L'Etrange Festival Lyon : 3ème édition |
Écrit par Mallox |
Il aura lieu du 31 mars au 6 avril 2010 au Cinéma Comoedia, 13 avenue Berthelot à Lyon. Depuis maintenant trois ans, L’Etrange festival Lyon défend un cinéma alternatif et offre un autre regard aux spectateurs lyonnais.
Pari gagné puisque le public a répondu présent aux rendez-vous cinéphiles organisés par l’équipe de ZoneBis !
Les invités de l’Etrange festival Lyon : La programmation :
- Les reflets d'Alice
Voyage initiatique d'une jeune femme dans un univers sans homme ou presque, Morgane est une perle délaissée du cinéma fantastique français à l'érotisme délicatement vénéneux. Alice au pays du romantisme décadent ?
Valérie et la semaine des merveilles - Jaromil Jires
Adaptation d'un texte de l'écrivain surréaliste Vítězslav Nezval, on s'éloigne déjà du texte fondateur. Alice s'appelle ici Valérie, et le monde merveilleux qu'elle explore est celui des adultes, cependant peuplé de créatures aussi étranges que celles du wonderland de Carroll. L'héroïne côtoie ainsi vampires et moines libidineux.
Alice (Neco z Alenky) - Jan Svankmajer
Alice est une adaptation du texte de Lewis Caroll, c'est à dire relativement fidèle à la lettre et à l'esprit. Sauf qu'avec Svankmajer rien n'est jamais ordinaire, et donc voici une version qui magnifie le clivage innocence/bizzarerie du matériau d'origine, à des lieues des impératifs d'un cinéma mainstream.
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- Hommage à Paul Bartel
La course à la mort de l’an 2000 (Death Race 2000) - Paul Bartel
En l’an 2000, les jeux du cirque ont fait leur retour sous la forme d’une course automobile ultra-violente où les candidats d’entretuent, n’hésitant pas à massacrer le public pour marquer plus de points. Une jeune résistante infiltre la voiture du champion national et tente de saboter la course.
D’un petit film de commande, Bartel livre une adaptation trash des « Fous du volants » sur fond de satire sociale, transformant une petite série B en œuvre d’anticipation pessimiste, outrancière et cartoonesque.
Eating Raoul - Paul Bartel
Mary et Paul s’aiment d’un amour tendre et pur. Un jour, Paul tue par accident un riche voisin partouzeur qui tentait de violer Mary. Découvrant que les pervers sexuels sont pleins aux as, le gentil couple passe des petites annonces roses, et assassine sa clientèle.
Confrontation entre le couple rêvé d’une Amérique puritaine et le monde décadent des années 80, Eating Raoul est une comédie noire qui ne confond jamais provocation facile et mauvais goût assumé. Chez Bartel, l’humour est froid, méchant et tombe toujours juste, comme un coup de poêle à frire.
Lust in the dust - Paul Bartel
Chili Verde est un trou perdu du Nouveau Mexique, décoré de quelques masures, d'une église et d'un saloon. Mais qu'est ce qui y retient sa population, majoritairement constituée de bandidos et filles légères ? Une histoire de trésor caché bien sûr. Mais où ?
Imaginons que le corpus cinématographique de John Waters copule avec celui de Sergio Leone, et qu'il en résulte un rejeton sur pellicule. Un film qui reprendrait les poncifs du western spaghetti dans le cadre d'une parodie outrée. Dans laquelle les scènes de bagarre de saloon tourneraient en catfight et où la gent féminine conduirait les pistoleros à la braguette. Un film à la distribution aussi éclectique que surprenante, avec entre autres Woody Strode, Divine et Henry Silva. Une fascinante aberration. Un film qui s'appellerait Lust in the Dust.
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- Panique! (Mouvement Panique)
Marquis, film sadien par excellence, ose la relecture du divin Marquis au travers de son sexe parlant, considéré comme un être vivant totalement autonome. Difficile d’aller plus loin dans la perversion burlesque.
Viva La Muerte - Fernando Arrabal
Viva la muerte s'immerge dans les fantasme morbides d’un jeune garçon en proie à une relation œdipienne durant l’occupation franquiste. L’image du père étant la clef de voute de cette bombe visuelle longtemps censurée.
La Montagne Sacrée (The Holy Mountain) - Alejandro Jodorowsky
Expérience mystique prenant la forme d’un trip psychédélique totalement déjanté avec un fourmillement d’idées hallucinantes transparaissant à tous les plans. Un choc !
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- Les avants-premières
Enter The Void – Gaspar Noé - Première Française
A Tokyo, Oscar, petit dealer, est blessé par balle. Tandis qu'il agonise, son esprit refuse de quitter le monde des vivants et erre alors dans la ville. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire.
