Brian Stableford est un auteur trop peu connu en France alors que, paradoxalement, il a traduit de nombreux auteurs français, tels Paul Féval, Camille Flammarion ou encore Auguste de Villiers de L'Isle-Adam dans la langue de Shakespeare. Et bien qu'il ait écrit une cinquantaine de romans, seul une petite dizaine a du traverser la Manche pour parvenir dans nos librairies entre les années 1970 et la fin des années 1990. La maison d'édition Rivière Blanche tente donc de ramener cet auteur dans l'Hexagone en publiant sa trilogie "L'empire des Nécromants" et ce recueil de nouvelles, permettant ainsi au public de faire connaissance avec cet écrivain.

Bien que les nouvelles soient de genres plus ou moins différents mais toujours ancrées dans l'imaginaire, on y retrouve quelques thèmes similaires tels que la nourriture, l'écologie ou l'immortalité traités de manière différente. On a également le droit à des nouvelles jouant avec des références culturelles et s'amusant avec elles et on y trouve de la nouvelle à chute et de la nouvelle d'ambiance. Ce recueil contient donc beaucoup de thèmes et d'idées !
Pour la nourriture ou plutôt l'alimentation, il en est question dans la nouvelle "L'Homme qui inventa le Bon Goût" où l'histoire d'un scientifique qui va inventer un moyen de donner bon goût aux aliments qui sont bons pour la santé, afin qu'ils soit mieux consommés que la malbouffe. Malheureusement le marketing va venir s'en mêler. Avec ce texte, l'auteur essaye de montrer comment la publicité nous vend des produits dont nous n'avons pas besoin en nous décrivant comment elle vent un produit utile. De nourriture, il va en être aussi question dans "L'élixir de jouvence" qui va nous parler d'un vigneron qui, en laissant le cadavre de son frère macérer dans un tonneau de vin, va obtenir un breuvage rendant quasiment immortel. Il s'agit d'une nouvelle à chute qui s'étire un peu trop pour que la conclusion soit vraiment efficace. Dans "Après l'âge de pierre", il va être également question de nourriture ou plutôt de régime, une jeune femme obèse va découvrir dans une boite de nuit londonienne une manière de maigrir très particulière... Une nouvelle à l'ambiance très singulière, très sombre et romantique dans le fond, même si le récit a quelque chose de cruel.
Le second thème est l'écologie, il en est question dans "Les flûtes de Pan" dont l'héroïne Wandy est une petite fille de 13 ans qui grandit, devient adolescente et s'en inquiète... Surtout que ça semble impossible dans ce monde, la preuve, Peter, le petit garçon des voisins, reste coincé à l'age de 8 ans. Il s'agit d'une nouvelle de Science-fiction très réussie, une utopie semble avoir été trouvée pour répondre à la surpopulation et la pollution que ça entraîne. La seconde est une superbe nouvelle d'ambiance intitulée "La Grande Chaine de la Vie" où une femme au stade terminal d'un cancer va trouver un moyen d'inhumation très particulier... Ce récit met le lecteur face à sa propre conscience écologique, lui demandant finalement jusqu'où il pourrait aller pour rembourser sa dette carbone. D'écologie, il en est aussi question, ainsi que d'immortalité, dans "Les immortels de l'Atlantide" où une mère de famille voit un étrange individu frapper à sa porte. Il s'agit là d'une nouvelle à chute plutôt efficace.
Trois autres récits sont encore présents dans cet ouvrage, "L'exposition secrète", "Le Mal que font les Hommes" et "Le sauvetage du Titan". Commençons par la moins bonne, "Le sauvetage du Titan", une nouvelle qui revisite le naufrage du Titanic à travers l'histoire du Titan, le bateau au centre d'un livre qui aurait anticipé la célèbre catastrophe. On y croise Mark Twain, Dracula, Alan Quatermain, Rockefeller, des personnages littéraires, historiques ou des écrivains dans une histoire de fantôme qui traîne en longueur, s'amusant trop longtemps avec ses références littéraires. Au contraire, "L'exposition secrète"qui conte l'affrontement entre deux peintre talentueux et donc adversaires dans un empire romain qui serait arrivé à notre époque est un très joli morceau de fantastique à la Mélanie Fazi. "Le Mal que font les Hommes" est quant à elle une fable où un ancien tyran devenu ermite va retourner dans son ancien royaume afin d'y apporter paix, prospérité et bonté mais parfois, il vaux mieux se méfier des hommes bons. Une nouvelle à la chute particulièrement cruelle où l'on devine que ceux qui veulent appliquer la bonté à tout prix sont parfois très injustes.

Dimension Brian Stableford est donc un recueil qui présente un auteur aux multiples facettes, au multiples talents, celui de conteur de fantastique, d'auteur de fantasy ou de créateur d'anticipation particulièrement crédible et où la science n'empêche heureusement pas la poésie. Il s'agit donc d'un recueil particulièrement recommandable et l'on espère que les éditeurs français vont se consacrer enfin un peu plus à cet auteur, finissant les cycles entamés de lui et publiant des romans inédits comme le fait Rivière Blanche. Ce ne serait qu'un juste retour pour un auteur de talent qui semble en plus autant aimer l'imaginaire français...

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.riviereblanche.com/