Strangler of the Swamp
Genre: Zombie , Horreur , Thriller , Fantastique , Drame
Année: 1946
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: Frank Wisbar (Franz Wysbar)
Casting:
Rosemary La Planche, Blake Edwards, Robert Barratt, Charles Middleton, Effie Laird (Effie Parnell), Pete Jeffers...
Aka: Der Würger im Nebel (Allemagne RFA)
 

Dans les terres marécageuses de Louisiane, on a une fâcheuse tendance ces derniers temps à mourir étranglé. Parmi les habitants, certains commencent à croire que c'est un homme innocent qu'ils ont autrefois pendu qui revient se venger des tous les descendants responsables de sa mort. Faut dire que trouver des cordes de potence en plein bayou n'est pas banal non plus et semble renforcer cette thèse...

 

 

Strangler of the Swamp est une réussite qui doit beaucoup à sa source. Il n'est rien d'autre à la base que le remake par Frank Wisbar -réalisateur né en Prusse-Orientale- de son propre film, "Fährmann Maria", tourné en Allemagne en 1936, soit trois ans avant son exode aux États-Unis. Les bases sont les mêmes : dans un coin retranché du monde, la mort menace de sévir. L'amour sera-t-il assez fort pour déjouer une fatalité qui s'annonce funeste ? L'histoire se voit donc tout simplement transposée d'un décor à un autre, d'une partie de la Lande de Lunebourg située dans l'Allemagne du Nord-Est au marais de Louisiane. Les budgets alloués pour les deux films ne sont pas comparables ; "Fährmann Maria" était une œuvre ambitieuse là où son remake est une petite série B produite par la PRC, spécialisée dans les productions et distributions à bas coût mais ayant l'avantage de faire travailler des cinéastes eux aussi en exode. C'est le cas par exemple pour Edgar G. Ulmer avec Girls in Chains, Barbe Bleue, Strange Illusion, Détour. Ailleurs, depuis "La chauve-souris du diable" en 1940, les films produits et/ou distribué pullulent. Parmi eux, Créature du diable (1943), "Le créateur de monstres" (1944), "Fog Island", "Shadows of Death" (1945) et bien d'autres encore.

 

 

Strangler of the Swamp est l'occasion plutôt rare d'y croiser le jeune Blake Edwards, futur réalisateur des "Panthère rose" et autres "The Party". On a tendance à oublier qu'avant de devenir le réalisateur que l'on sait, il eut une carrière d'acteur, soit dans des films un peu oubliés aujourd'hui et assez régulièrement comme figurant ou "cinquième-homme" non crédité au générique. Sa participation ici fait partie de ses rôles importants avec une poignée d'autres bobines telles que "Marshal of Reno" (1944), "Le justicier de la sierra" (Panhandle, 1948) ou "Leather Gloves" (1948). Il y endosse le rôle du jeune premier romantique qui, grâce aux sollicitations trop entreprenantes de George (Chris Drake /"Commando de la mort", Them!]) avec la ravissante jeune femme revenue sur les lieux de son enfance dix ans après, se doit d'intervenir avant de déclarer lui-même sa flamme. Quant à cette jeune femme, elle est campée par Rosemary La Planche, après quelques apparitions, notamment dans "Zombies on Broadway" de Gordon Douglas, Strangler of the Swamp est son premier grand rôle avant d'écumer une autre petite production de la PRC ("Devil Bat's Daughter" tournée dans la foulée par le même Frank Wisbar) puis de disparaître assez vite du paysage cinématographique. Il faut bien admettre que la raideur de son interprétation est à l'image de son patronyme et de la corde-potence du film, et qu'on n'a pas affaire à la nouvelle Gene Tierney. Ceci dit, pour faire preuve de parité, le jeune Blake Edwards s'y montre assez falot lui aussi.

 

 

Un bien beau couple qui demeure la grosse faiblesse de Strangler of the Swamp de par la place que leur romance occupe. Celle-ci plombe trop souvent une intrigue originale, transposée elle-même dans un décor quasi onirique, propice à l'atmosphère fantastique. Certes encore, les apparitions funestes de revenants en pleine brume marécageuse se fait parfois un peu mécanique et répétitive aussi, mais, bien qu'inférieur à l'original, Strangler of the Swamp propose un beau voyage dans une sorte de conte macabre et romantique, assorti d'un expressionnisme du plus bel effet.
À ce sujet enfin, il convient, avant de conclure, de souligner que l'expressionnisme, tout germanique, est redevable à des cinéastes tels que Murnau ("Nosferatu" pour le plus évident) et que le surnaturel et l'onirisme foncier doivent plus à Carl Theodor Dreyer et son "Vampyr". Des caractéristiques bien entendu déjà présentes dans le film original mais qui instillent un étonnant cachet et relief à cette petite production de série.
Quant à Franz Wysbar (ou Frank Wisbar pour son nom américanisé), contraint à l'expatriation alors que le régime nazi désapprouvait son travail, il retournera vivre en Allemagne au milieu des années 50 où il y reprendra ses activités avec une certaine vigueur à régler ses comptes. En témoignent des titres tels que "Chiens, à vous de crever", "L'ombre de l'étoile rouge" ou "Fabrique d'officiers S.S.".

 

 

Mallox

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