Survivant d'un monde parallèle, Le
Titre original: The Survivor
Genre: Fantastique
Année: 1981
Pays d'origine: Australie
Réalisateur: David Hemmings
Casting:
Robert Powell, Jenny Agutter, Joseph Cotten, Angela Punch McGregor, Peter Sumner...
 

Keller (Robert Powell) commandant à bord d'un 747 est victime d'un crash dans lequel les 300 passagers meurent. Le voici seul à sortir étrangement indemne de la catastrophe. Il n'aura de cesse alors, de comprendre les circonstances qui ont menées à cet accident fatal. Rôdant tout d'abord hébété autour de l'épave encore brûlante, ce dernier sondera la carcasse pour trouver la raison de la survie. Aucune explication tangible ne semblera exister. Assez vite et avec l'aide d'une jeune femme (Jenny Agutter) il commencera à élucider le mystère de sa survie, puis s'apercevra petit à petit qu'il est comme les autres passagers, devenu une âme égarée en quête de repos. Pour trouver celui-ci il lui faudra retrouver le fil des évènements qui l'ont amené au drame.

 

 

A revoir ce Survivant d'un monde parallèle on comprend finalement assez mal qu'il n'ait jamais eu ni les faveurs des critiques, ni l'audience qu'il aurait à mon sens mérité à sa sortie. Sans doute la mauvaise presse a t-elle fait en son temps son effet sur le spectateur potentiel, toujours est-il que c'est dans des salles à demie vides que celui-ci fut projeté.
Certes, certains lui ont souvent reproché de n'être pas assez fidèle au roman de James Herbert dont il est adapté avec entre autres des descriptions gores absentes du film, c'est pourtant un bon spectacle que livre ici en 1981 David Hemmings dont ce n'est du reste pas le premier film. Celui-ci en a déjà tournés quelques uns lorsqu'il s'attelle au projet sans compter ses contributions en tant que producteur pour des films de qualités comme le très bon et trop méconnu La mort d'un prof tourné en 1970 par John MacKenzy. Ainsi dès 1972 il tourne son premier film "Runing Scared", passé aux oubliettes et dans lequel il fait jouer son copain Robert Powell que l'on retrouve ici et à qui il donnera même la réplique plus tard peu avant The Survivor, dans Harlequin du pitoyable Simon Wincer. Il faut dire que le réalisateur n'a pas trop eu de chance avec la distribution de ses films puisque la plupart sont restés inédits en France lorsqu'il ne sont pas sortis quelques années après leur production, ainsi "Just a Gigolo" tourné en 1979 mais exploité chez nous en 1985. On oublie trop souvent également ses implications ailleurs comme dans les excellents Traqués de l'an 2000 pour n'en citer qu'un.

 

 

C'est en 1981 à la tête d'un projet au budget moyen mais plus ambitieux qu'à l'accoutumée qu'il se retrouve, armé d'un casting de qualité, dont le déjà cité Robert Powell, Jenny Agutter qu'on a déjà pu voir dans les L'âge de cristal et Dominique du faiblard Michael Anderson, mais aussi dans l'excellent "Equus" de Sidney Lumet. C'est une actrice issue d'une formation classique qui a finalement contribué au genre fantastique le plus souvent avec talent, ce qui est à nouveau le cas ici. On a d'ailleurs souvent reproché la faible interprétation de ses acteurs, il n'en est pour ma part rien du tout. Autant elle que Powell semblent ici impliqués au plus haut point et portent sur leurs épaules le film, à la construction certes, légèrement bancale. Il convient de signaler à ce titre qu'il semblerait manquer dix minutes au montage initial, dix minutes qui peut-être, cela reste bien sûr hypothétique, manquent pour parfaire la cohésion de l'histoire ici mise en image. Ainsi il est étonnant de constater quelques revirements un peu trop subites dans la quête de vérité et de passé proche du commandant Keller, ce dernier d'un plan à l'autre acceptant une thèse pour le moins singulière alors qu'il la réfutait formellement juste avant. Passé ce léger handicap et pour revenir aux acteurs ici présents, c'est dans les rôles secondaires que la bât blesse un poil. Ainsi la prestation en retrait du très estimable Joseph Cotten n'est pas à la hauteur. Celui-ci ne semble absolument pas convaincu de sa raison d'être là, et on le sent fatigué, usé et pour tout dire, ailleurs, sans doute tourné lui-même vers la mort et ce sera ici son dernier film pour des raisons de santé, même s'il ne décèdera finalement qu'en 1995. Ceci a même quelque chose de touchant quand on connait l'immense carrière du bonhomme et la filmographie immense qu'il laissa derrière lui. Passant par les metteurs en scène classiques les plus reconnus de Welles à Hitchcock et ayant oeuvré en fin de carrière, souvent en Italie mais surtout la plupart du temps, dans des oeuvres à priori plus mineures et en tout cas de série B, puisque ne trouvant plus de rôles aux Etats-unis comme beaucoup d'autres acteurs pourtant talentueux de sa génération. Ainsi on le verra dans "Le Baron Vampire" de Bava, "Le continent des hommes poissons" de Martino, "S.O.S. Concorde" de Deodato mais aussi dans "Guyana, la secte de l'enfer" de René Cardona Jr.
Bref, il est l'un des maillons faibles du film si j'ose dire, mais on ne lui en tiendra pas rigueur.

 

 

Et puis Le survivant d'un monde parallèle tient avant tout sur la très bonne tenue de sa mise en scène aidée par ses choix graphiques et sonores qui, même dans les moments faibles, parviennent à tenir le film à flot, soutenir un intérêt assez constant avec de nombreux passages forts, et ce qui finalement emporte l'adhésion, c'est une ambiance parfaitement installée qui ne se dément jamais. C'est avec beaucoup de soin et en cinémascope que David Hemmings tourne ici, et The survivor offre quelques tableaux véritablement beaux, comme notamment cette épave autour de laquelle graviteront un peu tous les protagonistes, ses flashs somptueux avec des images de petites filles courant dans la prairie, des gros plans nocturnes sur Jenny Agutter avec le drame en train de se rejouer en arrière plan avec une photographie livrée par John Seale absolument somptueuse. Celui-ci oeuvrait déjà sur l'un des premiers film de Brian Trenchard-Smith et on le retrouvera en tant que directeur de la photographie un peu après sur des films comme "Witness", "The Hitcher" jusqu'aux plus récents "Harry Potter" ou "Poseidon", pour ne citer qu'eux et mesurer le chemin parcouru. Sa photographie tout comme la formidable partition de Brian May ("Patrick"/ "Mad Max"/ Les Traqués de l'an 2000), parfois à la limite de l'expérimental, réussissent l'exploit de créer une tension permanente à un film qui il est vrai sans elle, en manquerait certainement et concourent ainsi grandement à sa réussite. Ils pallient largement à la déficience d'un scénario recélant quelques trous narratifs ainsi qu'à d'autres défauts mineurs évoqués ci-dessus. Somme toute, Le survivant d'un monde parallèle reste une oeuvre à redécouvrir en plus de demeurer un bon film, statut qu'on a jamais vraiment voulu lui accorder. Il est peut-être temps de réparer cette injustice.

 



Mallox
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