Patrick Still Lives
Titre original: Patrick vive ancora
Genre: Horreur
Année: 1980
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Mario Landi
Casting:
Mariangela Giordano, Carmen Russo, Andrea Belfiore, Sacha Pitoëff, Gianni Dei, Paolo Giusti...
Aka: Patrick Is Still Alive
 

Cinq personnes ont été invitées au "Herschell Wellness Resort", un établissement de soins luxueux appartenant au Professeur Herschell (Sacha Pitoëff) : Stella Randolph (Mariangela Giordano), très portée sur le sexe et l'alcool, et accompagnée de son garde du corps Peter Suniak ; Cheryl et Lyndon Cough (Carmen Russo et Franco Silva), une ex call-girl et un politicien influent membre du Parlement ; et enfin David Davis (Paolo Giusti). Ils sont tous accueillis par la secrétaire du Pr Herschell : Lydia Grant (Andrea Belfiore).

En dehors de ces personnes résident également dans cette vaste résidence quelques chercheurs assistant Herschell, et Meg la gouvernante. Mais dans une chambre située dans un laboratoire secret vit aussi Patrick, le fils du Professeur Herschell. Le jeune homme est dans le coma suite à une agression gratuite dont il a été victime alors qu'il se trouvait au bord d'une route en compagnie de son père. Depuis ce drame, Herschell maintient son fils en vie, dans un état végétatif, se livrant sur lui à des expériences dans le but de lui conférer des pouvoirs psychokinésiques. Pour cela, le scientifique dispose de trois cobayes humains plongés eux-aussi dans le coma. L'énergie drainée sur les trois sujets permet à Patrick d'utiliser ses pouvoirs, à base de télékinésie et d'hypnose. Mais le fluide obtenu par les sujets demeure insuffisant. Tel un vampire en manque de sang, Patrick doit tuer afin d'exercer ses talents pour le moins particuliers.

 


"Patrick still lives" est l'un des meilleurs exemples du cinéma d'exploitation partant d'un scénario grotesque et débouchant sur un festival de mauvais goût particulièrement jouissif pour le spectateur fan d'eurosleaze, selon un terme emprunté à nos amis anglo-saxons. On y retrouve les ingrédients traditionnels du clan Bianchi, qu'il s'agisse de Mario avec "Satan's Baby Doll" ou d'André avec "Malabimba" ou "Le Manoir de la Terreur". Ce terrain familier n'est pas forcément dû au hasard. Le responsable de ce faux remake du "Patrick" de Richard Franklin, Mario Landi, qui a essentiellement travaillé pour la RAI, avait déjà réalisé l'année précédente un giallo bien déviant, "Giallo a Venezia", qui parvient à surclasser dans le genre des oeuvres comme "The Sister of Ursula" ou "Play Motel", tournées à la même époque. Du clan Bianchi, Landi a repris l'une de leurs actrices attitrées : Mariangela Giordano, mais aussi le compositeur Berto Pisano, qui a signé les B.O. de "Nue pour l'Assassin", "Malabimba", "Giallo a Venezia" et "Le Manoir de la Terreur".

 


L'époque où Mario Landi enchaînait les "Maigret" avec Gino Cervi est très loin. Le lien avec le film de Franklin est également très éloigné, le cinéaste ne reprenant que le thème du personnage développant des pouvoirs paranormaux dans un état comateux. Pour le reste, le moins que l'on puisse dire est que l'intrigue, basée sur un scénario de Piero Regnoli ("Des Filles pour un Vampire") s'avère autant brumeuse que foireuse. Regnoli, voilà un autre point commun avec la Bianchi Corporation. L'homme étant avant tout un scénariste, on lui doit entre autres les scénarios de, je vous le donne en mille… "Malabimba", "Le Manoir de la Terreur" et "Satan's Baby Doll".

