House of clocks, The
Titre original: La Casa nel tempo
Genre: Horreur
Année: 1989
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Lucio Fulci
Casting:
Keith Van Hoven, Karina Huff, Paolo Paoloni, Bettina Milne, Peter Hinz, Al Cliver...
 

Un vieux couples d'horlogers semblent vivre dans une paisible harmonie au sein de leur immense demeure, lorsque trois jeunes délinquants viennent afin de la cambrioler. Ce qui n'est pas prévu se produit et le cambriolage tourne alors au massacre, le vieux couple étant assassiné. Les horloges s'arrêtent et leur mouvement s'inverse, le temps semble remonter et les cadavres d'hier reviennent à la vie...
Et bien voici une agréable petite surprise que ce Fulci de la dernière période. Certes, je ne vais pas le survendre et si on le compare à ses grandes réussites du genre, c'est évidemment bien en dessous, ceci étant dit, dans sa dernière période de créativité, celui-ci dépareille quelque peu.
Précisons cependant qu'il s'agit d'un film tourné pour la télévision, né d'un projet commun avec le sieur Umberto Lenzi, projet qui comprendra au final quatre films prenant le thème assez vaste de la maison hantée et des phénomènes surnaturels et trashs s'y déroulant, Fulci s'attelant ensuite à "La dolce casa degli orrori", tandis que Lenzi pond successivement "La casa del sortilegio" et "La casa delle anime erranti". Je n'ai pas vu les trois autres films de la série, mais celui qui nous préoccupe ici n'est pas sans être empreint d'un certain humour noir à tendance british qui à la fois surprend de la part du réalisateur romain, mais en plus du fait que l'histoire soit quelque peu plus fouillée qu'à l'accoutumée (un détail en fait), recèle son petit lot de surprises et de rebondissements grand-guignolesques sympathiques.

 

 

Les défauts y sont légion bien sur et ce qui m'a fait bondir dès l'entame du film, c'est cette maison qui ressemble tellement à la villa Niçoise des "Fantômes de Sodomes" que j'aurai juré que c'était la même, et pour le coup me suis interrogé sur le côté "Cormanien" de cette petite production, dans le sens ou ce dernier utilisait souvent les mêmes décors pour des films complètement différents, bien que le plus souvent dans ses déclinaisons des adaptations d'Edgar Poe. Je ne suis pas allé vérifier si la maison était en effet la même ou non, car là où je me suis arrêter dans ma comparaison avec Corman, c'est celui-ci livrait des histoires différentes arrivant assez souvent à mystifier son spectateur avec ses mêmes lieux, sa même équipe technique et ses mêmes acteurs. Ici, ce qui ne fait pas le poids et choque un peu, c'est que Fulci dans son postulat non seulement ne renouvelle absolument rien (ce qui fait aussi paradoxalement son petit prix tant pour cette fois le réalisateur ne semble n'avoir de prétention sinon de s'effacer davantage au profit de son intrigue), mais surtout ne semble de prime abord qu'un décalque de ses "Fantômes de Sodomes", qui lui-même sera calqué à nouveau dans "Demonia".
On change les Nazis spectraux par un couple de vieux horlogers, que l'on fait mourir pour se réincarner en fantômes, on fait venir une bande de jeunes qui sera contrainte malgré elle, enfermée qu'elle est dans la vaste demeure, ceux-ci auront des visions puis se feront trucider l'un après l'autre par les revenants, puis comble du comble, tout comme dans les "Fantômes de Sodomes" se réveilleront comme si de rien était. A ce niveau de "décalcomania" aiguë il est impossible de parler de variation sur un même thème, mais plutôt à nouveau de flemme devenue quasi-chronique, syndrome du livreur de chez Fedex qui peu concerné, vient vous balancer un colis urgent de porcelaines de collection comme un sac de vieilles sapes qu'on balance dans une benne de la croix rouge.
Petit plus néanmoins au niveau scénaristique, en tentant de ne rien dévoiler de la fin, que l'on devine cependant aisément, les fantômes sont dans "La casa nel tempo", hantés eux-mêmes par d'autres fantômes et l'idée ma foi est pas mal. Elle est originale, peu ou pas vue, et permet de donner au film sa légère dimension humoristique en plus de faire doublement rebondir une intrigue très légère, limite volatile.

