Dossier : Angel I-IV
Écrit par The Omega Man   

 

 

 

Angel
Angel Killer (Italie)
Angel - Straße ohne Ende (Allemagne)

Genre : policier
Année : 1984
Origine : USA

Réalisateur : Robert Vincent O'Neill
Producteur : Donald P. Borchers
Scénario : Joseph Michael Cala et Robert Vincent O'Neill
Musique : Craig Safan
Image : Andrew Davis
Accroche : C'est combien ?

Distribution :
Cliff Gorman (Lt. Hugh Andrew) ; Susan Tyrrell (Mosler) ; Dick Shawn (Mae) ; Rory Calhoun (Kit Carson) ; Donna Wilkes (Molly "Angel" Stewart) ; John Diehl (le tueur "Billy Boy")

Résumé :
La jeune Molly est une étudiante modèle, mais dès la nuit tombée, elle devient Angel, l'une des nombreuses prostituées qui arpentent les trottoirs de Sunset Strip. Depuis peu, un tueur en série semble s'en prendre aux filles de joie...

 

 

Au début des années 80, je me souviens des polars où l'ambiance était chaude et les mecs se promenaient le Smith & Wesson à la main et le regard froid, Bronson venait de reprendre son rôle fétiche de justicier, Clint signait son meilleur Dirty Harry, Wings Hauser tabassait les prostituées dans Vice Squad, même Bébel jouait au "Marginal", le genre était en plein essor et la mode des Buddy Movies ("L'Arme Fatale" & Co) n'avait pas encore envahi les écrans, bref on pouvait encore tout se permettre, ce que Robert Vincent O'Neill n'a pas hésité à faire. Aujourd'hui ce genre de fantaisie est réservée aux films d'auteurs cannois (voir "Jeune & Jolie") qui font la joie des festivaliers pervers, mais les aficionados de la VHS et des salles de quartier vous le diront, un film comme Angel c'était du pain bénit, au point que le film est devenu un incontournable des vidéoclubs, coincé entre The Exterminator et "Flashdance" (aucun rapport mais c'était un gros succès à l'époque !).

Récemment, Brian De Palma revenait avec nostalgie sur cette époque où l'on pouvait avec un peu de culot et une idée un tant soit peu accrocheuse trouver des producteurs et réaliser un film. En effet, qui oserait encore à l'heure actuelle miser quelques kopecks sur cette histoire de jeune fille abandonnée par son père puis par sa mère (ce qui pourrait sembler beaucoup pour certains) qui devient une prostituée et se recompose une famille au milieu de la faune bigarrée de Sunset Boulevard ? Un vieux travelo, un vieux cowboy, sa logeuse et sa meilleur amie, une autre prostituée sont ses nouveaux parents. C'est le meurtre horrible de cette dernière qui va entraîner Molly vers la rédemption mais aussi la vengeance. Ça tombe vraiment bien car la petite a tapé dans l’oeil d'un policier qui a décidé de l'aider à quitter le trottoir.
Reliquat d'une époque révolue où on osait presque tout, mais en restant dans une certaine moralité (la petite semble avoir évité les MST et la drogue), "Angel" reste un film emblématique, grâce notamment à une affiche un rien tendancieuse et une recherche quasi documentaire mais largement romancée de la vie d'une jeune prostituée, bref on n'est pas à une contradiction près en condamnant la vie dissolue de la petite, tout en la cautionnant du coin de l’oeil (c'est pour survivre mec !), on est quand même dans du cinéma d'exploitation.

 

 

Malgré ce traitement un rien faux cul, il ne faut pas croire que le racolage est présenté comme une occupation sans danger, comme le prouve le personnage de "Billy Boy" un tueur en série pas très net qui accumule une sacré collection de déviances, notamment un gros penchant incestueux additionné à une tendance marquée pour la nécrophile ! Un tueur bien déglingué interprété par John Diehl dont c'est l'un des premiers rôles importants. L'acteur reconnaissable à sa bouille caractéristique, est l'un de ces seconds couteaux solides qui écument le cinéma américain depuis des années. Presque un sacerdoce pour un acteur inconnu mais que tout le monde a déjà vu car sa filmographie compte plus d'une centaine d'apparitions à la télévision (notamment un rôle récurrent dans "Miami Vice") comme au cinéma ("Jurassic Park III", "Stargate", Le Droit de tuer / "A Time to Kill"), à 65 ans il continue bien sagement sa carrière. A ses côtés, Donna Wickles, vous la connaissez tous : c'est la fille qui n'arrêtait pas de hurler dans "Les dents de la mer, 2e partie" / "Jaws 2" ! Il en fallait pas plus pour qu'elle devienne une actrice culte, mais son rôle d'étudiante prostituée va entériner ce statut, le tout renforcé par la platitude de sa filmographie. Incontestablement, Donna aura marqué définitivement le cinéma de genre : avec sa petite frimousse et ses couettes elle réussira à faire croire aux spectateurs qu'elle à peine quinze ans, alors qu'elle en avait déjà vingt cinq ! Par contre le vieux cow-boy est interprété par un vrai vétéran, Rory Calhoun, un vieux routier du cinéma (1922-1999), dont le western était le genre privilégié : il en tournera une vingtaine, le plus souvent des série B (réalisées par Albert Band notamment), ce qui ne l'empêchera pas de côtoyer Marilyn Monroe dans "La rivière sans retour" ("River of No Return" - 1954). Il sera aussi la vedette du "Colosse de Rhodes" le péplum de Sergio Leone.

