Bjorn (appelé Paul dans la VO) (Kent-Arne Dahlgren) est chauffeur de taxi. Un peu loser et très macho, il a néanmoins un succès fou auprès des femmes... Il vit avec Marianne (Solveig Andersson) mais ne se gêne pas pour la tromper, successivement avec une jolie blonde rencontrée lors d'une projection privée chez des amis, puis avec Eva, une ravissante modèle photo (Christina Lindberg), dans une grange, sous l'oeil curieux des bovins, et enfin avec Beryl (Gunilla Larsson), la propre soeur de Marianne (rebaptisée "Beryt" et devenue sa cousine dans la VF !)
Quoi de plus normal, après tout, dans un film dont le titre original (Sängkamrater) signifie "Partenaires sexuels" ? Lorsque Marianne lui fait des reproches, Bjorn lui répond : "Ta gueule ! Est-ce que je te demande ce que tu fous avec ta bande d'intellos de mon cul ?" Un vrai poète !
Au cours d'une soirée bien arrosée chez Eva et son petit ami Peter, Beryt se retrouve coincée dans la rue en petite tenue. Fort heureusement, un brave homme qui passait par là en voiture lui propose de venir chez lui. A leur arrivée, il lui donne un manteau de fourrure pour qu'elle se réchauffe mais il sort soudain un fouet et tente d'improviser une séance de S.M. ! Beryt s'enfuit en emportant le manteau.
Malheureusement pour elle, ce brave homme est en fait un dangereux gangster nommé Mr. X et ce manteau est rempli de sachets de drogue ! Dès lors, Mr. X est ses acolytes n'auront de cesse de retrouver Beryt afin de récupérer le manteau, provoquant maints quiproquos et situations cocasses que Bjorn saura tourner à son avantage...
En 1974, Gustav Wiklund est amer : La possédée (Exponerad / Exposed) dans lequel il avait offert le rôle principal à Christina Lindberg trois ans plus tôt, a réalisé de grosses recettes dans les pays où il a été distribué (8,2 millions de dollars aux USA en deux semaines d'exploitation) mais il estime qu'il a cédé les droits pour une bouchée de pain. Il décide alors d'embaucher à nouveau Christina pour sa deuxième réalisation, qui sera d'ailleurs sa dernière au cinéma (il ne réalisera qu'un seul téléfilm par la suite et se consacrera à sa carrière d'acteur).
Malheureusement pour lui, la carrière de celle-ci est à son apogée : elle vient de tourner deux films au Japon et le montant de ses cachets s'est envolé. Qu'à cela ne tienne, il lui propose un contrat de deux jours et se débrouille à tourner toutes ses scènes dans ce laps de temps. Elle n'aura au final pas plus de dix minutes de temps de présence à l'écran... presque toujours nue ! Pour Christina, il ne fait aucun doute que Wiklund a voulu se servir de son nom pour assurer la promotion du film à l'étranger... Pourtant aucune photo d'elle ne figure sur les affiches suédoises, allemandes ou françaises. Ce ne sera pas le cas pour les diverses éditions DVD qui laissent toutes à penser que Christina y tient le rôle principal.
Wiklund décide donc de réaliser une comédie qui parodierait à la fois les films pornographiques et les films de gangsters. Il emprunte d'ailleurs le surnom d'une des plus grandes figures du milieu suédois des années 70 : Mr. X, qui menait grand train dans les clubs branchés en invitant toutes les célébrités de l'époque. (Christina Lindberg avouera d'ailleurs avoir participé à une fête chez lui.)
Le tournage est chaotique : Wiklund dispose de deux équipes et si l'une se débrouille parfaitement, le chef de la seconde est ivre-mort à longueur de journée ! Le rôle principal masculin, Kent Arne Dahlgren, qui vient de jouer dans "Sams" (Les voyeurs en VF) et qui retrouvera Christina Lindberg peu après dans "91:an och generalernas fnatt", en fait des tonnes et se montre volontiers agressif.
Finalement, malgré un dépassement de budget, Wiklund est assez satisfait du résultat mais il se retrouve avec des kilomètres de rushes et ne sait pas comment les exploiter. Il réalise donc un premier montage grossier et sollicite les services d'une célèbre monteuse de la firme Europa Films : Wic Kjellin. Celle-ci est d'abord rebutée par le thème du film et refuse la proposition, avant de reconnaître les "qualités de la réalisation" (dixit Gustav Wiklund) et d'accepter.
Le film sera ensuite doublé en anglais et en français. La version originale suédoise ayant disparu, la plupart des sources (Thanks to IMDb) indiquent que ce film a été tourné en anglais.
On est en droit de penser que deux montages différents au moins ont été réalisés par Wic Kjellin, l'un d'entre eux, plus court mais plus explicite au niveau des scènes érotiques étant réservé à l'exploitation en France et probablement en Allemagne. Le détail des différences entre les deux versions se trouve dans la fiche DVD mais disons d'emblée que ni l'un ni l'autre de ces montages n'est satisfaisant. L'ordre d'apparition de certaines scènes est totalement incohérent avec l'histoire (les personnages apparaissent ou disparaissent, sont nus ou habillés dans la même scène) et plusieurs passages (le final de la version originale en particulier) deviennent complètement incompréhensibles du fait de la suppression de certaines scènes !
Malgré ce gros problème de continuité, Libre-échanges est un film qui regarde avec plaisir. On est constamment effaré par la galerie de personnages que Wiklund nous présente : les hommes sont tous des ivrognes ou des cochons, voire les deux à la fois, et les femmes n'ont qu'une idée en tête : se mettre nues dès que possible et faire plaisir à ces messieurs !
Wiklund nous a-t-il livré là sa vision de la libération des moeurs en Suède ou faut-il simplement y voir le reflet de sa misogynie ? Toujours est-il que la scène dans laquelle Eva se fait botter les fesses par son petit ami alors qu'elle est, tout naturellement, en train de passer l'aspirateur dans le plus simple appareil risque de faire hurler plus d'une féministe ! Christina Lindberg en veut d'ailleurs toujours à Wiklund...
Il faudra tout de même être indulgent face à une intrigue policière des plus abracadabrantes, des gags dignes de Benny Hill et une conclusion qui n'en est pas une, et savoir se contenter de la qualité de l'interprétation... et de la plastique des actrices : Christina Lindberg, bien sûr, mais aussi Gunilla Larsson et Solveig Andersson qui partage l'affiche avec Christina Lindberg dans deux autres films : "Every Afternoon" (Swedish Wildcats) de Jo Sarno et Thriller (Crime à froid).
Valor
En rapport avec le film :
# Le dossier Christina Lindberg
# La fiche dvd Bach Films de Libre-échanges