Monstre magnétique, Le
Titre original: The Magnetic Monster
Genre: Science fiction
Année: 1953
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Curt Siodmak & Herbert L. Strock
Casting:
Richard Carlson, King Donovan, Jean Byron, Harry Ellerbe, Leo Britt, Leonard Mudie...
 

Dans les années 50, l'atome est en plein boum et le cinéma s'en empare avec enthousiasme pour en dénoncer les méfaits possibles, comme le gigantisme animal, par exemple. Mais dans ce Monstre magnétique, point d'araignée géante ni de fourmi démesurée, pas plus que de scientifique atteint d'acromégalie ou se transformant en homme-atomique. Mais des radiations en veux-tu en voilà, ça oui ! Plus du magnétisme à haute dose, de quoi faire dérailler le cours ordinaire d'une petite ville pépère et faire se déplacer seuls les fers à repasser tandis que les machines à laver battent la mesure de leurs portes claquantes.

 

 

C'est le point fort du film : cette créature monstrueuse quasi-invisible – création serait plus juste, œuvre d'un savant pas fou du tout mais dont les expérimentations ont dépassé ses espérances pour prendre vie et grossir, grossir, grossir, tout en tuant par de mortelles radiations. Heureusement, nous sommes aux Etats-Unis et, si le pays a l'art de produire des savants talentueux mais sans limites, il a aussi le don d'en faire naître d'autres toujours prêts à s'atteler au fardeau de la remise en bon ordre du monde. Ici : le docteur Stewart, toujours au taquet pour aller chasser le péril atomique et néanmoins bon mari, s'inquiétant du bon déroulement de la grossesse de sa femme parallèlement à la croissance monstrueuse d'une pépite nucléaire...

 

 

The Magnetic Monster est donc un film de monstre sans monstre, un authentique représentant des craintes qu'ont pu nourrir les industries "radioactives" et leurs débouchés (rassurons-nous, ce temps-là est fini et chaque jour qui passe nous apporte la preuve des bienfaits de l'atome...), et un film de science-fiction au sens propre puisque s'habillant d'atours scientistes purs et durs. Pour assurer du sérieux de l'ensemble, les auteurs du film multiplient les plans sur des cadrans, écrans, spectographes et autres appareils de mesure avec des aiguilles qui tournent (parfois follement et alors l'inquiétude se lit sur les visages de ceux qui les scrutent), des sonneries et des crépitements (bip-bip, crrr-crrr) sans oublier des sons futuristes (pour l'époque) sensés rendre plus vivant le péril radioactif et magnétique en cours (zwouïï-zwouïï, floutch-floutch, bzôm-bzôm, et autres joyeusetés au rendu métallique que j'ai du mal à reproduire ici).

Le spectateur, lui, regarde tout cela d'un oeil amusé, particulièrement lorsque le magasin d'un brave commerçant devient le théâtre d'un spectacle loufoque qui voit les tondeuses à main rouler seules, les appareils ménagers se mettre en colère (ou tout comme) et les objets métalliques s'agglutiner les uns sur les autres sous le regard ébahi et effrayé des employés. Un peu indulgent, il suit ensuite le déroulement de ces aventures scientifico-monstrueuses d'un œil plus distrait, peu captivé par les va-et-vient des personnages, leur manie de plonger le regard dans des appareils divers pour regarder des espèces de feux d'artifice miniatures, ou les quelques séquences un peu plan-plan du couple que forment le héros et sa femme, dont la grossesse est une métaphore positive de ce danger en gestation, à savoir une menace qui croit et se multiplie sans cesse, au risque de dévorer tout sur son passage et de détruire la Terre...

 

 

Mais tout cela manque un peu d'action et de rythme et, si ce n'est pas très long, ce n'est pas très bon non plus, sans être trop mauvais néanmoins. On sourit devant cette idée d'appeler Maniac l'ordinateur sensé analyser les données du problème et aider à trouver une solution, on apprécie les décors de centrale sous-marine de la fin du film, mais on s'endort un peu quand même, malgré la tentative de relancer l'action de façon serialesque avec le brave Dr. Stewart risquant de finir écrasé entre deux portes géantes et coulissantes...

Curt Siodmak (scénariste, notamment, de La bête aux cinq doigts) est aux commandes, accompagné d'Herbert L. Strock. Jean-Pierre Putters, dans son premier volet des Craignos Monsters, nous expliquait pourquoi : "le film avait besoin d'un réalisateur connaissant bien le montage, dans la mesure où une partie du métrage, à savoir les principales scènes d'effets spéciaux, proviennent d'un autre film tourné 20 ans plus tôt !" ("L'or", un film allemand de Serge de Poligny et Karl Hartl). Devant la caméra, on retrouve Richard Carlson qui, s'il a beaucoup travaillé pour la télévision, a aussi eu des rôles importants au cinéma, dans La vallée de Gwangi et dans "L'étrange créature du lac noir". Le tout est très correctement emballé pour un budget qu'on imagine relativement modeste mais l'ensemble manque un peu d'énergie (nucléaire ?) pour véritablement emporter le morceau. Si les compteurs Geiger crépitent fort, l'applaudimètre, lui, est nettement plus discret.

 

 

Bigbonn

Vote:
 
5.50/10 ( 2 Votes )
Clics: 4755
0

Autres films Au hasard...