Troisième long métrage de son réalisateur, Enter The Void repousse les limites des expérimentations visuelles initiées dans Irréversible et transporte le spectateur dans un trip hallucinant bourré de triturations visuelles et numériques. Sur une musique de Thomas Bangalter (Daft Punk), Gaspard Noé nous montre Tokyo comme on ne l’avait jamais vu, et confirme par la même occasion qu’il est le plus doué des réalisateurs de son époque. Enter The Void sera présenté pour la première fois au monde dans sa version totalement finalisée.
En présence de Gaspard Noé
Mammuth - Benoît Delépine & Gustave Kervern
Pilardos vient d'avoir 60 ans et travaille depuis l'âge de 16 ans, jamais au chômage, jamais malade. Mais l'heure de la retraite a sonné, et c'est la désillusion : il lui manque des points, certains employeurs ayant oublié de le déclarer ! Il part à la recherche de ses bulletins de salaires mais durant son périple, il retrouve son passé et sa quête de documents administratifs devient bientôt accessoire...
Après les hallucinants Aaltra, Avida et Louise-Michel, le nouveau film du duo grolandais Delépine et Kervern réunit un casting surprenant (Depardieu, Moreau, Poelvoorde, Adjani, Lanners …) au service d’un scénario complètement barré. En compétition au dernier festival de Berlin, Mammuth fait un détour par L’étrange Festival Lyon.
Splice - Vincenzo Natali
Célèbres pour avoir combiné de l’ADN en provenance de différentes espèces animales afin d’en créer de nouvelles, Clive et Elsa, deux jeunes scientifiques, décident d’outrepasser les limites légales et éthiques de leurs expériences en y adjoignant de l’ADN humain... A partir de là tout dérape.
Vincenzo Natali revient avec un sujet que n’aurait pas renié un David Cronenberg de la grande époque, celui de la manipulation génétique. Aidé par de formidables SPFX que l’on doit à la prestigieuse société française Buf Compagny, les délires crypto-zoologiques du réalisateur vont au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. Le cinéma fantastique possède un bestiaire déjà bien fourni, il devra dorénavant compter avec les concepts ahurissants de Splice.
Accidents Happen - Andrew Lancaster
La vie des Conway est jalonnée d’accidents qui ne cessent de modifier le cours de leur histoire. Tout commence par la mort par barbecue du voisin qui, par effet de boule de neige, précipitera la famille dans une succession de drames mettant à mal les liens les unissant.
Subtil mélange entre Stand By Me et Final Destination, Accidents Happen est un petit bijou méconnu en provenance d’Australie. Andrew Lancaster, le réalisateur, a longtemps œuvré dans la musique pour d’autres films, dont le sympathique Garage Days d’Alex Proyas. Il signe ici un premier film hallucinant de maitrise et d’émotion, d’une mélancolie festive et communicative. On n’avait pas jubilé de cette façon au cinéma depuis Donnie Darko.
Echo (Ekko) – Anders Morgenthaler
Un policier divorcé, qui vient de perdre la garde de son fils de six ans, s’enfuit avec lui dans une maison isolée. Cet enlèvement qui cache un acte d’amour désespéré va bouleverser le lieu désert, en apparence si calme et en réalité si dangereux.
Anders Morgenthaler avait beaucoup impressionné avec Princesse, un mélange expérimental d'animation traditionnelle et de prises de vue réelles au contenu sulfureux. Le Danois veut faire revivre l’horreur à travers les yeux d’un enfant dans Echo, son nouveau film dont l’atmosphère se situe quelque part entre Paperhouse de Bernard Rose (1988) et L’été où j’ai grandi, de Gabriele Salvatores (2003). Une proposition de cinéma aussi effrayante qu’éblouissante, suspendue entre le paradis et l’enfer.
Erzsébet Báthory, la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle, sombre progressivement dans la folie suite à une rupture avec un jeune homme dont elle était éperdument amoureuse. Elle se persuade alors que le sang de jeunes vierges lui procurera jeunesse et beauté. Elle initie une série d'actes sanglants, à la recherche de la jeunesse éternelle.
Julie Delpy, réalisatrice, actrice, scénariste et compositrice s’est investie pleinement dans cette adaptation du mythe de la comtesse Báthory. Loin d’édulcorer le propos originel, cette nouvelle relecture garde une noirceur bienvenue et, servie par une direction artistique splendide, retranscrit sans compromis la folle quête d’une chimérique jeunesse.
Villemolle 81 – Winshluss
Dans le village de Villemolle, une équipe de journalistes vient tourner un documentaire sur les aléas de la vie de cette bourgade typique, tandis qu’au même moment une météorite s’écrase et redonne vie à toutes les chairs mortes, du cimetière au barbecue compris.
