Watchers (La Créature)
Genre: Science fiction , Horreur , Thriller
Année: 1988
Pays d'origine: Canada / Etats-Unis
Réalisateur: Jon Hess
Casting:
Corey Haim, Michael Ironside, Blu Mankuma, Duncan Fraser, Lala Sloatman, Barbara Williams, Jason Priestley, Don S. Davis, Graeme Campbell...
Aka: La Créature (diffusion M6)
 

Dans un laboratoire gouvernemental controversé de l'État de Washington, spécialisé dans les radiations et la mutation génétique, deux cobayes s'échappent suite à un sabotage. Pas n'importe lesquels puisqu'il s'agit d'un chien, lui-même poursuivi par une entité créée de toute pièce, sorte de créature mi-homme, mi-chien, mais pour sûr, dangereuse. Voici qu'un peu plus loin dans la région, un garçon recueille ce chien errant qui s'avère à la fois sociable et doté d'une intelligence inhabituelle. Si la créature à ses trousses est dangereuse, plus dangereux encore seront les deux hommes envoyés pour les retrouver, notamment l'un d'eux, qui s'avérera être "programmé pour tuer"...

 

 

Coproduit par la Carolco Pictures de Mario Kassar et Andrew Vajna et la Concorde Pictures de Roger Corman, Watchers est avant tout "l'adaptation-trahison" d'un roman de Dean R. Koontz. Sorte d'alternative à Stephen King, Koontz fait partie de la caste des auteurs de livres fantastico-horrifiques les plus adaptés au cinéma. En passant, et à titre indicatif, il arrive même que certains metteurs en scène le puisent sans le citer, c'est ce qui arriva en 2003 avec le très surfait "Haute Tension" d'Alexandre Aja, lequel pompait allègrement et sans coïncidence possible (lisez le livre, voyez le film...) dans le roman "Intensité" du même auteur (lui-même porté à l'écran pour la télévision américaine). A ce titre, pas vraiment de procès outre-mesure à faire, ne pas acquitter les droits est un fait récurrent et parfois même une obligation pour mener à bien une production, a fortiori lorsqu'il s'agit de premiers travaux indépendants et aux budgets limités. Quoi qu'il en soit, on ne manquera pas de citer quelques adaptations en bonnes et dues formes telles que l'intéressant et inégal "Demon Seed", le thriller singulier et plutôt réussi de Serge Leroy, "Les passagers", "The Funhouse" de Tobe Hooper, ou encore "Phantoms" de Joe Chappelle et plus récemment encore, "Odd Thomas" de Stephen Sommers. On peut rajouter "Whispers", l'adaptation ratée d'un de ses plus grands succès et probablement l'un de ses meilleurs livres au sein d'une flopée de romans de qualité contestable : La nuit des cafards pour le titre français.
Quant à la réalisation, elle fut confiée au débutant Jon Hess, qui livrera par la suite une petite dizaine de pelloches très moyennement inspirées dont un mémorable "Alligator II, la mutation", suite mongoloïde et génétiquement modifiée du film de Lewis Teague.

 

 

Pourtant, Watchers alias La Créature est plutôt une bonne surprise et fut même nominé en 1990 pour le meilleur film fantastique international, sans que sa présence soit honteuse, au Fantasporto, un Festival de 30 ans d'âge à ce jour.

Outre Blu Mankuma (Le beau-père) et sa sympathique tronche de Droopy black, on y retrouve le jeune Corey Haim, ce, après une adaptation de Stephen King quelque peu sous-estimée, "Peur Bleue", et au sortir d'un succès absurde pour un film a contrario ridicule et surestimé : "Génération perdue". A ses côtés, ou plutôt à ses basques, l'incontournable Michael Ironside ("Scanners", McBain, Prom Night 2, Extrême Préjudice, etc. etc.), ici en scientifique sadique détenteur d'un terrible secret et prêt à tout pour arriver à ses fins, ce qui nous vaudra un final électrique et pétaradant.
A cet égard, se contentant le plus souvent d'illustrer un récit solide, sans génie particulier, Jon Hess aurait pu tranquillement se reposer sur le charisme de son méchant de première classe, mais il donne ici un peu plus que ce que nous étions supposés attendre d'un tel projet...

 

 

En effet, bien rythmé, parvenant à mixer de façon fluide et homogène récit de science-fiction, horreur pure, thriller et récit familial (la présence du golden retriever n'y est bien entendu pas étrangère), La Créature est un film plaisant de bout en bout, sachant garder quelques secrets tout en restant dans l'essentiel. Prenant de grosses libertés avec le livre original (héros bien plus jeune, rôles mère-copine inversés...) après un préambule rapide mais suffisant, la première partie joue de façon maligne sur les sentiments entre l'adolescent et ce chien de laboratoire d'intelligence supérieure. Ce même jeune homme fera dès lors tout pour convaincre sa mère de le garder ("Barbara Williams") tandis qu'il fera des allers-retours entre chez lui et sa copine (Lala Sloatman, nièce de Frank Zappa à la ville). Ainsi, se crée de manière autant prévisible qu'efficace un véritable suspens pour ce microcosme familial (on peut bien entendu aussi lui reprocher cette approche très basique).
A partir du moment où le chien est menacé, ce sont toutes les personnes ayant croisé son chemin qui le seront. Watchers avance par paliers et par extensions successives, faisant de la créature monstrueuse et dangereuse (Un OXCOM : Outside eXperimental COmbat Mammal, maillon faible assez peu crédible à l'écran, de fait souvent cachée, faute de moyens), une autre entité traquée par plus dangereuse qu'elle ; une traque qui fournit l'occasion de faire rebondir une action qui sans elle serait vouée à s'enliser.
C'est ainsi que Watchers avance, un brin sournois, l'oeil chassieux, semant sur son chemin quelques éclairs gores contrastant avec son côté "tout public" et balançant à des moments où l'on ne s'y attend pas forcément un empalement, une électrocution, des yeux arrachés de leurs orbites, une décapitation ainsi que quelques autres frivolités sanglantes du même acabit.

 

 

Bref, Watchers offre une récréation honnête et plaisante, ce qui ne sera en revanche pas le cas de ses suites : ni "Watchers II" de Thierry Notz en 1990, ni "Watchers III" de Jeremy Stanford en 1994, encore moins "Watchers Reborn" de John Carl Buechler en 1998 n'arriveront à la cheville de cette petite distraction qui, sans être transcendante, demeure globalement assez réussie et, en tout cas, jamais ennuyante.

Mallox

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