Foudres sur Babylone
Titre original: Le sette folgori di Assur
Genre: Peplum
Année: 1962
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Silvio Amadio
Casting:
Howard Duff, Jocelyn Lane, Luciano Marin, Gian Carlo Sbragia, Arnoldo Foà, José Greci, Stelio Candelli, Luigi Borghese, Nico Pepe, Omar Zoulfkar, Calisto Calisti...
Aka: 7th Thunderbolt / War Gods of Babylon
 

Le prophète Zoroastre recueille dans un village dévasté par la guerre une jolie orpheline, seule survivante d'un massacre, et l'emmène à Ninive. La beauté de Mirra a tôt fait de séduire le jeune frère du roi Sardanapale, le fougueux Shamash. Ce dernier demande à Mirra de le suivre à Babylone, dont il doit devenir roi. Mirra accepte, bien qu'en son for intérieur elle soit irrésistiblement attirée par Sardanapale et sache que le monarque n'est pas insensible à son charme. Mirra monte sur le trône de Babylone avec son époux, Shamash. Le traître Arbacès assassine son souverain et s'arrange pour que les soupçons accablent Sardanapale...

 

 

Après la deuxième guerre mondiale, l'Italie reprend goût au péplum, bien aidée par les Américains qui viennent tourner leurs films épiques à Cinecitta ("Ben-Hur", "La Tunique", ...). Nous sommes en pleine vague de film "historiques" basés sur des personnages célèbres (Hannibal, Cléopâtre, Messaline, Attila, ...) ou des événements connus (la chute de Carthage, Pompéi, ...), mais bien vite un courant plus mythologique apparaît. En effet, malgré quelques tentatives (Ulysse, Théodora, ...), nos amis transalpins ont du mal à rivaliser avec les studios hollywoodiens. Ils ajoutent donc des ingrédients pour élaborer d'autres recettes : de là naissent le "Muscle opera" et le "Péplum mythologique".
En 1960, la proportion entre "Mythologie" et "Historique" était encore de moitié-moitié mais l'année suivante la proportion passe à un tiers - deux tiers en faveur du courant "mythologique". Une proportion qui ne fait par la suite qu'augmenter... En 1962, le "Muscle opera" est à son apogée et l'on peut compter alors plus d'une trentaine de productions aussi diverses que variées : "Vulcan, fils de Jupiter", "Maciste à la cour du Cheik", "La Vengeance du colosse", "Maciste contre les monstres", "Maciste en enfer", "Ursus le rebelle", etc. Le courant "Historique" résiste cependant avec quelques productions comme "Les Derniers jours d'Herculanum", Jules César contre les pirates, "Cléopâtre, une reine pour César", "La Bataille des Thermopyles", etc.

 

 

Le péplum est un genre ultra codifié, même géographiquement et chronologiquement, les histoires se déroulent de préférence dans la Rome, la Grèce ou l'Égypte antiques, mais certains n'hésitent pas à se délocaliser. L'Asie et l'Orient sont des destinations exotiques assez prisées, avec une préférence pour la Mésopotamie et surtout la ville de Babylone. "Hercule contre les tyrans de Babylone", "Les Esclaves de Babylone", Le Retour des Titans" (Goliath and the Sins of Babylon), "Sémiramis, esclave et reine", etc. Foudres sur Babylone fait partie de cette tendance : le script se base sur l'histoire vraie de Sardanapale alias Assurbanipal, dernier grand roi d'Assyrie (669 à 627 av. J.-C).
À noter que si le péplum a connu un vrai succès international (Asie, États Unis, Allemagne, ...) il a aussi souvent souffert de "trahisons" dans la traduction du titre italien vers d'autres langues, comme c'est le cas de Foudres sur Babylone dont la traduction du titre original Le sette folgori di Assur serait (Les Sept éclairs d'Assur), Assur étant le dieu tutélaire Assyrien. De plus, la cité qui se trouve au centre de l'intrigue n'est pas Babylone (même si elle est citée de nombreuses fois) mais bien Ninive ! Les distributeurs français et anglais ont préféré Babylone, considérée comme une valeur plus sûre.