Concernant ce "Patrick still lives", la trame atteint des sommets de surréalisme. Les causes de l'accident du Patrick en question sont expédiées en… 22 secondes ! Record battu en matière de teaser, papa et fiston sont en panne de voiture, une bagnole arrive, on voit un bras balancer un objet depuis une vitre, et Patrick qui hurle, le visage ensanglanté. Point barre. Vengeance, acte gratuit ? On ne le sait pas, et on ne le saura d'ailleurs jamais.

 


En effet, l'arrivée des cinq invités dans la résidence (le cadre choisi, à ce propos, servira peu de temps après pour "Le Manoir de la Terreur") reste assez floue. Il est d'abord question d'établissement de soins et de relaxation, puis de centre soignant les phobies. Plus tard, il apparaît que les protagonistes ont tous des choses à se reprocher (un tel est dealer, une autre prostituée, etc…). Et pour finir, tous se seraient trouvés dans le véhicule (avec une sixième personne également présente sur les lieux) au moment du drame, alors qu'en fait, la plupart d'entre eux ne s'étaient jamais rencontrés avant de se retrouver dans l'établissement du Professeur Herschell.

Bref, tout cela n'est guère sérieux, mais peu importe, puisque l'intérêt, avant tout, et comme le rappelle le producteur Gabriele Crisanti dans une interview, était de réaliser un produit purement commercial, répondant à l'attente du public. Mission parfaitement accomplie, puisque le cocktail sexe + horreur atteint ici des sommets. Les meurtres sont magistraux, fortement graphiques, avec un type brûlé dans une piscine dont l'eau se met à bouillonner, un autre pendu par un crochet, une décapitation par le biais d'une vitre électrique de voiture, une femme dévorée par deux bergers allemands, et cerise sur le gâteau : l'exécution de Mariangela Giordano, empalée par un tisonnier lui entrant dans le vagin et ressortant par la bouche. A ce propos, Crisanti déclare qu'à l'origine, l'actrice devait mourir différemment. Mais, suite à une dispute, le producteur a décidé de modifier la scène, pour se venger (bassement) de Miss Giordano. Un changement dont le spectateur ne se plaindra certainement pas.

Niveau érotisme, le quota est également plus que rempli. Pas de scènes d'amour ennuyeuses, fort heureusement, mais un trio d'actrices déambulant à longueur de temps dans le plus simple appareil : Mariangela Giordano, donc, mais aussi la fort plantureuse Carmen Russo ("Le Porno Killers"), et la très jolie Andrea Belfiore, à qui l'on doit la meilleure scène. Hypnotisée par Patrick, elle se rend dans sa chambre, se déshabille, vient se frotter contre son lit, puis s'allonge sur un sofa pour une séance de masturbation intensive. Par la suite, on ne verra que très rarement cette actrice dans des rôles majeurs, si ce n'est dans le "Bella da morire" de Bruno Mattei. Andrea Belfiore a également écumé les concours de Miss, posé pour des photographes, tourné dans des spots publicitaires et poussé la chansonnette. Elle possède un site internet officiel. Carmen Russo, quant à elle, se reconvertira en animatrice de shows télévisés.

 


Le reste du casting est moins prestigieux, Gianni Dei était déjà la vedette de "Giallo a Venezia", Paolo Giusti a tourné dans quelques films mineurs comme "L'Infirmière de l'Hosto du Régiment", et on a pu apercevoir Franco Silva dans "Spasmo". La vraie star masculine du film est bien évidemment Sacha Pitoëff. Cet acteur suisse talentueux a notamment joué dans l'excellente série télévisée "La Poupée Sanglante". On l'a vu aussi dans le "Inferno" de Dario Argento.

En résumé, "Patrick still lives" est une oeuvre extrême, on ne peut plus mauvaise dans le fond (scénario bâclé et stupide), mais parfaitement réussie dans la forme, si l'on est amateur de bis et fan de "sexploitation". Un must dans le genre !

 

Flint

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