines séquences d'être visuellement réussies : celles où le fameux crâne -qui donne son titre au film- apparaît dans le miroir de Lorena, la séquence de résurrection de Pauline sortant de sa tombe, ainsi et surtout une folklorique cérémonie vaudou !

 

 

À l'époque, la belle Janee Michelle est considérée comme l'une des plus belles actrices afro-américaines et perçue comme une future vedette, et fait d'ailleurs des apparitions dans divers médias, des émissions de télévision ainsi que des publicités. À l'écran, on peut la voir dans "Soul Soldier" (1970), The Mephisto Waltz (1970), "Scream Blacula Scream" (1973) (la séquelle de "Blacula"), mais c'est surtout The House on Skull Mountain qui la met le plus en avant. Dans les années 80, elle fonde avec son deuxième mari, Robert H. Tucker Jr., une société de conseil en gestion, grâce à laquelle elle devient une influente femme d'affaires de la Nouvelle Orléans.
Quant à Victor French (1934-1989), il a mené une belle carrière, sur le grand comme le petit écran, avec une nette prédilection pour le genre western dont on peut par exemple citer "Rio Lobo", "Charro", "Le Reptile", "Les Collines de la terreur" ou encore "Une poignée de Plomb", sans parler de séries comme "Bonanza" ou "Le Virginien". En dehors de cette belle carrière il sera aussi le fidèle partenaire de son ami Michael Landon, dans "La Petite Maison dans la prairie" comme dans "Les Routes du paradis".

Une belle affiche donc, pour un titre de roman de gare. Pour le reste, Ron Honthaner reprend les ingrédients, voire les clichés du film gothique. Nous avons donc droit à une héroïne déambulant en chemise de nuit et/ou peignoir, prête à hurler face au danger avant de s'évanouir dans les bras de quelque valeureux sauveur aristocratique (ici le chanceux Victor French).
Il est à signaler cependant que le script ne tombe pas dans le fréquent piège du racisme inversé, celui où le blanc serait forcément le méchant (grand classique de la blaxploitation) et propose même une jolie relation interraciale.
Quant au méchant évoqué, il semble sortir du "James Bondien" "Vivre et Laisser Mourir". Son but ultime étant de devenir le maître vaudou, il n'hésite pas à ressusciter son ancienne patronne afin qu'elle tue sa propre progéniture.

 

 

Malgré une caméra statique, des décors de studio (sûrement loués par l'équipe), des peintures sur verre visibles de manière assez flagrante ainsi qu'une esthétique très télévisuelle (on se croirait dans un épisode de Night Gallery), l'ensemble demeure assez plaisant et se suit sans ennui. Le fait est que l'on retrouve dans The House on Skull Mountain pas mal de qualités disparues depuis lors et reste empreint d'une touche de poésie, d'un zeste de volupté, de fraîcheur ainsi que, il faut en convenir, de pas mal de naïveté. Évidemment, pour certains cela pourra paraître ringard, mais quoi qu'il en soit, les amateurs de ce genre de spectacle trouveront qu'il n'y a aucun mal à se faire du bien !

 

 

The Omega Man



En rapport avec le film :

# Fait amusant, le manoir de "The House on Skull Mountain" existe bien et est situé à Atlanta. On l'appelle "Callanwolde" et il fut construit pour Charles Howard Candler, Président de The Coca-Cola Company. Aujourd'hui, le bâtiment est essentiellement destiné à accueillir des cérémonies événementielles telles que des mariages, des réceptions mais aussi parfois des tournages.

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