 

 

La présence de Howard Duff au générique est presque une énigme ! Il faut déjà se souvenir de l'acteur même si sa tête paraît familière. Après avoir débuté dans les films noirs de Don Siegel ("Ici Brigade criminelle"), Jules Dassin ("La Cité sans voiles") ou Fritz Lang ("La Cinquième victime"), le bonhomme apparaît dans presque toutes les séries télé allant des années soixante à quatre-vingt ; des plus connues (Le Virginien, Bonanza, Batman, ...) aux plus oubliées (qui se rappelle de "L'Immortel" avec Christopher George, de "Shaft" ou de "Matt Helm" ?). Il campe même le premier rôle de deux séries : "Dante" et "Mr. Adams and Eve" avec sa femme, l'actrice et réalisatrice Ida Lupino.
Jocelyne Lane (souvent confondue avec Jackie Lane, qui a joué Dorothea "Dodo" Chaplet dans la série "Doctor Who") est née en 1937, en Autriche. Au début des années cinquante, la jeune femme déménage en Angleterre où elle devient mannequin puis actrice. Au milieu des années soixante elle part aux États-Unis. Ainsi l'actrice mène dès lors une carrière assez éclectique dépendant des genres, de l'époque et des pays où elle se trouve. Lors de sa période anglaise, elle tourne beaucoup de coproductions et se retrouve à l'affiche, entre autres, de "Les Exploits d'Ali Baba", "La Vengeance du colosse", Robin des Bois et les pirates. Une fois en Amérique, elle alterne séries télé (Les Mystères de l'ouest, Les Agents très spéciaux, ...) et cinéma, notamment dans un film avec Elvis : "Chatouille-moi" (Tickle Me). Elle finira par épouser le Prince espagnol Alfonso de Hohenlohe-Langenburg.
Si Howard Duff n'est pas un spécialiste du genre, il est par contre entouré de seconds couteaux confirmés comme Luciano Marin. Certes l'Italien n'a pas le palmarès de son aîné, mais il est déjà un vétéran du genre avec des titres comme "Hercule à la conquête de l'Atlantide (1961)", "Les Tartares (1961)", "Les Horaces et les Curiaces (1961)", "Le Géant de Thessalie" (1960), "Toryok" (1960), "La Charge de Syracuse" (1960)". Idem pour la belle José Greci qui illustrera de sa beauté nombre de films de genre : "Ben-Hur", "La Vengeance des barbares", "Romulus et Remus", "Maciste contre les géants", "Les Derniers jours d'Herculanum"," Ursus le rebelle", "Le Retour des titans", "Goliath et le cavalier masqué", "Les Dix gladiateurs", "Dans l'enfer de Gengis Khan", "La Vengeance des gladiateurs" ou "Sept gladiateurs rebelles".

 

 

Pendant la glorieuse époque du péplum tout le monde est appelé à participer à "l'effort de guerre". Certains en profitent même pour gagner leurs galons de réalisateur tandis que d'autres exécutent servilement les instructions. D'autres encore y voient l'occasion de se faire plaisir. Au vu du résultat, on peut considérer que Silvio Amadio (1926-1995) fait partie de cette dernière catégorie. Il a commencé sa carrière comme assistant réalisateur à la fin des années cinquante en réalisant "Les Loups dans l'abîme", un film de sous-marin. Quant à Foudres sur Babylone, ce sera son seul péplum. Par la suite, il se spécialisera dans le giallo ("Les Biches suédoises", À la recherche du plaisir, Il Sorriso della Iena, "Il Medium") et la comédie avec "Comment faire cocus les maris jaloux", "Les Polissonnes excitées", "Il medico... la studentessa", ...

 

 

Alors que le péplum traditionnel italien est éclipsé par les culturistes, Foudres sur Babylone se montre assez étonnant autant par sa forme que par le fond, le réalisateur n'hésitant pas à prendre le contre-pied du genre : il laisse de côté les intrigues simplistes dominées par un héros doté d'une force physique surhumaine, quoiqu'il sacrifie à certains codes classiques (le méchant barbu, la jolie starlette). Le scénario, plus riche et substantiel qu'à l'usuel, remplace le héros par une multitude de personnages qui se trouvent mêlés à d'impitoyables luttes intestines pour le pouvoir. Les coups bas, les quiproquos et les jalousies parsèment le film au point que le réalisateur fait passer les batailles et le siège de la ville au second plan. Cela n'entame en rien le côté spectaculaire, le final nous réservant une impressionnante séquence d'inondation que Silvio Amadio délègue à Antonio Margheriti (Les Derniers Jours d'un empire) ainsi qu'une étonnante chasse aux lions où de vrais fauves sont poursuivis par des chars antiques !
Ce qui frappe aussi dans Foudre sur Babylone, c'est ce sentiment d'opulence et de gigantisme que le réalisateur réussit à faire passer malgré un budget limité. Visuellement, le film s'offre quelques séquences somptueuses et lyriques dont la richesse de détails et de couleurs est impressionnante. Un lyrisme qui n'empêche pas certains penchants sadiques (l'un des premiers rôles y est même décapité au milieu de bobine, la tête sur un pic) et une violence latente ; à ce sujet, il est à noter que l'histoire débute par un massacre et finit par un suicide collectif ! Dans le genre, on peut franchement parler d'une petite réussite. En plus Foudres sur Babylone est disponible dans une copie à couper le souffle qui rend hommage au travail du réalisateur. En somme, il s'agit d'une petite merveille à (re)découvrir !

 

 

The Omega Man

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