 

 

Avec un sujet aussi racoleur, on aurait pu s'attendre à quelques excès (imaginez un réalisateur italien avec un sujet pareil !) mais le réalisateur préfère esquisser quelques portraits de marginaux naviguant autour de l'héroïne. Abandonnée par sa mère à l'âge de douze ans, la petite fille donne le change à tout le monde en faisant croire que sa mère est gravement malade et en se cachant là où personne n'aurait l'idée de la chercher. Sur le boulevard entre les artistes de rues, les acteurs de seconde zone, les travelos, Molly a trouvé une nouvelle famille en attendant que l'un de ses géniteurs rentre au bercail. Pour gagner sa croûte elle racole comme une professionnelle, mais un inspecteur de police trop zélé, une assistante sociale et un tueur en série vont foutre le bordel (!) dans la vie bien réglée de Molly.
Le réalisateur empiète sur les plates bandes de Gary Sherman et de son Vice Squad /Descente aux enfers (normal vu que Robert Vincent O'Neill est l'un des auteurs du scénario), dont il reprend les principaux personnages : le flic, la pute et le tueur. Seule la manière d'aborder le thème est quelque peu différente et s'éloigne par moments du polar pur et dur pour flirter avec le drame ou la comédie, ce qui n'empêchera pas un final dans les règles de l'art ou la jeune Molly, calibre 44 au poing et jupette affriolante, se met à traquer le tueur en pleine rue, le tout photographié par Andrew Davis, futur réalisateur de "Le Fugitif", Réaction en chaîne, "Sale temps pour un flic" ou "Piège en haute mer" et rien que pour ces quelques minutes le film en vaut vraiment la peine !

 

 

A l'époque, le film qui avait coûté 3 millions de dollars en rapporta presque 17,5, battant la super production "Supergirl" (14,3 millions), la guerre des petites jupettes aura donc eu raison de la kryptonienne !

 

 



Angel II, la vengeance / Avenging Angel
Angel Killer II : La vendetta (Italie)
La Vengeance d'Angel (Canada)

Genre : policier
Année : 1985
Origine : USA

Réalisateur : Robert Vincent O'Neill
Producteur : Sandy Howard
Scenario : Joseph Michael Cala et Robert Vincent O'Neill
Musique : Christopher Young
Image : Peter Lyons Collister
Accroche : C'est reparti pour un tour !

Distribution :
Betsy Russell (Molly "Angel" Stewart) ; Rory Calhoun (Kit Carson) ; Susan Tyrrell (Solly Mosler) ; Ossie Davis (Captain Harry Moradian) ; Robert F. Lyons (Lt. Hugh Andrew) ; Ross Hagen (Ray Mitchell)

Résumé :
Grâce à son ami le lieutenant Andrew, Molly Stewart a quitté les bas quartiers pour étudier le droit en vue de devenir avocate. Lorsqu'elle apprend qu'Andrew s'est fait assassiner, elle redevient Angel et part à la recherche du meurtrier.

 

 

Le succès surprise du premier film au box office, entraînera inévitablement une suite. Le script se déroulant quelques années après les événements du premier opus, la production décide de changer de ton et d'interprète. C'est Betsy Russell qui aura le difficile privilège de reprendre le rôle de Molly pour cette séquelle. Mission largement réussie pour l'actrice qui, sans faire oublier sa consœur, nous propose une alternative : le changement de ton du film qui lorgne vers le polar urbain en effaçant une partie du côté scabreux de l'original permet à l'actrice d'offrir une interprétation plus mature et une plus large gamme d'émotions (finie la moue boudeuse de petite fille).
Le visage de Betsy Russell vous semble peut être familier ? Normal, si l'actrice a abandonné sa coupe de cheveux de l'époque et semble avoir subi quelques opérations, elle est devenue aujourd'hui une "mature" canon que vous avez pu voir dans la franchise "Saw" puisqu'elle apparaît dans les opus III à VII.

