Étrange Mr. Slade, L'
Titre original: Man in the Attic
Genre: Horreur , Thriller
Année: 1953
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: Hugo Fregonese
Casting:
Jack Palance, Constance Smith, Byron Palmer, Frances Bavier, Rhys Williams, Sean McClory, Leslie Bradley, Tita Philips, Leslie Mathews...
Aka: Le tueur de Londres / Jack l'éventreur / De doder van Londen
 

En 1888, à Londres - Un mystérieux assassin mutile d'anciennes actrices pendant qu'un étrange locataire s'installe dans une tranquille pension de famille.

 

 

Inédit en France, Man in the Attic est une adaptation du roman "The Lodger" de Marie Belloc Lowndes, qui fut adapté plusieurs fois au cinéma. En 1927, Alfred Hitchcock, en pleine période anglaise, tourne sa version intitulée "Les Cheveux d'or". En 1932 sort "The Lodger / The Phantom Fiend" (de Maurice Elvey) avec Ivor Novelo, acteur de la version de Hitchcock qui reprend son rôle de locataire et participe au scénario de ce remake. Puis, en 1944, la 20th Century Fox sort "Jack L’éventreur", une autre adaptation réalisée par John Brahm avec dans le rôle principal Laird Cregar. A noter que dans le roman et les deux premières adaptations, le fameux locataire est bien innocent. Barre Lyndon, le scénariste, était déjà l'auteur de la précédente version de 1944. Il signera aussi un épisode pour la série "Thriller", intitulé "Yours Truly, Jack the Ripper" (tiré du roman de Robert Bloch).

 

 

Jack Palance (1919-2006) était une de ces figures incontournables du cinéma. Il est apparu dans de nombreuses productions aussi variées qu'internationales. Son succès, il le doit à sa "gueule" qui, selon la légende, serait due à des blessures reçues lors de son passage dans l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale, une invention de son attaché de presse selon l'intéressé. N'empêche, avec sa figure coupée à la serpe, cet ancien boxeur devient un second couteau incontournable. Il débute en 1950 dans "Panic in the Streets/Panique dans la rue", avec Richard Widmark, où il incarne une victime de la peste noire. C'est le début d'une longue carrière, riche d'une centaine de films, qui durera plus de quarante ans. Au fil des interprétations, l'acteur va creuser son sillon avec des rôles parfois incontournables ("Dracula et les femmes") et des prestations mythiques comme dans "Shane / L'homme des vallées perdues" (tourné la même année que le film de Fregonese) et dont le personnage de tueur inspirera Morris pour un album de Lucky Luke ("Phil Defer"). La fin de sa carrière sera marquée par la reconnaissance grâce à "Bagdad Café" et "La Vie, l'amour, les vaches", mais aussi des apparitions dans "Tango et Cash" ou le "Batman" de Tim Burton, ce qui ne l’empêchera pas de cachetonner dans "Cyborg 2" ou "Gor".

 

 

L'Irlandaise Constance Smith (1928-2003) commence sa carrière en Angleterre, puis part pour les États-Unis où elle tournera sept films : "La Treizième Lettre" (The 13th Letter), "Prisonniers du marais" (Lure of the Wilderness), "Duel dans la forêt" (Red Skies of Montana), "Taxi", "Le Trésor du Guatemala" , L'Étrange Mr. Slade et "The Big Tip Off". Elle reviendra en Europe pour finir sa carrière en 1959 avec "Le Chevalier sans terre". Une carrière qui aurait put être plus mémorable si la vie privée de la belle actrice ne s'en était mêlée. D'un caractère peu conciliant, elle se heurta aux producteurs qui voulaient qu'elle change de nom. En 1953, elle accepte de se faire avorter, pensant que les studios américains renouvelleront son contrat. Pas de chance, elle doit s'exiler en Italie et tombe doucement dans l'alcool et la drogue, aigrie de voir passer sous son nez les rôles qu'elle jugeait à la hauteur de son talent. En 1960, Constance retourne à Londres avec son amant du moment, un certain Paul Rotha, qu'elle va tenter de poignarder (!!!!) à plusieurs reprises, ce qui lui vaudra un séjour en prison. À sa libération, les deux amants se marieront et resteront ensemble jusqu'à la mort de Rotha en 1984. La pauvre travaillera ensuite comme femme de ménage entre deux tentatives de suicide, et mourra en 2003 à 75 ans de mort naturelle !

 

 

Lorsqu'en 1888 cinq prostituées se font assassiner dans le quartier de Whitechapel, personne ne se doute que cent-trente ans plus tard, ce fait divers serait devenu l'une des affaires criminelles les plus célèbres du monde, à cause d'un surnom : "Jack l’Éventreur". Le mythe a depuis pris le pas sur le tueur et engendré des centaines de récits, pièces, opéras, romans ou films. Le tueur est entré dans la culture populaire, au point d'apparaître dans un épisode devenu culte de la série Star Trek : Un Loup dans la bergerie, écrit par Richard Bloch, alors qu'en 1990 Lita Ford chantait The Ripper sur son album Stilleto !
Au cinéma, le personnage s'est vu interprété par divers acteurs (Klaus Kinski, Anthony Perkins, David Warner...) dans des productions parfois discutables. Un acteur de la trempe de Jack Palance pouvait-il passer à côté ? Il semblerait que non, car le voilà embarqué dans cette nouvelle version d'un roman de 1913 déjà adapté plusieurs fois. Évidemment, la performance de Palance est indéniable, mais ne laisse planer aucune ambiguïté, ce qui neutralise une grande part du suspens. Le film se concentre donc davantage sur Jack l'Éventreur et ses tourments (va-t-il trucider la belle nièce de ses logeurs ?) alors qu'un inspecteur suspicieux commence à le soupçonner, ainsi que sa logeuse !

 

 

Parmi les innombrables versions qui circulent sur le tueur de Whitechapel, le film de Hugo Fregonese se classe dans les honnêtes interprétations du mythe. Un peu vieillot, le film dégage cependant un certain cachet, et le réalisateur se permet quelques plans assez réussis comme le générique de début où la silhouette du tueur observe une patrouille de police traversant un pont. Si l’interprétation de Palance est excellente, celle de Constance Smith n'est pas négligeable. Avec des petits airs d'Elizabeth Taylor jeune, la belle actrice irlandaise ne démérite pas et dégage une réelle volupté, ce qui mettra à l'épreuve notre brave tueur et le mènera à sa perte. Celle-ci arrivera après une belle poursuite en calèche qui se terminera sur un pont au-dessus de la Tamise ( en fait, une petite rivière reconstituée en studio pour un autre film) ; un final qui laisse planer néanmoins un doute !
Dans l'ensemble, Man in the Attic est un bon divertissement qui se suit sans ennui. En tout cas, rien ne manque à l'appel, tous les stéréotypes d'usage sont présents avec la victime horrifiée contre un mur ou les policiers qui patrouillent dans la brume... Les amateurs apprécieront !

 

 

The Omega Man



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# La fiche dvd Artus Films de L'étrange Mr. Slade

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