Tarzan et sa compagne
Titre original: Tarzan and his Mate
Genre: Aventures , Exotisme
Année: 1934
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Cedric Gibbons
Casting:
Johnny Weissmuller, Maureen O'Sullivan, Neil Hamilton, Paul Cavanagh, Nathan Curry, Forrester Harvey, Ray Corrigan...
 

Un an a passé depuis que Jane Parker est venue se perdre dans la jungle. Avec son père, elle était venue chercher le cimetière des éléphants et son or blanc ivoire ; il y a perdu la vie, elle y a trouvé l'amour, c'est beau... Harry Holt, survivant de l'expédition précédente (cf. Tarzan l'homme-singe) n'a cependant pas renoncé à faire fortune avec toutes ces belles défenses abandonnées par les pachydermes agonisants ; il n'a pas non plus renoncé à conquérir le cœur de la belle et à la ramener à la civilisation. Accompagné d'un comparse séducteur venu d'Europe, Martin Arlington, il monte une expédition forcément dangereuse, puisqu'elle traverse des territoires sous la coupe de tribus sauvages et sans pitié, mais qui sera rendue plus ardue encore du fait de la concurrence de deux autres aventuriers occidentaux encore plus cupides et prêts à tout qu'eux-mêmes...

 

 

Les Gaboni envoient leurs flèches en pleine tête, avant d'emporter les corps, pour les manger. Les sentiers étroits et escarpés de la montagne taboue sont périlleux, surtout lorsque des gorilles se mettent à jeter des pierres sur les porteurs de l'expédition. Les serpents serpentent, les crocodiles croquent et les rhinocéros chargent furieusement. Les léopards agressent, les lions griffent et tuent, et on pourrait croire que Mère Nature n'a peuplé cet éden dans lequel s'ébattent deux tourtereaux presque nus que de créatures à tendance meurtrière mais non, les chimpanzés sont éminemment sympathiques, au premier rang desquels on retrouve Sheeta mère et fille, les éléphants sont placides mais chargent à la demande expresse de Tarzan, les hippopotames sont débonnaires et toujours utiles pour sortir un homme singe blessé d'une eau qui aurait vite fait d'être son tombeau.

 

 

Tous les ingrédients sont là, dans cet épisode, pour concourir à en faire un vrai succès populaire qui ne se démentira qu'après plusieurs décennies. Il semble bien, en effet, que le rythme des rediffusions télévisées assez élevé de ma prime jeunesse, c'est-à-dire dans les années 70, s'est fortement tari pour ces Tarzan avec Johnny Weissmuller. Usure du temps, changement d'époque ? Il est vrai qu'en ces temps où les télés diffusaient encore bien souvent en noir et blanc et où les effets spéciaux visuels n'avaient pas évolué tant que ça, ces aspects du film ne le vieillissaient pas, contrairement à aujourd'hui où, probablement, il accuse beaucoup plus son âge auprès d'un public jeune, à savoir près de 80 ans puisqu'il date de 1934. Pourtant, par certains côtés, il garde encore une bonne part d'efficacité et se laisse voir avec plaisir.

Un peu comme pour le premier épisode, il n'est pas exempt d'une certaine violence, d'une sauvagerie, pour tout dire, qu'on prête assez facilement à une Afrique encore partiellement inexplorée par l'homme blanc. Les séquences où l'expédition se retrouve confrontée aux tribus belliqueuses qui peuplent la jungle sont, de ce point de vue, particulièrement saignantes et l'une ou l'autre scène, en couleurs, aurait facilement pu être qualifiée de gore et faire tâche dans un film destiné à un public familial. Au contraire, elle nous ravit. Les séquences de combats entre Tarzan et des animaux sont, comme dans le premier opus, assez nombreuses et spectaculaires. Même si, parfois, le tournage devant un écran où sont projetées les images d'une charge de rhinocéros donnent à celui-ci la taille d'un camion... Une mention spéciale sera donnée au duel avec le crocodile à la gueule immense qui ne semble pas vouloir s'en servir, préférant faire usage de sa queue et de son corps en tournoyant frénétiquement sur lui-même pour assommer Tarzan. Très belle séquence sous-marine presque aussi réussie que celle avec Jane.

