Filo del miedo, El
Genre: Giallo , Thriller , Gothique
Année: 1964
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Jaime Jesús Balcázar (J.J. Balcazar)
Casting:
Yelena Samarina, Carlos Lemos, Fernando Cebrián, Sara Lezana, José Calvo, Ana María Alberta, Óscar Monzón...
Aka: The Edge of Fear (USA / Titre littéral anglo-saxon)
 

La veille de Noël, la famille Urdaz est réunie dans le manoir du patriarche Don César (José Calvo). Le vieil homme règne sur la famille de manière tyrannique mais un événement extérieur inattendu vient déclencher sa colère qui explose en plein dîner : Don César vient de recevoir une lettre anonyme lui annonçant sa propre mort durant la nuit à venir. Méfiant et sanguin, il invective aussi bien ses deux fils que sa fille et sa bru. Seule Marta (Mercedes Borqué), la servante, trouve grâce à ses yeux et est épargnée par ses reproches. Carlos (Fernando Cebrián), son fils aîné, se voit reprocher son mariage et son avidité chronique, Javier (Oscar Monzón), son cadet, se voit réduit à un jeune homme oisif tout juste bon à courir les jupons tandis qu'Amelia (Yelena Samarina) se voit rappeler son statut de fille-mère dont le fils a disparu depuis des années. Tout cela serait probablement sans grandes conséquences si, dès le lendemain matin, Don César ne s'était pas véritablement volatilisé sans laisser de traces...

 

 

El Filo del miedo est étonnant à plus d'un titre car, à la manière des gialli gothiques, il s'inscrit dans deux genres : celui initié jadis par "Rebecca" d'Alfred Hitchcock, "Hantise" de George Cukor ou bien encore "Deux mains, la nuit" (The Spiral Staircase) de Robert Siodmak, à savoir le mélange de "péril en la demeure", fait de disparitions mystérieuses et de tueur en série tapi dans la communauté (ici la famille), et le giallo. Pour ce dernier genre - auquel l'appartenance de certains films fait régulièrement débat - il convient de souligner que les disparus de El Filo del miedo sont probablement assassinés, les uns après les autres, et que ce thriller, signé Jaime Jesús Balcázar, possède un whodunit. Des caractéristiques qui en font ni plus ni moins qu'un pré-giallo.

Bien entendu, il est toujours délicat de trop en dire, encore que cette bobine soit aujourd'hui reléguée au grenier, mais, histoire d'enfoncer le couteau dans la plaie et ce, sans prendre de gants, signalons que la seconde victime de El Filo del miedo n'est autre que la personne la plus soupçonnée, elle-même en précédant une autre dont l'agression est la première montrée à l'écran... Au point où nous en sommes, et, eu égard aux oublis encyclopédiques, continuons de spoiler en précisant qu'on voit cette troisième victime se faire étrangler dans le jardin, la main de son bourreau surgissant de nulle part ! Mieux (ou pire) encore, on retrouve finalement tout ce beau monde assassiné et déposé dans une crypte ! Ajoutons à cela la présence en embuscade, au sein d'une intrigue retorse, d'un fils abandonné à sa naissance, qui aurait au moment des faits atteint un âge adulte. Il se pourrait donc bien que celui-ci traîne dans les parages pour se venger de son sort. Chacun jugera mais voilà en tout cas de quoi l'intrigue de El Filo del miedo est composée.

 

 

Exploité à partir de janvier 1967 bien que tourné en 1964, El Filo del miedo est le premier film réalisé par Jaime Jesús Balcázar, lequel venait d'être assistant sur Constance aux enfers, pré-giallo montmartrois signé François Villiers. Ce n'est certes pas le plus grand metteur en scène espagnol mais sa filmographie, autant comme scénariste que réalisateur, a arpenté nombre de genres en vogue, du western au thriller et au poliziottesco, de la science-fiction au film d'aventure, pour bifurquer vers l'érotisme à l'amorce des années 80. Une carrière relativement honorable qui contient des titres comme 4 dollars de vengeance (une adaptation correcte du "Comte de Monte-Cristo"), "La Nuit du massacre" avec Tomas Milian et Anita Ekberg, et, comme scénariste, Superargo contre Diabolikus de Nick Nostro, "Gentleman Killer" de Giorgio Stegani, "Le Château de Fu Manchu" de Jess Franco ainsi que Plaisirs pervers aka Le Miel du diable de Lucio Fulci.
En tout cas, du haut de ses 70 petites minutes, El Filo del miedo est mené sans temps mort, parvient à maintenir son mystère et l'identité du coupable avec, en plus de contenir quelques surprises...

 

 

El Filo del miedo est imparfait (quelques dialogues sont saugrenus) et demeure une toute petite chose, mais l'un des facteurs de sa réussite est qu'il n'hésite jamais à se montrer excessif. Ainsi la musique composée par le très talentueux Adolfo Waitzman (La Cloche de l'enfer, Le Miroir obscène, Pensione paura, ...) fait irruption de façon aussi tonitruante que sensationnaliste. Ailleurs, le leitmotiv qui veut qu'à chaque repas il manque un convive est amusant.
Finalement, à sa vision, on a le sentiment d'assister par avance à quelques bobines qui feront la joie des amateurs d'exploitation, à savoir Contronatura, Qualcosa striscia nel buio, La mansión de la niebla ou bien encore L'Assassin a réservé 9 fauteuils.

Côté distribution, hormis José Calvo qu'on connait bien (il est présent la même année dans "Pour une poignée de dollars") et Yelena Samarina, actrice russe qu'on reverra dans l'injustement méconnu La Fille de l'exorciste et le déjà cité La mansión de la niebla, ils sont restés méconnus dans notre contrée. Mais si leurs visages ne nous sont pas forcément familiers ni même charismatiques, ils s'en sortent unanimement avec les honneurs.

 

 

Mallox

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