Maciste contre le fantôme
Titre original: Maciste contro il vampiro
Genre: Vampirisme , Fantastique , Aventures , Peplum
Année: 1961
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Sergio Corbucci & Giacomo Gentilomo
Casting:
Gordon Scott, Leonora Ruffo, Jacques Sernas, Gianna Maria Canale, Rocco Vitolazzi, Mario Feliciani, Annabella Incontrera, Guido Celano, Emma Baron...
Aka: Goliath and the Vampires (USA) / Samson vs. the Vampires (USA) / Goliath and the Island of Vampires
 

Les soldats du sultan Abdul (Mario Feliciani) s'en viennent du fin fond des mers. Guidé par le démoniaque vampire Kobrak (Guido Celano), lequel asservit ses troupes, Abdul doit rapporter, de gré ou de force, du sang à la créature, afin qu’elle s'abreuve et garde intactes ses forces patronales médefistocélestes. Bien entendu, les dons du sang n'étant pas encore très répandus en ces temps antiques, c'est une armée patibulaire emmenée par un chef sanguinaire qui va débarquer dans le village alors que Maciste (Gordon Scott), après une année de labeur, prend des vacances d'été bien méritées dans l'un des clubs Med d'Ibiza pendant que sa fiancée Guja (Leonora Ruffo) continue logiquement de trimer.

 

 

Bien entendu, sans l'homme équilatéral, le village ne fait pas le poids. Bien qu'agissant sous le joug de l'immonde tyrannie vampirique du diable tapi dans sa cale, l'attaque du sultan Abdul se transforme fatalement en massacre ! Les lances déchirent les chairs, les flammes brûlent les âmes et les corps, les pires abominations ont alors lieu sur une classe ouvrière qui s'en va illico presto trouver sa place au paradis. Seules des femmes sont épargnées, les plus jeunes seulement. Parmi elles, Guja. Pour un temps seulement. La marchandise est ensuite transportée de force sur le bateau d'Abdul. L'une des femmes est sacrifiée, se faisant égorger sur l'autel d'une diabolique et insatiable soif de sang. Maciste s'en revient avec le jeune Ciro (Rocco Vitolazzi) - ancien compagnon d'Ursus Môalah ayant quitté, las, sa ville natale d'Orgeat - et trouve sa mère (Emma Baron) liquidée de façon abominable. Son sang ne fait qu'un tour et il n'aura dès lors plus qu'une idée en tête : rejoindre au plus vite la ville de Salmanak, destination du bateau qui servira de garde-manger au diable Kobrak qui la dirige. Seulement, arrivé à destination, la mission s'avère plus ardue encore qu'elle n'y paraissait. Si Kobrak représente un danger, défendant l'intérêt de ses actionnaires, lesquels en retour accèdent à ses propres volontés personnelles, il est également aidé par des ennemis qui s'avèreront non moins dangereux : en premier lieu la magnifique Astra (Gianna Maria Canale +), mi-femme, mi-sorcière, toute entière dévouée au suceur en série. Heureusement, Maciste trouvera un allié en la personne de Kurtik (Jacques Sernas), le maître des hommes bleus. Bientôt, Maciste parvient à s'enfuir en emmenant avec lui Guja. Rattrapé dans le désert, il est retenu prisonnier dans une cloche puis torturé à force de fréquences sonores techno hardcore. Entre-temps, heureusement qu'il est tombé sur les victimes de Kobrak, toutes transformées en statues de cire ; de la cire dont il se servira astucieusement comme boules Quiès pour survivre. Maciste parviendra in-extremis à s'échapper mais sera alors stupéfait de devoir combattre un clone de lui-même...

 

 

