Sadique, Le
Titre original: The Sadist
Genre: Survival , Thriller
Année: 1963
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: James Landis
Casting:
Arch Hall Jr., Helen Hovey, Richard Alden, Marilyn Manning, Don Russell...
 

John Tibbs est un sadique. Un tueur implacable. Il aime torturer, humilier et tuer tous ceux qui croisent son chemin. Accompagné de sa petite amie Judy, il prend en otage trois personnes dans une casse de voitures. Un huis-clos morbide commence...
Apparemment, ce petit film tourné pour presque rien se targue d'une sulfureuse réputation outre atlantique, due sans doute au sujet et aux libertés que le métrage a pu prendre envers la morale et la censure de l'époque. On pouvait espérer que cette petite bande fauchée garde après tant d'années toute son efficacité. Malheureusement, il faut bien avouer que là ce n'est pas tout à fait le cas. Pourtant le sujet était des plus prometteurs et surtout assez innovant pour l'époque, faire s'affronter trois citadins à un être malfaisant ; le tout filmé dans un décor inhabituel et en temps réel. On peut se douter qu'abattre un homme d'une balle en plein visage et peloter une femme dans la poussière pouvait choquer un public encore vierge de la violence et de l'horreur qui était encore l'apanage de certaines productions. Cette recherche de la provocation et de l'effet choc à tous prix est aussi la faiblesse du film, car ce dernier bouscule volontiers les conventions sans jamais aller au bout de sa démarche.

 


L'autre gros problème vient du fameux "Sadist" alias Charlie, interprété par Arch Hall Jr dont le physique et la démarche rappelle les gorilles de "La planète des singes". Grimaçant avec sa voix crispante, il devient vite plus agaçant que terrifiant. Ce personnage caricatural va se retrouver en face de trois beaux spécimens stéréotypés de l'"American way of life" des années soixante période Kennedy. Trois enseignants composés d'Ed, un beau musclé ancien militaire, de Carl la figure paternelle et le membre le plus âgé du groupe, et de Doris la blonde timide et coincée en opposition à la brune désinhibée qui accompagne notre anti héros. Tout ce beau monde se retrouve donc à l'arrière d'une station service isolée sous un soleil de plomb, tous les ingrédients sont alors réunis pour commencer le massacre ; car bien évidemment il ne pourra en rester qu'un(e), comme dirait l'autre. Pour le pauvre Charlie, la présence de ces trois enseignants est une aubaine, lui qui hait cette société qui le rejette se voit offrir sur un plateau trois de ses plus beaux représentants : deux poulets à saigner et une belle dinde à...

 

 

Pour Charlie et son alter ego féminin Judy c'est l'occasion de pouvoir libérer leurs pulsions les plus méprisables. Ils vont donc prendre un malin plaisir à agresser leurs proies aussi bien physiquement (la mise à mort très symbolique et pénible du plus âgé qui perd toute dignité) que psychologiquement (comme déchirer les billets du match, un sacrilège en Amérique). La pauvre Doris sera le bouc émissaire idéal du couple, surtout envers Charlie pour qui elle représente à la fois le désir (car elle incarne une certaine féminité absente chez Judy) et la haine envers tous les enseignants qui l'ont brimé. Elle subira donc moult humiliations de la part du couple : souillée, agressée ou vilipendée par divers comportements comme agiter devant elle une bouteille de coca de manière obscène (presqu'un viol aux yeux de la pauvre enseignante). Le réalisateur utilisera souvent ce genre de parallèle équivoque et fétichiste notamment lorsque Charlie observe l'enseignante avec concupiscence, le réalisateur ne fixe non pas sa poitrine ou son postérieur mais bien ses escarpins (accessoire féminin fétichiste par excellence), sans parler de la manière dont le tueur exhibe frénétiquement son arme. Inexorablement, dans cette atmosphère moite et violente, le nombre des protagonistes va diminuer de manière inquiétante jusqu'à l'ultime face à face, comme si le destin réservait le meilleur pour la fin. Rassurez vous, le réalisateur n'ira pas jusqu'au bout de la provocation et réservera aux deux amants diaboliques le sort qu'ils méritent. Un petit face à face avec quelques sympathiques reptiles pour Charlie, tandis que sa compagne sera stupidement abattue par son amant, qui, aveuglé par un jet d'essence, l'a confondu avec l'une de ses victimes. La morale est donc sauve, la brave Doris aura ainsi préservé son postérieur d'un sort peu enviable. Dommage !

 

 

Le casting reste assez honnête, même si à certains moments la plupart des protagonistes ont tendance à surjouer. Par exemple, lors de la première apparition du couple maudit, nos trois citadins réagissent comme s'ils tournaient dans un film muet. Mais c'est surtout le personnage de Judy qui marquera les esprits, une lolita perverse impeccablement interprétée par Marilyn Manning (qui ressemble étrangement à l'actrice Frances McDormand). Il est regrettable que son rôle ne soit pas plus exploité. Un personnage sûrement inspiré par le "Lolita" de Kubrick, sorti l'année précédente, et qui servira d'exemple à bien d'autres garces.
Malgré ces nombreuses maladresses, le film de Landis possède quelques atouts non négligeables. Techniquement, on remarquera une splendide photographie noir et blanc de Vilmos Szismond (Délivrance, Rencontres du Troisième Type, The Deer Hunter... ). Mais c'est surtout la réalisation assez moderne de Landis qui surprend agréablement. Une réalisation efficace qui multiplie les points de vue (utilisation de la caméra subjective) et dynamise les quelques moments forts du film, comme la mort de Judy, l'exécution de sang froid de Carl, ou la mort héroïque de Ed devant le regard effrayé de Charlie qui pour une fois ressent la peur... Rien que pour ces moments le film mérite qu'on y jette un oeil.

 

The Omega Man
 
A propos du film :
 
# Pour l'anecdote, le film s'est très librement inspiré des exploits de deux jeunes tueurs en série à la fin des années 50 ; Charles Stark-Weather et Caril Fugate, âgés respectivement de 19 et 14 ans au moment des faits. Une histoire qui inspira aussi le mythique "Badland / La Ballade Sauvage" de Terence Mallick. Evidemment, on est ici très loin du duo romantique Sheen / Spacek.

# A noter que la voie off entendue au début et à la radio pendant le film est celle du papa de l'acteur principal Arch Hall Sr.
 
En rapport avec le film :
 
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