 

 

Là où le film est sympathique aussi, c'est dans sa petite peinture des petits vieux aux allures si charmantes qu'on leur donnerait le bon dieu sans confession. C'est ici que réside d'ailleurs le côté le plus british du film. Voir l'homme s'approcher de la fenêtre, regarder le petit oiseau venu picorer là avec une tendre lueur enfantine dans les yeux pour finalement donner un petit coup de tapette bien ajuster sur le petit cui-cui, pour le donner ensuite à manger au chat qui semble coutumier du fait, accourant alors alléché par l'odeur. Le voir aussi serviable ensuite avec une aussi grande gentillesse, fait vraiment sourire. Pareil pour la vieille dame, qui s'occupe délicatement des deux cadavres que le couple cache avec un amour presque passionnel qui ne se dément jamais dans ses relations aux autres, notamment avec les jeunes, avec lesquelles elle n'est on ne peut plus accueillante.
Les jeunes justement parlons-en, sont carrément décérébrés, et sont le grand point faible du film. Leurs dialogues sont ridicules et eux-mêmes ne ressemblent que trop à des ectoplasmes physiques et mentaux. Il n'y a rien à sauver de ce côté-là, et on devine le vieux romain derrière, faisant fumer des joints à ces protagonistes, mais bien trop reclus sur lui-même pour que ces scènes là ne ressemblent qu'à une caricature d'adeptes de tournante empétardée, tant ça sonne faux. On voit bien qu'il n'en a que faire de ces jeunes voyous et qu'ils ne sont là uniquement comme des pantins uniquement voués à se faire découper. Chacun des trois acteurs semble disputer à l'autre la palme de la médiocrité, et ce procédé que l'on retrouve du reste énormément à ce jour au sein du genre, avec ses tas d'étudiants plus cons les uns que les autres, plombant alors d'entrée tout enjeu dramatique, tant le processus d'identification est impossible.
C'est bien de ce défaut là qu'il s'agit déjà là. Il n'est pas neuf, soit, et Fulci n'a pas été le premier à le pratiquer, mais je ne viendrais pas l'excuser pour autant, surtout lorsque ça vient d'un vieux lascar très averti comme ce maestro vieillissant, qui n'a non seulement jamais été dupe de la qualité du cinéma qu'il livrait mais qui plus est, pouvait fut un temps, mettre quatre jours pour tourner une simple scène de cercueil au sein de l'immense "Frayeurs", ou même une semaine pour une tempête d'asticot pour le même film. Non, Fulci, c'est évident, n'a plus la même ardeur à la tâche. L'être a des tendances à l'amertume, et peut-être se venge t-il aussi, ce n'est cependant pas acceptable et celui-ci est indéfendable là-dessus.

 

 

Je passe vite sur des invraisemblances comme ces pendules dont les aiguilles se mettent à s'inverser dans leur rotation à une vitesse qui ne correspond pas du tout au timing de la résurrection des morts, mais qu'importe puisque les tenanciers y sont des acteurs inspirés et sympas comme tout, ils font passer la pilule, tout comme Al Cliver ("Contraband" / "Le Chat Noir" / "Frayeurs" / "2072, les Mercenaires du futur"...) qui est ici parfait en jardinier borgne tout comme l'inquiétante servante jouée par Carla Cassola ("Demonia").
Là où il y a des restes de la splendeur passée c'est dans le soin apporté à la photographie et Fulci contrairement à beaucoup d'autres (et c'est aussi ce qui le met au dessus) a toujours tenté de dépasser les limites budgétaires souvent restreintes, (pour le meilleur et pour le pire) en se reposant sur le graphisme de ses films. La photo est ici comme depuis quelques années déjà à forte tendance surexposée, en même temps que pour le coup, plutôt splendide.
De nombreuses scènes émergent régulièrement dans ce téléfilm qui l'élève bien au dessus de ce que l'on était en droit d'attendre. Ces trois dobermans carnassiers en triangle dans la propriété embrumée bien que courte, offre un flash splendide. Les extérieurs de la vaste demeure donne une vraie dimension dans ses clairs-obscurs "flashies" proche des bonnes vieilles outrances graphiques giallesques, la salle au cercueils est très belle et recèle davantage une ambiance cérémoniale plus proche du mariage que de l'enterrement, et les couloirs sont des lieux qui cachent le plus souvent les ombres de la mort, tant ils sont excellemment photographiés et filmés. A noter que Nino Celeste ("Opération Casseurs" alias Napoli Violenta) en est le responsable.
La partition musicale due à Vince Tempera ("Paganini Horror"), n'est en revanche pas terrible terrible, à moins que l'on ai envie de se taper un petit moment de "Kitcho-boîtes" à rythme post eighties attardé avec ses vieux relents de Felix potin sur le point de fermer.

 

 

Du coup, et puisque le groupe de jeunes prend par trop souvent le dessus au sein du film, le monopolisant même lors de longues scènes sans intérêt, d'intermèdes bécotinesques imbéciles, de fausses peurs venues d'un film de Jim Gillepsie ("souviens-toi l'été dernier") que Fulci aurait été chercher à travers le temps grâce aux horloges de son film, on accouche alors d'un film juste moyen, tant d'un côté, c'est vraiment bien, tant de l'autre... c'est vraiment nase. Légèrement au dessus du niveau qu'un "Chat Noir" finalement.

 

Note : 5,5/10

 

Mallox
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