Rebaptisé Goliath pour une distribution aux Etats-Unis tandis que le sultan Abdul était renommé Omar, Maciste contre le fantôme, outre quelques fantaisies prises avec la version originale (de celles qu'on a l'habitude de trouver dans ces productions où, d'un pays à l'autre, le héros se voit nommé Samson, Hercule, Pizzaiolo, Mozzarel ou Maciste pour celui qui nous concerne), souffre en premier lieu d'un titre français complètement crétin puisque, de fantôme, point il n'est question ici ; le méchant croqué est un vampire s'abreuvant du sang de jeunes femmes tout en faisant régner sa suprématie.
Co-réalisé par Sergio Corbucci et Giacomo Gentilomo, on peut dire qu'il s'agit là d'un passage de témoin intergénérationnel : Alors que Giacomo Gentilomo est au crépuscule d'une carrière de réalisateur entamée à la fin des années 30 et forte d'une quarantaine de films dont son testament sera le piètre Maciste contre les hommes de pierre en 1964 (lequel peut presque se regarder comme une suite poussive de celui-ci), Sergio Corbucci, quant à lui, entame, après 10 années de drames et de comédies impossibles à voir aujourd'hui, une nouvelle période : celle des péplums. Suivront, forts du succès de Maciste contro il vampiro, "Romulus et Remus" et Le fils de Spartacus, ce avant que le même cinéaste passe au genre qui scellera sa popularité : le western. C'est alors aidé par l'un des spécialistes du genre, Duccio Tessari (Le géant à la cour de Kublai Khan, Hercule contre les vampires,...) qu'il écrit un scénario qui, gavé de fantaisies fantastico-horrifiques, assure un spectacle aussi alerte que débridé et généreux. Il est même assez amusant de se prêter au jeu de qui a tourné quoi pour trouver, au détour de quelques scènes, le même souffle qui habitera les immanquables classiques que Corbucci tournera avec Le mercenaire et Companeros. Hélas, bien que débutant sur les chapeaux de roues de char et avec une tonalité violente presque gore, assez proche de ce à quoi on assistait dans Le géant de la vallée des rois (Maciste nella valle dei re, 1960) et enchainant sur une traversée maritime de nos femmes captives riche en péripéties, le film se fige quelque peu à mi-parcours, dès l'arrivée de nos héros dans la ville de Salmanak. Il se reprendra cependant dans sa dernière ligne droite grâce à l'imagination fertile de nos deux scénaristes qui n'ont pas lésiné sur les personnages et les situations les plus fantaisistes. En témoignent ces statues de cire qui, telles des zombies, se soulèveront en armée pour un final ébouriffant. Toujours est-il qu'entre temps on aura eu sous les mirettes, entre autres réjouissances, des guerriers donc les accoutrements annoncent ceux de Mad Max 2 et des femmes jetées en pâture aux requins. Bref, le contrat sadisme est rempli et c'est tant mieux !

 

 

S'il ne possède pas la même réputation au sein des péplums fantastiques qu'Hercule contre les vampires, tourné la même année par Mario Bava, ou que "Maciste en enfer" de Freda, il n'en démérite pourtant pas et se classe aisément à leurs côtés, si ce n'est même qu'il les dépasse. Comme dit avant, si tout ce beau monde semble chausser ses charentaises devant et derrière la caméra à la moitié de bobine, il n'y a finalement pour le reste que peu de reproches à faire.
D'un point de vue stylistique, le travail sur la photographie dû à Alvaro Mancori (Ulysse contre Hercule) n'a ici rien à envier à un Mario Bava, et celui-ci utilise des tons tirant vers une saturation infernale réussie. On se surprend même, le temps d'une scène où le démon vampirique boit le sang d'une jeune femme à la coupe et au travers de voiles rouges, à penser au "Suspiria" de Dario Argento. Autant dire que, si le film s'inscrit dans le genre péplum, il s'inscrit surtout, de manière très talentueuse qui plus est, dans le genre fantastique qui lui confère ici toute sa saveur.
S'ajoute à cela une mise en scène globalement vigoureuse et des acteurs plus convaincants qu'à l'usuel dans un genre qui a vu passer à foison du musclé de pacotille et du mongol de foire à la lentille. Troquant son cache-sexe serpillère des "Tarzan" pour une jupette noire S.M. ras-les-pompons, Gordon Scott, non seulement évite le ridicule, mais se montre convaincant. Soit, à la vision du film, l'idée nous vient à plusieurs reprises de lui mettre un soutien-gorge mais, avouons le, ce dernier se tient fier, sobre, mais pimpant, 90 minutes durant. S'ajoute à cela les impeccables prestations de certains seconds rôles : Gianna Maria Canale revêt ici une beauté aussi somptueuse que vénéneuse et offre un véritable festival de sorcellerie séductrice en diable. Jacques Sernas, qui venait de tourner "Sous le signe de Rome" et qui sortait à la fois des "Noces vénitiennes" et des "nuits de Lucrèce Borgia" semble comme revigoré, tandis que Leonora Ruffo (Hercule contre les vampires) offre une composition généreuse et sensuelle.

 

 

Bref, voici des atouts non négligeables qui viennent contribuer à faire de Maciste contro il vampiro, un film somme toute distrayant, en même temps qu'un opus péplumesque fort recommandable.

Mallox

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