Petit truand bolognais, Valli est spécialisé dans le racket des commerçants. Les mauvais payeurs se voient plastiquer leur affaire par les hommes de Valli, ceux-ci ne se refusant aucun cadavre. Le commissaire Grifi, révolté par les agissements de ces bandits et poussé par ses supérieurs à mettre fin au massacre décide de créer des brigades spéciales pour neutraliser Valli et sa bande.
Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr, des truands qui plastiquent des lieux publics et Bozzuffi qui met en place des brigades spéciales composées d'hommes à motos, tous excellents tireurs, bagarreurs et cascadeurs. "Section de choc" ! Le film de Dallamano ayant remporté un certain succès, un quasi-remake est tourné un an plus tard par Domenico Paolella, réalisateur principalement connu dans les années soixante pour quelques films de pirates et une poignée de peplums, rien de folichon donc. Pourtant, dans la seconde grande vague de polars brutaux qui déferlaient sur l'Italie d'alors, Equipe spéciale tire plutôt bien son épingle du jeu. Paolella mise tout sur la violence et la noirceur, la crédibilité n'étant pas l'enjeu principal (trois truands sortent vivants d'une voiture qui explose après un carambolage). On est pourtant loin des délires visuels des films de Lenzi ou Castellari, Paoella n'ayant pas leur savoir-faire, ni celui de Dallamano qui s'en sortait mieux avec "Section de choc". Les fusillades sont moins impressionnantes, moins folles, même si on flingue et tabasse à la pelle. Le discours est en revanche toujours sécuritaire, comme dans beaucoup de productions de l'époque, surtout celles de la deuxième moitié des 70's. Ici, les bombes tuent d'innocents commerçants qui se lèvent tôt le matin pour travailler et des policiers qui laissent derrière eux des familles, Bozzuffi se demande si le respect des libertés démocratiques passe par la légalité, bref tout ceci est très manichéen et le final est encore plus direct. Alors qu'il s'apprête à arrêter Valli, le commissaire Grifi est désarmé et passé à tabac par des citoyens qui souhaitent s'occuper eux-mêmes du gangster. On a ainsi droit à un incroyable lynchage populaire mené tant par des jeunes filles que des grands-pères ! La justice des hommes ne passe plus par la loi, ni même par des flics expéditifs. Final impressionnant mais abject -et techniquement assez raté- qui tente de surfer sur l'état d'exaspération de nos amis italiens lors des années de plomb.
Hélas, la version d'Equipe spéciale qui circule en France est coupée de ses moments les plus corsés, et cela se voit à l'écran : l'égorgement d'un témoin dans une chambre d'hôpital et une castration passent ainsi à la trappe. Il n'empêche que la dureté du propos est toujours présente à travers notamment les exactions de Valli, truand psychopathe d'une cruauté saisissante interprété par Vittorio Mezzogiorno, qu'on ne verra guère dans le bis italien, ce dernier ayant souvent du se contenter de séries TV. La vhs du film, encore aisée à dénicher sur la toile, n'aide certes pas à apprécier Equipe spéciale à sa juste valeur mais le plaisir de retrouver l'excellente musique de Cipriani et le grand Marcel Bozzuffi est là. Ce dernier était d'ailleurs un habitué des meilleurs poliziotteschi, le saignant La guerre des gangs et l'Autre côté de la violence de Martinelli en témoignent. Pour la petite histoire, Equipe spéciale est à notre connaissance resté inédit en salles, ce qui n'était pas le cas du susnommé L'autre côté de la violence, un must hystérique, ultra-violent et salace qui promenait sa caméra dans les pires bidonvilles de Rome mais aussi à deux centimètres du corps d'un truand écrasé par un bus... Et qui lui est resté inédit en vidéo ! Des dvd made in France de ces perles du polar transalpin (L'autre côté de la violence = invisible, Equipe spéciale = censuré ) seraient une bonne nouvelle...
Xawa
