Black Death
Genre: Aventures , Sorcellerie , Drame
Année: 2010
Pays d'origine: Allemagne / Angleterre
Réalisateur: Christopher Smith
Casting:
Sean Bean, Eddie Redmayne, Carice van Houten, John Lynch, TimMcInnerny, Kimberley Nixon, David Warner...
 

Alors que la première épidémie de peste bubonique ravage l'Angleterre, un jeune moine nommé Osmund reçoit la mission d'accompagner un groupe de chevaliers, menés par le rustre Ulric, pour enquêter sur d'étranges phénomènes se produisant dans un petit village reculé. Il semblerait en effet que, en ce lieu, les morts reviennent à la vie. Comprenant que cela est le fait d'un nécromancien ayant un lien particulier avec le village, ils se lancent à sa recherche et finissent bientôt par le trouver en la personne de la mystérieuse beauté Langiva. Mais quand Osmund, déchiré entre son amour pour Dieu et celui pour une jeune femme, accepte de passer un pacte avec la nécromancienne, l'horreur de son véritable voyage ne fait que commencer...

 

 

Black Death est un film barbare ; non pas qu'il soit visuellement plus violent ou explicite que d'autres productions du même genre, mais parce qu'il est certainement plus cynique et pessimiste. L'histoire nous projette dans un moyen âge ravagé par la peste noire. Dans ce monde de cauchemar où même l'amour est annihilé, un petit village semble résister aux assauts de la maladie. Il n'en faut pas plus pour que des rumeurs de paganisme et d'hérésie atterrissent aux oreilles des hautes instances religieuses de l'époque.
Illico, une troupe de mercenaires est envoyée pour ramener l'ordre dans ce ramassis de païens, et tous les moyens seront bons, y compris la torture et autres gâteries. Le chef du groupe est un certain Ulric, interprété par un Sean Bean en pleine forme qui phagocyte littéralement le film lors de ses apparitions. Ici, croyants et athées sont renvoyés dos à dos ; les pseudos chrétiens, animés par le désespoir d'être un jour contaminés, s'en vont se défouler sur une soi-disant bande de sorciers qui, ayant abandonné leur foi en Dieu, sont devenus persona non grata.

 

 

Cependant, alors que les mercenaires sont présentés comme des barbares dès le début du film (se trouvent parmi eux bourreaux, assassins, violeurs - parfois les trois la fois - leur chef Ulric tuera même une femme innocente pour éviter qu'elle ne soit brûlée vive), les habitants du village nous apparaissent à première vue comme des êtres paisibles et bons. Erreur, car les plus sauvages ne sont pas ceux que l'on pourrait croire. En effet, dans un incroyable retournement de situation, nos chevaliers se retrouvent prisonniers de leurs proies, et ces dernières vont s'avérer aussi intolérantes et bornées que leurs bourreaux.
A la tête du village, une certaine Langiva, une magnifique blonde dont la beauté n'a d'égale que la cruauté, est en fait le reflet d'Ulric (son alter ego). Tous les deux ont perdu des êtres chers ; de ce fait, ils se sont réfugiés dans le fanatisme, oeuvrant au nom de la croyance qu'ils n'hésitent pas à administrer de force à leurs concitoyens. Leur combat va se focaliser sur un jeune moine, qu'ils vont essayer tour à tour de rallier à leur camp, usant des pires vilénies.
A ce jeu, la vénéneuse Langiva (incroyable Carice van Houten, révélée dans le "Black Book" de Verhoeven) l'emportera haut la main, mais le résultat ne sera peut-être pas celui qu'elle escomptait (loin de là), alors qu'Ulric n'a pas encore joué sa dernière carte !

 

 

Pour le réalisateur, le message est clair : si la peur et le désespoir poussent les gens à la cruauté et à la barbarie, la recherche du bonheur et de l'immunité entraîne les mêmes résultats, les deux camps essayant de convaincre l'autre du bien fondé de leur conviction. Ainsi, les villageois épargnés par la peste (plus par leur isolement et l'hygiène que par une quelconque magie) sont résolus à commettre les pires sacrifices pour échapper à une maladie soi-disant réservée aux chrétiens. Malheureusement pour eux, Ulric va démontrer, au péril de sa vie et par un geste totalement gratuit, qu'il n'en est rien. Les mercenaires ont perdu depuis longtemps tout espoir et surtout leur foi (sauf Ulric), mais pas un certain savoir faire qu'ils mettent au service d'une religion qui leur permet de commettre leurs exactions en toute liberté. Ils sont peut-être les plus honnêtes car ils savent que, quelque soit leur conviction, ils peuvent à tout moment contracter un mal qui n'a rien de divin. Ils profitent alors de leurs derniers instants dans la violence. Les villageois sont plus hypocrites, ils rejettent un culte qu'ils considèrent comme barbare (voir l'église abandonnée) pour en adopter un encore plus cruel Guidés par une "pseudo" nécromancienne, qui tient plus de la rebouteuse, ils espèrent ainsi échapper au mal, en se cachant la vérité.

Sombre et (presque) sans espoir, le film de Smith est un coup de poing dans l'estomac qui renvoie tous les fanatiques dos à dos, totalement à l'opposé du "Dernier des templiers", à la thématique semblable mais exploitée de manière totalement différente. L'un est un film de "Fantasy" pure, voué au divertissement ; l'autre, plus réaliste, est une fable cruelle sur les croyances et leur implication, porté à bout de bras par deux acteurs magnifiques : Sean Bean (sûrement son meilleur rôle) et Carice van Houten (belle à rendre fou). Entre ces deux "rouleaux compresseurs", le reste du casting (des gueules pas possibles) s'en tire avec les honneurs, notamment le puceau Eddie Redmayne, dont le chemin de croix nous fait penser à la destinée d'un certain Annakin Skywalker, mais cela est une autre histoire.

 

 

Après trois films intéressants, Creep, Severance et "Triangle", le réalisateur Christopher Smith ne fait que s'améliorer. Moins bourrin que son homologue Neil Marshall, il réalise des films efficaces, malsains et torturés (comme ses personnages), de plus en plus soignés et épurés. On attend impatiemment le prochain !

 

The Omega Man

 

* La bance-annonce VF de l'édition Seven 7 :

 

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