 

 

Après le meurtre de son protecteur, Molly décide de le venger et retourne tortiller du croupion sur le boulevard retrouvant par la même occasion ses amis (Kit Carson, Mosler, etc.), mais cette fois pas question de racoler, on est là pour la bonne cause et on va sortir l'artillerie lourde. Le matériel publicitaire du film va d'ailleurs exploiter à fond ce côté fétichiste sexy + flingue et pour bien montrer cette rupture de ton, le film démarre par une fusillade au fusil à pompe, pas toujours bien filmée c'est vrai (on voit les poches de faux sang sur une des victimes !) mais toujours efficace. Le pauvre lieutenant Andrew (interprété cette fois par un autre acteur) se retrouve donc au milieu d'une fusillade alors qu'il intervenait pour sauver une de ses collègues. Pas de chance, le pauvre est abattu mais un témoin a tout vu. Angel et ses amis décident de le retrouver mais les tueurs sont aussi à ses trousses. Angel découvre alors qu'une bande de truands essaye de faire main basse sur la rue. Lors d'une poursuite, le petit groupe réussit à mettre la main sur le fils du grand patron mais, pas de chance, ce dernier se fait descendre !

 

 

Moins racoleur que le précédent (fini le côté tendancieux de la petite fille en socquettes) le réalisateur signe cette fois un vrai polar avec tous les ingrédients incontournables du genre (fusillade, course poursuite, etc.), un changement de ton qui ne fut pas du goût de tout le monde : le film ne récoltant cette fois que 5,6 millions de dollars de recettes. Par contre, comme beaucoup de séries B de l'époque, le film fit une belle carrière en vidéo. Il faut bien avouer que les photos publicitaires (Betsy Russell en mini jupe, flingue à la main) et une affiche des plus explicites ont bien aidé le film à devenir un incontournable des vidéoclubs.
Angel 2 est le genre de série B dont il ne faut surtout pas se priver, c'est un petit plaisir coupable sans danger où la belle héroïne dégaine plus vite que son ombre, cette dernière interprétant une sorte de Némésis urbaine, alternant les modèles de revolver du plus petit (caché dans sa jarretière) au calibre 12, l'un des méchants la qualifiant même de "professionnelle" (il ne croyait si bien dire !). Mais loin de la bimbo décérébrée, Molly a depuis étudié le droit, nous offrant une scène assez cocasse où, après son arrestation par la police lors d'une descente pour racolage, elle citera carrément un article de loi lui permettant, elle et ses collègues de sortir ! Autre scène cocasse, la mort d'un des méchants, défenestré après avoir glissé sur un sol savonneux, ce qui change quelque peu de la routine du genre.

 

 

Voila un excellent film qui offre une belle alternative aux polars urbains un rien misogynes, un beau rôle de femme assez rare dans le genre et qui manque encore cruellement !

 

 

 

Angel 3 / Angel III: The Final Chapter
Angel killer III - Ultima sfida (Italie)
Le Retour d'Angel (Canada)

Genre : policier
Année : 1988
Origine : USA

Réalisation et scénario : Tom DeSimone
Musique : Eric Allaman
Image : Howard Wexler
Accroche : Un dernier pour la route

Distribution :
Maud Adams (Nadine) ; Mitzi Kapture (Molly) ; Mark Blankfield (Spanky) ; Kin Shriner (Neal) ; Richard Roundtree (Lt. Doniger) ; Anna Navarro (Gloria) ; Susan Moore (Pam)

Résumé :
Angel est désormais photographe indépendante à New York. Le passé semble être oublié pour elle jusqu'à ses retrouvailles inattendues avec sa mère. Cette dernière la prévient du danger que court sa soeur avant d'être elle-même assassinée...

 

 

Molly a fait bien du chemin depuis le premier opus, elle est devenue photographe et semble mener une vie normale, mais à l'instar d'un Paul Kersey ou d'un Harry Callahan c'est toujours un vrai cimetière ambulant ! En effet, à peine a-t-elle retrouvé sa mère qui l'a abandonnée que celle ci explose dans sa voiture ! Cependant tout n'est pas morose puisque Angel apprend aussi l'existence d'une jeune soeur... Petit problème, cette dernière est une call girl qui travaille pour Nadine, interprétée par l'ex-James Bond girl Maud Adams ("Octopussy"), qui se demande ce qu'elle peut bien faire là (et nous aussi) ! Angel repart donc en guerre avant que sa soeur ne soit échangée à des trafiquants contre de la drogue... Exit les personnages folkloriques des deux premiers épisodes, Molly fera cette fois équipe avec un acteur de seconde zone (qui se déplace dans une voiture de marchand de glace !) et son petit ami. Grosse différence avec les deux premiers épisodes, le film ne fait qu'une petite incursion dans la rue (Molly en profite pour humilier un proxénète un peu trop entreprenant), avant de s'intéresser au monde du cinéma porno (ne pas rater l'audition hilarante de Molly et Spanky chez un producteur) et des call girls, le tout en étroite relation avec un trafic de drogue.