 

 

Car la vedette du film, aux côtés de Tarzan, c'est elle, Jane Parker (Maureen O'Sullivan), belle et déambulant dans une tenue très courte, séduisant à son corps défendant aussi bien Harry Holt que Martin Arlington, celui-ci la draguant ouvertement devant les yeux de l'autre, qu'il sait pourtant profondément épris. Jane est magnifique et rayonne dans ce monde encore éloigné de toute civilisation. Elle a trouvé son homme et, petit à petit, le façonne et lui donne des rudiments de langage. Femme accomplie, elle serait presque parfaite si elle ne pérorait pas tant, vantant les charmes de la nature retrouvée tout en tenant des discours dignes des meilleurs magazines féminins (donc des pires), une tendance qui se renforcera d'ailleurs par la suite puisqu'elle tendra à devenir quasiment une vraie petite ménagère dans l'un des épisodes suivants...

Belle mais naïve, elle ne perçoit pas tout de suite les arrière-pensées troubles que son corps bien galbé provoque chez Arlington. Jolie mais candide, elle les amène au cimetière des éléphants sans imaginer un seul instant que s'emparer de l'ivoire pourrait choquer Tarzan et ses amis barrissant. Elle qui dit à Harry que rien ne pourrait lui arriver ici, grâce à Tarzan, s'ingénie presque à lui prouver le contraire, dans un passage un peu longuet où elle se retrouve en difficulté face à un rhinocéros, en butte aux assauts d'un léopard, pourchassée par un crocodile, quand elle n'est pas assaillie par un couple de lions... Tarzan a trouvé une femme, certes, mais un sacré boulet aussi, qu'il passe son temps à sauver lorsqu'elle pousse son cri ridicule, pâle ersatz du sien. Elle est ainsi le gros point faible du film pendant un bon quart d'heure, le plombant de sa nunucherie et de ses mises en danger involontaires. Elle en est aussi le point fort grâce à sa beauté et à ce quasi ballet aquatique en duo qu'elle fait en tenue d'Eve, accompagnée par son bon sauvage dans une rivière pour une fois sans croco. Séquence étonnante renforçant l'érotisme d'une Jane dont la silhouette en ombre chinoise avait déjà provoqué l'émoi chez ses spectateurs (dans le film et dans la salle)...

 

 

Alors, évidemment, on pourra dire que la vision portée sur ces Africains est au mieux paternaliste, au pire raciste. Ce n'est pas faux, c'est en tout cas tout à fait le reflet de cette époque, les années 30. Comme dans Tarzan l'homme singe, les aventuriers blancs n'organisent que des expéditions riches en hommes (300 porteurs, si je ne m'abuse), dont la destinée semble être de périr de façon dramatique et dont on se demande bien ce qu'ils pensent puisqu'ils n'expriment rien, si ce n'est la peur quand les bongos des tribus plus féroces résonnent dans la jungle. Quand Arlington en abat un de sang-froid, parce qu'il refuse d'avancer plus loin vers la montagne taboue, Holt le lui reproche rapidement. On se dit: il est plus humain ce Holt, décidément. Mais il précise rapidement, comme pour tempérer cette humanité, que "quelques coups de fouet auraient probablement suffi"... Les autres porteurs, en tout cas, se remettront en route, chargés de leurs énormes colis qu'ils dissémineront au gré des attaques où des périls rencontrés.

Les blancs ne sont pas mieux, un peu stupides tel le mari cocu du début du film (qui commence comme une comédie) ou le maladroit Beamish, assistant de Holt tombant dans la baignoire d'Arlington (une scène où l'on sent que le muet n'est pas si loin...) Quand ils ne sont pas benêts ou balourds, ils sont menteurs et sans scrupules, à l'image d'Arlington, prêt à tuer pour faire fortune, prêt aussi à ravir la belle à son ami, pour améliorer son tableau de chasse de conquêtes féminines. Cupides en tout cas, toujours désireux de s'emparer de richesses sans réfléchir aux conséquences, ni au prix à payer, en vie humaine notamment (mais, comme on l'a vu plus haut, la vie des porteurs ne compte absolument pas pour eux). La nature et les sauvages qui la peuplent mettront tout ce petit monde d'accord en n'en faisant réchapper quasiment que deux, ceux dont le cœur bat au rythme de la jungle, qui se déplacent de liane en liane et jouent et rient dans un univers pourtant hostile. Deux êtres qui ont trouvé leur jardin d'Eden et se disent tous les matins qu'ils s'aiment (émouvant la maman devant son écran, pendant que le papa s'émoustille des belles courbes de la dame et que les enfants se passionnent pour les multiples rebondissements du film) : Tarzan et sa compagne.

 

 

Bigbonn

 

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