Entre Groland et L’Enfer des Zombies, il y a Villemolle 81. Coréalisateur de Persepolis, auteur de la BD Pinocchio (Fauve d’or au festival d’Angoulême en 2009) et rédacteur en chef de la revue Ferraille Illustré (les Requins Marteaux), Winshluss transgresse les codes du film de zombie. On assiste hilare à la découverte de ce village pas si caricatural que ca, pour basculer ensuite et sans prévenir dans le gore craspec et la folie furieuse. Humour rentre dedans et passage d’animation en 2D et stop-motion font du film un véritable cartoon live !
Blackaria - Christophe Robin et François Gaillard, Première Mondiale
Angela découvre les moeurs libertines de sa voisine, Anna-Maria. Cette révélation tourne à l'obsession, et la fait progressivement dériver vers de macabres visions. Un soir, elle trouve son corps mutilé et récupère les fragments d’une boule de cristal aux pouvoirs divinatoires. A partir de ce moment, futur et présent s’entremêlent, tandis que les meurtres eux continuent.
En dépit d'un budget limité, les réalisateurs offrent au spectateur un hommage sincère au giallo italien. Les meurtres y sont graphiques, les plans gore montrés frontalement, les filles sublimes et souvent dénudées. L’absence de moyens financiers est compensée par une mise en scène inventive doublée d'une musique entêtante. Blackaria a tout du futur film culte.
En présence des réalisateurs.
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- Carte blanche à Nanarland
Quand la vengeance d’un trafiquant de drogue croise la quête d'un guerrier de l’ombre à la recherche d’une statuette d’invincibilité du temple ninja, Interpol devra s’en mêler pour faire triompher la lumière.
Godfrey Ho, l’homme qui a popularisé le copier/coller cinématographique nous offre sa spécialité : deux films pour le prix d’un réunis grâce à un douteux procédé téléphonique. Depuis la présence de Richard Harrisson et Hwang Jang Lee, qui tiennent l’affiche bien que n’ayant jamais tourné ensemble de leur vie, jusqu’aux scènes d’action invraisemblables mâtinées de dialogues rocambolesques, tous les ingrédients sont réunis pour donner un des films de ninja les plus improbables du genre.
Un jeune couple tombe en panne lors d’un voyage en Normandie. Ils vont y subir une terrible malédiction qui les verra croiser le chemin d’un tueur monstrueux, d’une momie, et d’autres envoyés du diable !
Tentative maladroite et naïve de concilier poésie fantastique et gore, Devil story est un film autre. Premier et dernier film d’horreur normand, il est sorti en pleine période faste du vidéo-club et du slasher US. S’il se pose comme une tentative d’alternative française au genre, la folie pure et involontaire qui en émane le rapprocherait plutôt du monolithe noir de "2001 Odyssée de l'Espace", tant on devine que l'humanité n'est pas encore prête à en percer tous les secrets.
- Séance pour adulte
Les Tringleuses - Alphonse Béni
Paris. L'inspecteur Dubois (Alphonse Béni) enquête sur des cambriolages de gros billets et de bijoux (et au passage quelques assassinats) effectués par la Bande des Barbus. Il retrouve les malfaiteurs et en abat quelques uns avant de découvrir que l'un d'eux est son frère.
Quand polar rime avec boulard, Alphonse Béni signe un film érotico-policier bien monté. L'intrigue, bien que classique, se démarque par ses dialogues décalés et par une théorie familiale digne d'intérêt. Les scènes d'amour, entre quelques courses-poursuites, achèvent de donner du rythme au savoureux "Les mecs, les flics et les putains", mieux connu sous le nom de Les Tringleuses.
Documentaire & débat
Marvel 14 : Les super-héros contre la censure - Philippe Roure & Jean Depelley
Les super-héros Marvel sont apparus en France dans les années 60 avec le magazine Fantask puis dans Strange et Marvel. Ce dernier fut supprimé après 13 numéros et le numéro 14 n’est jamais sorti. Annoncé puis interdit, devenu mythique, un seul exemplaire vaudrait aujourd’hui une fortune, s'agit-il d'un fantasme de collectionneur ou bien d'un magazine réel ?
Le documentaire revient sur la frustration de millions de fans attendant en mars 1971 la parution du numéro désiré, censuré selon certains par les ligues de familles chrétiennes et les communistes pour sa violence et son idéologie américaine capitaliste. Mais derrière ce sujet s’en cache un bien plus important : celui de la censure en France au début des années 70 !
Un débat sera organisé après la projection en présence des réalisateurs, de Raphaël Colson (Les moutons électriques) et Claude Vistel (éditions Lug).
Exposition Les Requins Marteaux
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