C'est le 16 mai que sort dans les salles No dormirás, thriller signé Gustavo Hernández, réalisateur qui, si l'on se fie à la thématique de son film, s'inscrit dans une démarche artistique de recherche constante, ...
NO DORMIRÁS
Un film de Gustavo Hernàndez (The Silent House) Avec Belén Rueda (L'Orphelinat), Eugenia Tobal et Eva de Dominici Pays : Espagne / Argentine / Uruguay Durée : 106 minutes Langues : VOSTF/VF
Synopsis : 1984 - Dans un hôpital psychiatrique abandonné, une compagnie théâtrale menée de main de maitre par Alma (BELÉN RUEDA), expérimente une technique extrême de jeu. En privant ses comédiens de sommeil, Alma prétend les préparer à donner le meilleur d'eux-mêmes. Au fur et à mesure des jours d'insomnie, les acteurs ressentent des choses de plus en plus étranges... Bianca (EVA DE DOMINICI), jeune actrice en compétition pour le rôle principal, tente de percer les secrets de cet étrange endroit et devient bientôt l'objet de forces inconnues.
Page Facebook :
https://www.facebook.com/NoDormirasLeFilm/
Sur Allociné :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=258001.html
Sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=uBc6hdxS-V0&feature=youtu.be
https://www.youtube.com/watch?v=ER0OIM-6CY0&feature=youtu.be
https://www.youtube.com/watch?v=esMq-4zoxSw&feature=youtu.be
https://www.youtube.com/watch?v=jHWGml2wqh0&feature=youtu.be
https://www.youtube.com/watch?v=CUkxUqiD9VM&feature=youtu.be
ENTRETIEN DU RÉALISATEUR :
Comment est né ce projet ? NO DORMIRÁS est né d'une expérience personnelle. Après des nuits d'insomnies, où mes sens étaient devenus plus vifs et la perception de mon environnement plus aiguë, j'ai commencé à faire des recherches sur les répercussions du manque de sommeil sur le cerveau et le corps. J'ai trouvé qu'il serait intéressant de partir du postulat d'une veillée extrême et prolongée.
Pourquoi avez-vous choisi Belén Rueda ? Qu'apporte-t-elle au personnage d'Alma ? Nous pensions à Belén dés l'écriture du scénario. Nous avons écrit le personnage d'Alma Böhm en pensant à elle. On retrouve également Eva de Dominici pour son premier rôle au cinéma.
Qu'est-ce qui vous a plu chez elle ? Eva est une actrice très travailleuse, avec une grande sensibilité, très intuitive aussi. C'est la première fois qu'elle travaillait sur un thriller et elle l'a magnifiquement fait. Pendant tout le film, son personnage, Bianca est confrontée à des situations émotionnellement difficiles et dans NO DORMIRÁS on se rend vraiment compte de l'étendu de son talent.
Les histoires que l'on raconte ont la capacité de rassembler les gens. Comment votre film parvient-il à accomplir cela ? Ce qui me fascine ce sont les différents liens qui unissent les hommes. J'ai grandi dans une grande famille, avec une dizaine de personnes sous le même toit. Je crois que les films devraient provoquer des sensations et des émotions différentes chez les spectateurs. Chacun d'entre eux se sentent impliqué dans le récit de façon différente et développent une complicité avec les personnages. C'est très intéressant de voir les réactions des spectateurs dans les salles de cinéma, et encore plus intéressant d'assister aux conversations qui ont lieu après la séance, quand le public échange autour des thèmes du film.
Quels sont les thèmes principaux que l'on retrouve dans NO DORMIRÁS ? Les limites de l'art et les sacrifices qu'un artiste doit faire pour créer son oeuvre. C'est quelque chose qui me hantait depuis longtemps et j'avais besoin d'en faire un film. Un artiste est dans une démarche de recherche constante, pour évoluer et créer une oeuvre unique, mémorable. Je pense que le sacrifice est propre à tous les grands artistes. Doit-on aller aussi loin par amour de l'art ? Ou est-ce simplement prétexte à fiction ? NO DORMIRÁS s'inspire de faits réels et de vraies personnes. C'est une fiction mais avec un peu de vérité. Évidemment je n'aime pas les expériences extrêmes qui ont un impact trop violent sur les acteurs et les spectateurs. En revanche je crois au risque que prend l'artiste pour le bien de sa création. Le public cherche aussi de nouvelles expériences qui les surprennent, qui les touchent et comme le dit Alma Böhm dans le film : "C'est comme au cirque. Nous allons au cirque pour voir le funambule. Il ne doit pas mourir, mais s'il a un filet, on voudra se faire rembourser. Il doit tout risquer. Et s'il tombe, on ne détournera pas les yeux."
