Nuit des sorciers, La
Titre original: La noche de los brujos
Genre: Zombie , Horreur , Vampirisme , Fantastique , Aventures , Sorcellerie
Année: 1973
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Amando de Ossorio
Casting:
Simon Andreu, Kali Hansa, María Kosty, Loreta Tovar, Jack Taylor, Bárbara Rey, José Thelman...
Aka: Les nuits d'amour des sorcières / La Nuit des sorcières / Night of the Sorcerers
 

1910 - en Afrique, une femme missionnaire (Bárbara Rey alias Barbara King) est faite prisonnière une nuit par une tribu vaudou. Elle est attachée à deux arbres puis fouettée jusqu'à ce qu'elle soit dépouillée de ses vêtements, avant d'être décapitée tandis que sa tête reste vivante et arbore des airs vampiriques. La tribu est ensuite abattue par une troupe de soldats...
Près de 60 ans après, une nouvelle équipe de recherche monte un safari au même endroit : le professeur Jonathan Grant (Jack Taylor), Rod Carter (Simón Andreu), un chasseur viril et vaguement macho, Elisabeth (Maria Kosty) et Carol (Lolo Tovar), deux blondes splendides, ainsi qu'une non moins somptueuse mulâtresse, Tunika (Kali Hansa). Tout ce petit monde va se retrouver en pleines manigances macabres puisque la tribu qui dormait depuis des décennies, non seulement revient des morts mais possède également quelques pouvoirs surnaturels comme celui de diriger d'anciennes sacrifiées transformées pour le coup en femmes léopards-vampires-sorcières. C'est tout du moins le cas de l'ex missionnaire. Le fouet claquera t-il à nouveau ? De nouvelles têtes seront-elles tranchées ? Des femmes blondes déshabillées en série ? Vous le saurez en regardant cette très sympathique Noche de los brujos !

 

 

On connait avant tout Amando de Ossorio pour sa tétratlogie gagnante des templiers morts-vivants allant de La révolte des morts-vivants à "La chevauchée des morts-vivants". Quatre exploitations inquiétantes et atmosphériques, un brin atypiques et tout du moins très personnelles, représentant pour les amateurs dans la carrière faite de hauts et de bas du sieur de Ossorio, un phare, sinon un point culminant. Certes le réalisateur finira sa carrière avec le médiocre "Hydra, le monstre des profondeurs" tandis que "La endemoniada" n'était pas très réussi. De l'autre côté, on note quelques bonnes réussites telles que The Lorelei's Grasp tandis que son "Pasión prohibida" reste à découvrir pour ma part. Quant à ce La Noche de los Brujos, il malaxe les mêmes ingrédients que la fameuse tétralogie, rallongé de généreuses doses de sang, de seins et de coups de fouets, laissant entrevoir popotins et courbes païennes. Tout contribue à en faire, en plus d'un délirant objet filmique de bande-dessinée, une véritable petite perle de cinéma trash, qu'il relève d'un plaisir coupable ou non.
Juste après "Malenka" puis La révolte des morts-vivants, de Ossorio, fort de son précédent film qui obtint un succès inattendu, voit rapidement aboutir son nouveau projet et 10ème film, lequel sera coproduit par la Hesperia Films S.A. (I maniaci, Bandidos, La cloche de l'enfer,...) et la Profilmes ("Las garras de Lorelei", "Dans les griffes du loup-garou",...), deux maisons de production assez modestes mais pourtant très lucratives alors en Espagne.

 

 

A l'arrivée, Night of the Sorcerers n'a rien d'un spectacle échevelé mais offre tant de compensations qu'il marque la rétine avec nombre d'images outrancières, à l'instar, par exemple, de certaines cases de bandes dessinées des collections Elvifrance. Les défauts sont faciles à recenser : d'une part, un scénario très pauvre et répétitif qui finalement ferait presque se diviser le film en trois segments quasi identiques (chaque femme est enlevée, fouettée, violée, décapitée, avant de muter et de se retourner contre les siens), de l'autre, une absence totale de suspens, ce qui, pour une Euro prod horrifique peut paraître de prime abord étonnant. D'autant plus que ce n'est manifestement pas ce que recherche ici le réalisateur, plus occupé à peaufiner quelques passages érotiques et gores, mâtinés d'une ambiance presque absurde ou surréaliste et en tout cas du plus bel effet. Quid de la fameuse séparation entre les artisans et les auteurs lorsque, en quelques images, il est impossible ici d'ignorer chez qui l'on est convié ? De Ossorio possède un univers ainsi qu'une manière de mettre en scène qui n'appartiennent qu'à lui...

