Emmanuelle et Françoise - Le Chat qui Fume
Écrit par Flint   

 

Région : Zone 2 PAL (dvd) - B (blu-ray)

Éditeur : Le Chat qui Fume
Pays : France

Sortie film : 21 septembre 1977
Sortie dvd/blu-ray : 15 novembre 2018

Durée : 93mn16 (dvd) - 97 mn (blu-ray)

Image : 1.85:1 - 16/9e compatible 4/3  (1920X 1080p/24P pour le blu-ray)
Audio : Dolby Digital AC3 (dvd) - DTS-HD MA 2.0 (blu-ray)

Langues : français, italien
Sous-titres : français (optionnels)

Bonus :

- "De l'autre côté du miroir", avec Luigi Montefiori (24mn07)

- "Trois femmes et un miroir", avec Maria Rosaria Riuzzi (14mn32)

- "Emmanuelle, Françoise et Joe", par Sébastien Gayraud (48mn43)

- "Une expérience de l'horreur", entretien avec Joe D'Amato (79mn37)

- Bande-annonce "La Saignée" (2mn53)

- Bande-annonce "La Rose écorchée" (2mn47)

 

 

* Vous pouvez cliquer sur chacune des captures pour afficher sa taille réelle.

 

 

Commentaire : Lorsque l'on se penche sur la filmographie pléthorique de Joe D'Amato, force est de reconnaître que celle-ci compte pas mal de films mineurs, sinon médiocres, et des œuvres purement alimentaires comme ses pornos en fin de carrière. Mais le cinéaste s'est aussi montré inspiré de temps à autres, comme l'attestent La Mort a souri à l'assassin ou Blue Holocaust, plus quelques autres dont Emmanuelle et Françoise fait indéniablement partie.

Par conséquent, cette nouvelle sortie de l'éditeur Le Chat qui Fume est une heureuse surprise, car Emmanuelle et Françoise n'a connu qu'une exploitation très confidentielle dans les salles de cinéma françaises à l'époque (1977) et n'a pas été diffusé en support vidéo dans notre pays. C'est donc un film assez rare, jusqu'ici visible en dvd grâce à quelques éditions en Allemagne et en Italie, par exemple.

 



 

Une autre excellente surprise est la présence d'une piste française dans cette édition, qui s'avère de très bonne qualité. Le master proposé par Le Chat qui Fume est d'ailleurs une source française, comme en atteste le générique d'ouverture. Il s'agit qui plus est de la version intégrale. La seule différence notable entre la version française et la version originale italienne est que la VF s'arrête avec simplement le mot "FIN" là où la VO poursuivait avec un générique de fin englobant les différents crédits sur un fond sonore.
L'image est parfaite, lumineuse, restituant les contrastes dans les meilleures conditions. Avec le choix de voir le film en version française ou originale sous-titrée, les deux donnant entière satisfaction.

Comme à son habitude, l'éditeur offre un produit de qualité, à savoir un digipack (ici avec trois volets , un pour le blu-ray, un pour le dvd, et un second dvd pour le bonus "Une expérience de l'horreur") protégé dans un boîtier cartonné. L'ensemble, dont le visuel, est toujours aussi soigné.

 

 

En ce qui concerne les bonus, ils sont au nombre de quatre, englobant trois entretiens et un documentaire. Ce dernier, "Une expérience de l'horreur", a été finalisé en 2001 par Roger A. Fratter sous le titre original "Joe D'Amato Totally Uncut : The Horror Experience". Il fait suite à un premier documentaire du même Fratter sorti en 1999 (peu après la mort du réalisateur) qui était plus axé sur l'érotisme alors que celui-ci est plus porté sur l'horreur. D'une durée avoisinant 1h20, "Une expérience de l'horreur" propose un panorama de l’œuvre de D'Amato, depuis La Mort a souri à l'assassin (1972) jusqu'à "La Jena" (1997). Ne sont abordés que les films ayant essentiellement des éléments fantastiques ou horrifiques, et aussi où interviennent des effets spéciaux particuliers (le faux-snuff de Black Emanuelle en Amérique, la prothèse du monstre de Porno Holocaust...).

 

 

Le fil rouge est évidemment Joe D'Amato (Aristide Massaccesi de son vrai nom, rappelons-le), que l'on retrouve chez lui, où il évoque sans langue de bois son parcours chaotique et revient avec moult détails et anecdotes sur sa carrière de cinéaste mais aussi de directeur de la photographie, qui était pour lui sa véritable profession et le domaine dans lequel il était le plus doué. Cet entretien alterne avec les témoignages de trois autres intervenants : Luigi Montefiori (alias George Eastman) qui revient plus fois tout au long du documentaire, ainsi que Donald O'Brien (pour Les Amours interdites d'une religieuse) et Al Cliver (à propos du post-nuke "Le Gladiateur du futur"). En résumé, ce documentaire, que l'on doit à l'équipe de Nocturno/Cinéma Bis Communication, est tout aussi passionnant qu'instructif, et montre un Joe D'Amato qui dresse un portrait honnête de sa personne, revenant sur ses qualités et ses défauts, sans détours. Un homme très attachant, en somme, et tout à fait lucide à propos du bilan qu'il tire de sa carrière.

 

 

"De l'autre côté du miroir" ainsi que "Trois femmes et un miroir" sont deux modules réalisés par Federico Caddeo pour Freak-O-Rama en cette année 2018. Dans le premier, nous retrouvons l'acteur et scénariste George Eastman, dans le second l'actrice Maria Rosaria Riuzzi, qui jouèrent tous les deux dans Emmanuelle et Françoise.
L'actrice évoque ses débuts dans le métier. Elle garde de bons souvenirs du tournage, ainsi que de D'Amato qu'elle avait trouvé aimable et délicat. Les scènes de nudité ne lui ont posé aucun problème. Cela étant, son meilleur souvenir reste celui de "Parfum de femme" de Dino Risi (film pour lequel elle n'est pas créditée).
Quant à George Eastman, il revient sur sa collaboration régulière avec D'Amato, en tant qu'acteur et scénariste. Il se rappelle avoir eu avec lui de bons rapports professionnels, livre quelques anecdotes à propos de Emmanuelle et Françoise et regrette que Joe D'Amato ait sacrifié sa carrière pour des films "faciles" plutôt que des projets ambitieux.

 

 

Enfin, le dernier bonus consiste en un tour d'horizon de la filmographie du réalisateur par Sébastien Gayraud. Un choix logique dans la mesure où le conférencier et enseignant en cinéma est aussi l'auteur de l'ouvrage "Joe D'Amato, le réalisateur fantôme", publié en 2015. Sébastien Gayraud évoque donc cette figure emblématique du cinéma bis et gore que fut Aristide Massaccesi, rappelant à quel point le cinéaste prolifique, amateur de pseudonymes, toucha à de nombreux genres cinématographiques.
Ce tour d'horizon complet n'oublie pas la collaboration de D'Amato avec Bruno Mattei, les thématiques récurrentes du cinéaste parmi lesquelles le voyeurisme et le cannibalisme, ainsi que son talent indéniable comme directeur de la photographie.

 

 

Pour tous les fans du réalisateur, ou ceux qui auraient l'occasion de découvrir avec Emmanuelle et Françoise ce cinéaste au parcours atypique, cette édition est sans aucun doute l'occasion rêvée de se plonger dans une œuvre sulfureuse, reflet du cinéma des années 1970, où toutes les audaces étaient permises. Une époque révolue...

 

 

Note : 9,5/10



En rapport avec le combo :


# La Critique du film


# Quelques captures supplémentaires :