LES ORIGINES DU FILM :
Le cinéma uruguayen n'en finit pas de s'imposer, NO DORMIRÁS dispose de moyens techniques qui n'ont rien à envier au cinéma de genre hollywoodien. La coproduction avec l'Argentine et l'Espagne a permis d'importants moyens et la possibilité de tourner à l'étranger avec des équipes de tous horizons. Le budget du film s'élève à 9,9 millions de dollars, un budget impensable jusque-là pour une réalisation uruguayenne. Un budget considérable également pour les deux autres pays concernés. Ici, on peut le dire, l'union fait la force. On peut aussi saluer le choix de respecter la langue espagnole, point non négligeable dans un contexte où la majorité des coproductions ont succombé aux lois du marché, adoptant l'anglais en perdant de cette façon une part importante de son identité. L'histoire de NO DORMIRÁS se déroule dans les années 80, où une troupe de théâtre se lance dans une expérience radicale : la mise en scène d'une pièce de théâtre dans un hôpital psychiatrique abandonné. En jouant avec les limites de l'insomnie et en obligeant les acteurs à rester éveillés, ils cherchent à stimuler leurs perceptions et à accéder à des univers insoupçonnés. Alors commencent les hallucinations et les cauchemars. Le film s'inscrit avec succès dans une terreur psychologique à la James Wan, grâce à des scènes au suspense constant, sublimées par la photographie de Bill Nieto (LA LUZ INCIDENTE, ELEFANTE BLANCO) et la direction artistique de Marcela Bazzano (NIEVE NEGRA, ENCONTRARAS DRAGONES). En construisant son récit autour du passé, comme c'était déjà le cas avec THE SILENT HOUSE (La casa muda), Gustavo Hernández interroge l'inconscient collectif sud américain. Dans son premier film, il revenait sur un fait divers qui se serait déroulé dans les années 40. L'histoire de NO DORMIRÁS se passe, sans qu'on y fasse allusion, dans une période trouble marquée par la dictature. Il ne s'agit donc plus d'évoquer les fantômes du passé, mais d'y faire face. Comme l'Argentine, l'Uruguay réprimait par le sang toute contestation et les artistes faisaient partie de ces cibles privilégiées. Les hôpitaux psychiatriques étaient parmi d'autres bâtiments publics des lieux de tortures, si bien qu'il est difficile de ne pas avoir en tête ce passé douloureux : la privation de sommeil étant, par ailleurs, une technique de torture bien connue. Pas si lointain, ce passé hante THE SILENT HOUSE (La casa muda) et NO DORMIRÁS. D'une certaine manière les films de Gustavo Hernàndez rejoignent le travail d'autres cinéastes latino-américains comme Guillermo Del Toro (LE LABYRINTHE DE PAN, L'ÉCHINE DU DIABLE) qui ont su utiliser l'horreur graphique pour évoquer les atrocités de la grande Histoire. Entre les deux films, Gustavo Hernández a évolué. Il y avait derrière son premier film une volonté de se distinguer à tout prix. L'intention de tenir son récit à travers un unique (faux) plan séquence (filmé avec un appareil photo) inscrivait sa démarche dans la tradition de BLAIR WITCH PROJECT de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez. Cela révélait aussi l'attirance d'Hernández pour des films tels que MARTYRS de Pascal Laugier. NO DORMIRÁS s'éloigne de la tentation de la tension permanente, pour privilégier un cinéma d'ambiance laissant l'angoisse s'installer. Avec NO DORMIRÁS, le spectateur navigue entre THE OTHERS d'Alejandro Amenabar et la trilogie des trois mères de Dario Argento.
LE THÉÂTRE IMMERSIF :
Le théâtre immersif brise le “quatrième mur" qui sépare traditionnellement l'acteur et le spectateur. Cela suppose la participation physique du spectateur et parfois son interaction avec les acteurs. Le théâtre immersif se popularise durant les années 90 avec l'utilisation des nouvelles technologies, mais des dispositifs plus anciens, au sein desquels la place du spectateur est interrogée, ont été mis en place un peu partout dans le monde. La première expérience d'immersion pourrait être un spectacle d'André Antoine, inventeur de la mise en scène comme acte artistique, en 1895. Il s'agissait d'une immersion sonore, pour un effet de réel. Les autres propositions, très variées (carrières de lumière des Baux-de-Provence, Compagnie Royal de Luxe, Dark/Noir), firent référence à une expérience physique du spectateur, à un changement dans son positionnement. Les dispositifs immersifs peuvent être artisanaux et parfois interactif. Il existe divers degrés d'immersion, le long de deux pôles : immersion contemplative ou participative. On observe parfois une mutation des pratiques du spectateur. Ils le placent à un endroit où il est aussi acteur d'un événement réel, parfois sans qu'il le sache immédiatement, c'est vers ça que tend NO DORMIRÁS. Il est difficile de dire s'il s'agit ou non de théâtre, car la compagnie joue à la limite entre réel et fiction. Il s'agit ici de provoquer une expérience sensible de moment vécu mais aussi une expérience sur soi-même. Depuis le début des années 2000, une compagnie londonienne PunchDrunk a donné un côté glamour au théâtre immersif, notamment en collaborant avec la chanteuse Rihanna.
BIOGRAPHIE de Gustavo Hernandez :
Gustavo Hernández est né à Montevideo le 21 février 1973 où il poursuit des études en communication sociale avant d'intégrer l'école Cinématographique de l'Uruguay dans la section réalisation. Il en sort diplômé en 2002 et alterne courts métrages, publicités et vidéo-clips. En 2006 il créé sa société de production de films publicitaires, Tokio Films, avec Gustavo Rojo, co-scénariste de THE SILENT HOUSE (La casa muda), son premier long métrage. Le cinéaste s'associe ensuite avec le producteur Ignacio Garcia Cucucovich pour monter la société de production Mother Superior Films dont le but est de créer des liens entre producteurs et distributeurs étrangers et faciliter ainsi une plus large diffusion des films. Sans être un grand connaisseur du cinéma fantastique, il est cependant un amateur de la New French Extremity et notamment des films d'Alexandre Aja, Xavier Palud ou de David Moreau. THE SILENT HOUSE (La casa muda) est sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs en 2010 où son (faux) plan séquence unique fait sensation. Avant de réaliser NO DORMIRÁS, Gustavo Hernández a réalisé DIOS LOCAL (2014) inédit en France. Gustavo Hernández a également participé à l'écriture du scénario du film espagnol LE PIANISTE de Mario Gas (1997) d'après Manuel Vazquez Montalban et a fait une apparition dans INDIANA JONES ET LE ROYAUME DU CRANE DE CRISTAL (2008).
*** Sortie : 16 mai 2018 |