Vierges de la pleine lune, Les
Titre original: Il Plenilunio delle Vergini
Genre: Horreur , Gothique
Année: 1973
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Luigi Batzella (pseudonyme de Paolo Solvay)
Casting:
Mark Damon, Rosalba Neri, Francesca Romana Davila, Esmeralda Barros, Xiro Papas, Sergio Pislar...
Aka: Les Vierges Maudites de Dracula / The Devil's Wedding Night
 

Au XVIIIe, ou au XIXe siècle, l'époque est indéterminée mais peu importe... Karl Schiller est un érudit qui consacre son temps à la recherche du légendaire anneau des Niebelungen. Cet artefact conférerait d'immenses pouvoirs à son détenteur. Après bien des études, Karl est persuadé que l'objet en question se trouve dans un château situé au coeur des Carpathes : l'ancienne propriété du défunt Comte Dracula ! Malgré les rumeurs qui circulent sur l'existence de vampires, Karl n'a pas peur de se rendre sur place, car il possède une amulette protégeant contre le mal. Il confie les résultats de ses travaux à son frère jumeau Franz. Si Karl est désintéressé, et souhaite remettre l'anneau à un institut archéologique, Franz est beaucoup plus pragmatique et matérialiste. L'anneau l'intéresse aussi, mais dans l'unique but de lui apporter richesse et puissance.

 

 

Du coup, Franz, sans le moindre scrupule, dérobe l'amulette à son frangin, saute sur son cheval, et part en direction des Carpathes. Il fait étape dans une auberge, et ne résiste pas, en bon séducteur qu'il est, à faire du rentre-dedans à la fille du tenancier. Celle-ci lui raconte que tous les cinquante ans, lors de la première nuit de pleine lune de l'été, cinq filles vierges du village sont choisies par les puissances du mal et conduites au château. Evidemment, la date fatidique est imminente. Mais cela ne paraît guère effrayer Franz, qui passe la nuit avec la fille, sans s'être rendu compte qu'un type étrange le surveillait. Le pire, c'est qu'au matin, il part en direction du château en ayant oublié l'amulette.
Arrivé devant l'édifice, il est accueilli par la gouvernante, Lara, qui lui signifie que la maîtresse des lieux (la Comtesse Töningen De Vries) est absente. Il est néanmoins le bienvenue, jusqu'au retour de la Comtesse. Franz en profite pour faire le tour du propriétaire. Il réalise alors qu'il n'a plus l'amulette avec lui. D'autant plus dommage qu'il semble se passer des choses bizarres dans le château. Comme dans la crypte, par exemple, où il se retrouve face à un cercueil où repose Lara, apparemment morte. Peu à peu, le piège se referme sur Franz, envoûté par la Comtesse dès son retour, qui n'est autre que la veuve du Comte Dracula. Seul Karl, parti à son tour au château, va pouvoir être en mesure de lui porter secours...

 

 

Acteur dans les années 1960, Luigi Batzella est passé à la réalisation au début des seventies, avec des films estampillés "eurotrash" comme "La Bestia in Calore" ou Nude for Satan. Si les oeuvres de Batzella sont généralement inégales, Les Vierges de la Pleine Lune peut être considéré comme son film le plus abouti. Mieux, en matière de gothique décadent, c'est une réussite majeure, un fleuron du cinéma bis, alliant l'esthétisme de la Hammer à la démesure du cinéma de genre italien de l'époque. Produit par Massimo Pupillo (Cimetière pour Morts-Vivants, Des Vierges pour le Bourreau), la photographie est due à Aristide Massaccesi : autrement dit Joe D'Amato. Ce cher D'Amato, s'il n'a pas été souvent un bon metteur en scène, a par contre toujours été très performant en tant que directeur de la photographie (cf L'Antéchrist). Le travail accompli sur Les Vierges de la Pleine Lune est remarquable, proche d'un Tim Burton. Une photographie et des décors particulièrement léchés, et une musique alternant classicisme et envolées baroques, sous la baguette de Vasil Kojucharov.

 

 

En ce qui concerne les acteurs, on notera la double performance de Mark Damon (La Chute de la Maison Usher, "Les Trois Visages de la Peur", Nude... si muore), puisqu'il joue à la fois Karl et Franz Schiller, et parvient parfaitement à livrer deux prestations opposées, reflétant les personnalités contrastées des jumeaux. Une agréable surprise que de voir Damon se lâcher complètement dans ce film, lui qu'on a souvent vu dans des rôles plus en retenue, bien trop sobres. Dans Les Vierges de la Pleine Lune, il campe un dandy décadent à souhait, les yeux noyés sous le khôl, et la rouflaquette saillante. Loin de son jeu trop souvent timoré, Damon est ici complètement décomplexé, et compose un duo de choc avec l'une des stars féminines du cinéma bis : Rosalba Neri. L'Italienne a marqué de son talent et de sa beauté le cinéma de genre, dans de nombreux films parmi lesquels La Clinique Sanglante, Lady Frankenstein ou Amuck. Elle est ici encore une fois lumineuse, et l'on n'est pas près d'oublier la scène où elle se lève de son tombeau, recouverte du sang frais que vient de lui verser sa servante. On pense à un autre film, réalisé trois ans plus tôt : le "Countess Dracula" de Peter Sasdy, avec la belle Ingrid Pitt.
A leurs côtés, on retrouve l'actrice brésilienne Esmeralda Barros, qui connut son heure de gloire dans le très bis Jungle 2000, et aussi Xiro Papas, autre figure emblématique du cinéma de genre, et inoubliable Mosaïque du Frankenstein 80 de Mario Mancini.

 

 

Les Vierges de la Pleine Lune bénéficie de surcroît d'un rythme élevé, si bien que l'on ne s'ennuie pas un seul instant à suivre les pérégrinations des frères Schiller. Bien sûr, le scénario est tarabiscoté, et certaines situations invraisemblables, mais il n'en demeure pas moins que le film possède les qualités inhérentes au cinéma gothique traditionnel et les excès démentiels du cinéma italien des années 70. Un mélange à priori contre nature mais dont l'alchimie fonctionne ici à la perfection. Avec en plus un Batzella inspiré à la caméra, nous gratifiant de plans incroyables, et le plaisir est donc total.

 

Note : 8,5/10

 

Flint

 

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