Un Dimanche noir
Titre original: Dark Sunday
Genre: Vigilante
Année: 1976
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jimmy Huston
Casting:
Earl Owensby, Monique Proulx, Phil Laner, Ron Lampkin...
 

Un pasteur d'une petite ville américaine gangrenée par la drogue et la violence tente de sauver des adolescents de ce fléau. Un jour, un jeune dont il s'occupe décide de dénoncer son dealer. La bande de ce dernier l'apprend et le tue, ainsi que la famille du pasteur qui est quant à lui laissé pour mort. Celui-ci se réveille à l'hôpital, muet et boiteux, et commence à exécuter les trafiquants de sa ville...

 


Film d'exploitation méconnu, Dark Sunday est un bon exemple des productions ricaines de l'époque qui exploitaient pour notre plus grand plaisir le filon de l'autodéfense (urbaine ou rurale) : sombre, violent, pessimiste et misanthrope sont des adjectifs inhérents à ce genre. Le film repose sur un principe simple : un homme bon, poussé à bout, décide de se lever seul contre la criminalité. Dans Un Justicier dans la ville Bronson est un démocrate, dans "Vigilante" Robert Forster est un ouvrier refusant le recours aux milices privées de son quartier, dans I Spit on your grave / Oeil pour oeil Camille Keaton est une femme, écrivain de son état, new-yorkaise et libérale ; ici Earl Owensby est un pasteur dont la femme est tuée à bout portant, dont un des fils se retrouve paralysé après l'agression par les dealers et qui est lui-même criblé de balles.

Il s'en sortira handicapé et muet (on pense à la justicière de They Call her one eye de Bo Arne Vibenuis qui se vit crever un oeil par ses bourreaux, également au pasteur noir revanchard du terrible Otages en sursis tourné un an plus tard). On peut considérer que ces films sont une réponse individualiste à la mentalité hippie collectiviste qui était celle de ces années 70 libertaires, cependant malgré les apparences ces films faisant l'apologie de l'individu sont libertaires à leur manière : on refuse l'ordre moral de la société, la justice, le respect de la vie humaine, le pardon et nombre de valeurs judéo-chrétiennes. Cet état d'esprit est poussé à l'extrême dans certaines oeuvres de Peckinpah, dans "Taxi drive"r puis, dans un autre genre, dans Exterminator.

 

 

Si Un Dimanche noir ne possède évidemment pas la classe ni la force des films précités il reste un métrage intéressant à plus d'un titre : l'exécution de la famille du pasteur et des enfants qui l'accompagnent à la pêche (!) est redoutable, le réalisateur nous montre avec complaisance ces innocents (femme, enfants, homme de Dieu) se faire massacrer au magnum 44 par des tueurs presque débonnaires. Aussi, et l'amateur exigeant appréciera, les rues sont bien filmées, on y sent à plein nez la violence, la saleté et la décadence...


Dans cet univers déshumanisé - qui a au moins le mérite de ne pas être totalement aseptisé comme c'est le cas de nos sociétés aujourd'hui - les seuls compagnons du pasteur-justicier sont une prostituée plutôt jolie, un policier et une sorte de curé clochard aveugle et alcoolique. Un dimanche noir est un film sur les exclus, sur l'injustice : un dealer noir sapé comme un roi fume ses cigarillos et paye des tournées dans un bar alors que le pasteur rumine sa misère tout seul devant son verre. Jimmy Huston ne tombe pas dans le racisme bête et méchant, ce noir est le seul dealer de couleur de l'histoire. Cela dit comme dans beaucoup de films américains il est bien le premier à se faire exécuter, qui plus est dans les toilettes, ce qui met à mal ma (naïve ?) précédente réflexion...

 


Puisqu'on parle des exécutions du pasteur, il faut reconnaître que ces dernières sont sacrément bien foutues pour la plupart : on vide son chargeur sur un "méchant" attaché à un arbre qu'on a au préalable tiré de son lit d'hôpital, on fabrique une baïonnette en fixant un cran d'arrêt sur sa canne, on noie un dealer en lui plongeant la tête dans les chiottes etc...


Le réalisateur s'en prend aussi à la police avec un flic ripou qui dirige plus ou moins une équipe d'hommes corrompus à la solde des mafieux locaux. Le seul qui s'en sortira, alors que c'est lui qui avait vendu la mèche du gamin prêt à dénoncer son dealer... Jimmy Huston croit en l'être humain autant que les Français au respect du nouveau plan anti-tabac !
Une belle cassette plutôt rare éditée en 1984 par CVD - puis reprise en 1988 par MPM avec une jaquette ignoble - qui a sa place au milieu de ses grands frères que sont "Vigilante" et Un Justicier dans la ville.

 

 

Xawa
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