 

 

Gros changement puisque le créateur de la série n'est plus aux commandes et a laissé sa place à Tom DeSimone, ancien réalisateur de porno gay passé au cinéma d'exploitation avec quelques réussites ("Concrete Jungle", "Hell Night", etc.), DeSimone aligne son quota de poitrines dénudées et de scènes faussement chaudes voire carrément tièdes (surtout on garde sa petite culotte !). Heureusement, le réalisateur s'en sort mieux dans les scènes d'action comme l'inévitable fusillade final où ça flingue à tout va, mais sans jamais la moindre inspiration : la mort du méchant par exemple (empalé sur un crochet de grue) est vaguement inspirée par le "Cobra" de Cosmatos (on cherche ses références où on peut). On est bien loin des deux premiers opus !
Mitzi Kapture ("Les dessous de Palm Beach", "Alerte à Malibu", "Les feux de l'amour") est donc la troisième interprète d'Angel. Il faut bien l'avouer, l'actrice a du mal à faire oublier ses deux consoeurs, mais sa frimousse et ses coiffures improbables la rendent des plus sympathiques. On notera aussi la présence de ce bon vieux Shaft alias Richard Roundtree qui, la même année, fit une apparition dans "Maniac Cop" et de l'infatigable Dick Miller, acteur fétiche de Roger Corman, Joe Dante et autres John Landis.

 

 

La série s'essouffle sérieusement et cet épisode n'apporte rien, que du négatif à force de vouloir accumuler les retournements de situation, une maman apparaît d'un côté puis disparaît avec une petite sœur en bonus, on frôle le ridicule.





BONUS


Angel 4: Undercover
Angel 4: Assault with a Deadly Weapon
Undercover Angel (G.B)
L.A. Angel - Deadly Revenge (Allemagne)

Genre : policier
Année : 1994
Origine : USA

Réalisateur : George Axmith alias Richard Shenkman
Scénario : Dode Levenson, Frank Chance

Avec
Darlene Vogel (Molly Stewart) ; Shane Fraser (Piston Jones) ; Samantha Phillips (Jade) ; Mark DeCarlo ; Kerrie Clark ; Peter Jurasik ; Patrick Kilpatrick ; Roddy McDowall.

Résumé :
Molly travaille comme photographe pour la police. Lorsqu'une de ses anciennes amies prostituées est assassinée, elle reprend l'identité d'Angel et s'infiltre dans le milieu rock en se faisant passer pour une groupie...

 

 

Intitulé "The Final Chapter" l'opus trois n'est pas le dernier puisqu'il existe cet Angel 4: Undercover produit par Miramax et qui se paye le luxe d'avoir le visuel le plus racoleur de la série ! Sorti uniquement en VHS et Laserdisc (il existe aussi un DVD néerlandais) le film est une petite rareté qui s'échange à des prix prohibitifs, ce qui en fait une curiosité, surtout qu'il n'est pas repris dans le coffret Angel.
Le peu que j'ai pu voir sur You Tube ne fait guère illusion, le film étant produit essentiellement pour profiter du côté sulfureux des premiers épisodes. Inutile de préciser que l'affiche n'a rien de commun avec le film. Pâle remake du troisième opus (qui n'était déjà pas terrible) dont il reprend l'intrigue, délaissant le monde du porno pour celui des métalleux drogués et obsédés sexuels. Cette fois, Molly est photographe pour la police travaillant avec le service légiste, elle va donc infiltrer le milieu de la musique. On flirte avec le n'importe quoi et ça commence déjà mal avec un générique hideux, la suite ne vaut guère mieux et la fin frise carrément le ridicule avec la méchante qui s'empale sur une guitare électrique !

 

 

Darlene Vogel n'a pas le charme de ses consœurs mais fait illusion. A ses côtés, dans l'un de ses derniers rôles, on retrouve Roddy McDowall ("La Planète des singes"), l'acteur fait vraiment pitié et a l'air bien fatigué et malade. Dans le rôle de son bras droit, cette sale gueule de Patrick Kilpatrick ("Dernier recours") égal à lui même, est le seul à vraiment tirer son épingle du jeu.
Richard Shenkman, le réalisateur est un touche à tout qui s'est illustré dans tous les domaines, il peut réaliser des documentaires érotiques ("Playboy: Playmates in Paradise"), une comédie musicale kitch avec Vanessa Williams ("A Diva's Christmas Carol"), un drame ("October 22") ou une comédie horrifique ("Abraham Lincoln Tueur de Zombies") avec la même absence de talent, mais toujours avec soin !

 

 

Tout ça pour ça !



The Omega Man (le 4 septembre 2016)