 

 

Et pour le coup, il s'agit d'une grande salade dans laquelle sont lancées en pagaille pléthore d'exubérances racoleuses et assumées comme telles : un mélange de sadisme, de gore, de perversités diverses, d'érotisme exotique, mâtiné d'un large mépris de la vraisemblance pourvu qu'on ait la sensation. A ce titre, Amando de Ossorio se contrefiche complètement de respecter les mythologies et brasse allègrement celle du vampire, de la femme léopard, du vaudou, de la sorcellerie, du zombie, et même du film d'aventure colonial. A partir de là, ce qui importe n'est plus tant l'histoire elle-même ou la vraisemblance mais de savoir si le réalisateur atteint son but : toucher la corde sensitive, sensuelle et même sensationnaliste. La réponse est largement affirmative. Tourné à Madrid, au Safari Park d'Aldea del Fresno, de Ossorio parvient à nous faire avaler sa jungle grâce à quelques images tellement outrancières qu'elles relèveraient d'un cliché issu d'une conscience collective. S'ensuivent dans une période de libération sexuelle, de savoureux détails, puisque toutes les femmes ici présentes sont non seulement intronisées dans le groupe des sorciers pour devenir leur instrument de mort, mais servent, de l'autre côté de la caméra, d'objets purement érotiques et sensuels. Panthères le jour, croqueuses voluptueuses la nuit, le scénario est ainsi pensé pour que chaque segment se termine par une mise à nu au sens propre.

 

 

A l'instar du film de José Luis Madrid, on assiste à un défilé d'Horrible sexy vampire(s), en plus réjouissant cependant : les femmes sont ici diablement excitantes avec leurs longues canines, leurs coiffures et leurs ongles démesurés. Mais la petite dose de calomel sur cette partie de magie noire filmique, c'est leur tenue : un haut de bikini en peau de léopard tandis que le bas semble fait de paille. Leurs assauts, le plus souvent filmés au ralenti font presque figure d'orgasmes comme c'est également le cas dans la tétralogie des templiers zombies. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'on y retrouve María Kosty (Une libellule pour chaque mort, Los mil ojos del asesino), Bárbara Rey ("Le monde des morts-vivants" (le 3ème "Templiers") mais aussi "L'infirmière a le feu aux fesses" de José Ramón Larraz aux côtés de Laura Gemser), deux blondes ma foi plus que tentantes, quand bien même légèrement habitées et limites à cet égard pour une fellation, même rapidement effectuée entre deux broussailles. Viennent se joindre à cette festive cérémonie les ravissantes Loreta Tovar ("Ceremonia sangrienta" de Jorge grau et présente dans d'autres films de de Ossorio sans compter son apparition dans La chasse sanglante de Peter Collinson), et Kali Hansa que les amateurs de Jess Franco connaissent bien (Les ébranlées, "Les gloutonnes", La comtesse perverse, ...). Autant dire que les hommes ici présents font un peu pâle figure. Et ce ne sont certainement pas nos amis africains (ne sortant pas de sous terre pour renaître à la vie, mais de sous pierres), qui apporteront la preuve du contraire. Idem pour les pourtant incontournables Simón Andreu et Jack Taylor (acteur maso, qui, à peine échappé de ces suceuses-croqueuses, s'en allait tourner dans "Les avaleuses").

 

 

Bref, on pourra bien arguer qu'il s'agit d'un pauvre Z dépourvu de crédibilité que cela n'enlèvera rien au plaisir que l'on pourra prendre à la vision de cette bobine dotée d'une atmosphère à la fois kitsch, excentrique, généreuse, bourrée d'outrances graphiques décomplexées et qui offre tout compte fait, un moment de cinéma bis décérébré extrêmement divertissant.
Pour les fans de fouets, de clubs S.M, d'aventures exotiques, érotiques et trash, La nuit des sorciers est fortement conseillé en double programme avec Le serpent noir tourné la même année par Russ Meyer. Que du bonheur.

Mallox

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