Solo pour une blonde
Titre original: The Girl Hunters
Genre: Film noir
Année: 1963
Pays d'origine: Royaume-Uni
Réalisateur: Roy Rowland
Casting:
Mickey Spillane, Shirley Eaton, Scott Peters, Lloyd Nolan, Guy Kingsley Poynter, James Dyrenforth, Hy Gardner...
 

New York, au début des années 60 - Une patrouille de police recueille un ivrogne groggy dans une impasse. Il s'avère que cette épave est l'ex-détective privé Mike Hammer, que le capitaine Pat Chambers recherche comme témoin dans une affaire de meurtre. Remis sur pied, Hammer est présenté à Chambers ; les deux hommes se connaissent bien, ils ont été collègues. Chambers est pour une obscure raison très remonté contre Hammer, il l'insulte puis le corrige, avant de lui révéler ce qu'il attend de lui : un contrebandier à l'article de la mort, après s'être fait tirer dessus, a demandé à parler à Mike Hammer, et seulement à lui. Or, la balle qui a blessé ce contrebandier sort de la même arme que celle qui a tué l'influent sénateur Knapp quelques mois plus tôt. A l'hôpital, le moribond, un inconnu pour Hammer, lui fait une étonnante révélation : son meurtrier serait sur la trace de Velda, la secrétaire et amante de Hammer, qu'il croyait disparue à jamais...

 

 

Quatrième adaptation cinématographique des aventures du plus célèbre détective de fiction des années 50, ce film se distingue par la présence dans le rôle principal, cas rarissime, de l'auteur du roman adapté. Bon, alors autant être direct, pour un polar "hard boiled" ce Solo pour une blonde est plutôt mou et excessivement bavard (dans les rares moments sans dialogues, on a droit à la voix off du héros qui nous résume l'intrigue). Le film reprend pourtant tous les ingrédients des bonnes séries noires : héros solitaire et désabusé, blonde vénéneuse, tueur froid, flics brutaux ; mais hélas la sauce ne prend jamais vraiment. On est loin du film d'Aldrich En quatrième vitesse (autre adaptation d'une aventure de Mike Hammer), Ici ce serait plutôt "j'ai du mal à passer la seconde". Le rythme est plan-plan, la violence quasi absente, malgré l'accumulation de cadavres, et l'érotisme très gentillet.

Bien que réalisé par Roy Rowland, ce film est l'oeuvre de Mickey Spillane, auteur du roman adapté, co-scénariste et acteur principal. Peu satisfait par les précédentes incarnations de son personnage fétiche, Spillane décida ici de s'y coller lui-même, ce qui peut se comprendre dans la mesure où (comme souvent dans la littérature populaire) le personnage romanesque est un avatar fantasmé et sublimé de l'auteur. Le problème, c'est que Mickey Spillane n'est pas un acteur et ça se voit. Alors certes, pour un néophyte il s'en sort honorablement (on a vu pire et on sent que le personnage lui tient à coeur), et s'il n'avait qu'un rôle secondaire cela passerait. Hélas, il est ici omniprésent, et seul le vétéran Lloyd Nolan a droit à une scène où Spillane est absent, scène dans laquelle il dialogue au téléphone avec ce dernier. Mais surtout, Spillane n'est pas "physiquement" crédible dans le rôle, on a du mal à l'imaginer en train de rosser les méchants et de faire tomber les femmes fatales dans ses bras.

 

 

Le réalisateur Roy Rowland, s'il n'est pas un génie du 7ème art, s'avère être un technicien capable. Exécutant de studio, officiant à Hollywood dans les années 40 et 50, puis en Europe dans les années 60, son oeuvre la plus célèbre reste "Les 5000 doigts du Docteur T", un classique du film fantastique pour pré-pubères. Sa carrière s'achèvera trois ans seulement après ce Solo pour une blonde par la supervision des versions anglophones des films sur Surcouf avec Gérard Barray. Ici, il fait ce qu'il peut, compte tenu de moyens financier assez limités et des dons artistiques de sa vedette, l'obligeant à des ultras gros plans dans certaines scènes d'émotion et à des plans très larges, pour ne pas dire éloignés, dans les rares scènes d'action.

Mais l'atout majeur du film réside en la (fausse) blonde qui donne son titre français au métrage. L'anglaise Shirley Eaton (incarnant la blonde vénéneuse indispensable à tout film noir, même si elle peut être avantageusement remplacée par une brune fatale, voire - si le film est en Technicolor - par une rousse ou une beauté exotique, mais convenons qu'un film noir en Technicolor est une hérésie) n'est pas ce que l'on pourrait appeler une beauté classique, mais elle gagne à apparaître court vêtue, ce que réalisateur et scénaristes ont bien compris. Elle ne portera donc, dans les trois quarts de son temps de présence à l'écran, qu'un simple bikini. Spillane gagnant lui à apparaître en complet avec veste rembourrée aux épaules, cela nous vaudra quelques scènes de romance assez surréalistes d'un point de vue vestimentaire. Shirley Eaton accédera l'année suivante à la gloire dans Goldfinger en portant les mêmes tenues que dans le présent film, avant de se faire plaquer en or par Gert Fröbe.

 

 

Le reste de l'interprétation, mi-britannique mi-américaine, est dominé par le vétéran Lloyd Nolan, dont la carrière échelonnée sur plus d'un demi-siècle lui verra donner la réplique à George Raft et à John Turturro. Pour l'anecdote, on notera que Spillane a imposé son ami, éditorialiste New-yorkais, Hy Gardner dans la distribution (il joue son propre rôle), leur scène de dialogue étant le seul moment où la "vedette" ne souffre pas de la comparaison avec son partenaire.

Malgré tous ses défauts, nous avons là un polar honnête que son statut de curiosité et son appartenance à un genre aujourd'hui disparu (le film noir), qui vivait alors son âge d'or, rend attractif pour les amateurs de films policiers hollywoodiens (d'hollywoodiens anglais ici). D'ailleurs, point positif pour le film, bien qu'il ait été entièrement tourné en studio à Londres, on se croirait en permanence dans la jungle d'asphalte new-yorkaise.

 

 

Note : 7/10

 

Sigtuna


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