Sang des autres, Le
Titre original: El secreto de la momia egipcia
Genre: Horreur , Vampirisme , Momies
Année: 1973
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Alejandro Martí (Sous le pseudo de Ken Ruder)
Casting:
George Rigaud, Frank Braña, Michael Flynn, Catherine Franck, Teresa Gimpera, Jacques Bernard...
Aka: Les chemins de la violence / Perversions sexuelles / Love Brides of the Blood Mummy / Le Secret de la momie égyptienne
 

Se présentant comme un égyptologue, James Barton, un inspecteur de police, arrive dans un village afin d'enquêter sur la disparition de plusieurs jeunes femmes dans cette même région. Les habitants du coin attribuent ces faits, semblent-ils assassins, aux pratiques singulières ayant cours dans le château du baron de Dartmoor, sans jamais oser s'en approcher...

 

 

El secreto de la momia egipcia, traduit en français par Le sang des autres, n'a strictement aucun rapport avec le film de Claude Chabrol auquel l'affilie Wikipedia, via la filmographie de Frank Braña, au moment où j'écris ces lignes. Réalisé par Alejandro Martí (sous le pseudonyme de Ken Ruder). Il s'agit du second et dernier film du réalisateur, après le tout aussi rare "Elisabet" en 1968, dans lequel un jeune couple avait maille à partir avec un groupe mystérieux de jeunes bandits. Celui-ci illustre un scénario écrit par un illustre inconnu, Vincent Didier, dont c'est la seule contribution cinématographique, ainsi que par Julio Salvador, quant à lui un peu plus réputé, puisque juste avant d'écrire ce script fourre-tout, semblant puiser dans le catalogue Universal et ses créatures monstrueuses, venait de coréaliser avec Ray Danton "La tumba de la isla maldita", dans lequel on retrouvait esprit maléfique, fantôme, zombie et vampire, le tout dans une histoire semble- t-il abracadabrante, matinée elle aussi de super-pouvoirs, et mettant en scène Andrew Prine, Patty Shepard, Mark Damon ainsi que Teresa Gimpera (également présente ici) dans le rôle d'une reine revenant à la vie tandis que des villageois disparaissaient.

 

 

C'est, à peu de choses près, le joyeux mélange que l'on retrouve dans ce Secret de la momie égyptienne, qui conjugue mythe du savant fou (à forte tendance Baron de Frankenstein), mythe de la momie, ainsi que celui du vampire qui, pour survivre, doit se nourrir de sang ; en l'occurrence et de préférence, ceux de jeunes vierges. Là-dessus, le scénariste n'hésite pas à rajouter une bonne dose de pouvoir surnaturel et l'on assiste, quasiment de manière parallèle (cette bobine n'est certes pas d'une fluidité parfaite), au récit d'une main maltraitée, puis baladeuse...

Soyons honnête, impossible de croire à cet improbable mélange, dans lequel un homme (Frank Braña) s'en vient pour enquêter, s'assied pour écouter une histoire, soit-disant vieille de deux mois, racontée par le tenancier des lieux, à savoir le conte Dartmoor (George Rigaud, qui lit dans les pensées et dit avoir mis des lustres pour décrypter les hiéroglyphes présents sur le manuscrit, lui-même présent dans le sarcophage égyptien acheté dans la Vallée des Rois...), avant de repartir à cheval, comme s'il n'était jamais venu.

Aucun procès à faire à Frank Braña ("Le Retour des morts-vivants", Le Sadique à la tronçonneuse, "La Folie des grandeurs", mais aussi une poignée de Leone) qui, dans un rôle plus en retrait qu'on ne l'eut cru, s'en sort honorablement, ni à George Rigaud (fort d'une impressionnante carrière commençant au début des années 30 et que l'on connaît notamment pour ses seconds rôles dans des gialli classieux tels que Perversion Story - à ne pas confondre avec le thriller "La machination" scénarisé également par Julio Salvador mettant aussi en scène Marisa Mell, Le venin de la peur, Il coltello di ghiaccio, etc, etc.), qui trouve ici l'occasion de camper un faux premier rôle, puisque très vite il devient narrateur (et un peu moins acteur au profit de la momie) pour, à la fin, revenir en scène.

 

 

Finalement, le résultat à l'écran est loin d'être aussi insipide ou ridicule que ses nombreux emprunts auraient pu le laisser croire : mixant les mythes et les genres, Alejandro Martí offre tout compte fait une bobine aux charmes aussi multiples que les sentiers qu'il emprunte. D'un côté, on y retrouve tout un pan de la Hammer versant historique ("Le grand inquisiteur", "Dracula, prince des ténèbres", La Gorgone et ses meurtres également mystérieux), de l'autre les cryptes et salles de tortures issues du cinéma gothique italien ("La vierge de Nuremberg"), éventuellement germanique (Le vampire et le sang des vierges, La marque du diable). A cela vient s'ajouter une sorte de naturalisme, fruit probable de son manque de moyens, permettant néanmoins, grâce à une somptueuse photographie en extérieurs, captant magnifiquement les éléments naturels (arbres effeuillés, champs de genêts, ciel assombri), d'imprimer un véritable cachet, en plus de se doubler d'un étonnant expressionnisme tout droit issu du cinéma muet (à noter que les scènes se concluent assez souvent par des fondus circulaires tandis que le personnage de la momie ressuscitée, campée par Michael Flynn, de par son apparente sobriété, évoque les figures mythiques du muet), le tout en instillant une véritable gueule d'atmosphère à ce qui finit par ressembler à une alchimie tenant du mirage, ou du miracle, selon.

 

 

El secreto de la momia egipcia finit par évoluer non loin d'un Jean Rollin (la musique quasi expérimentale de Max Gazzola ne fait que renforcer cette impression) qui aurait croisé un Amando de Ossorio au meilleur de sa forme.
Comme quoi, au royaume des savants fous, les mélanges les plus foutraques sur le papier peuvent parfois accoucher des résultats les plus surprenants. C'est le cas de Le sang des autres (ce titre d'exploitation française fait référence aux besoins nutritifs de notre momie) qui, comme quelques autres oubliés, mériterait d'être redécouvert puis réévalué, voire, dans le meilleur des cas, d'être édité dans une copie rendant hommage à ses qualités, et elles sont nombreuses...

Mallox

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