Due pericoli pubblici, I
Genre: Comédie , Aventures
Année: 1964
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Lucio Fulci
Casting:
Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Riccardo Garrone, Margaret Lee, Linda Sini, Nino Marchetti, Mino Doro, Tullio Altamura...
 

Franco et Ciccio Introlia, deux frangins doublés de deux escrocs aussi impénitents que maladroits, se font embaucher comme domestiques dans la maison du Baron, faux diplomate (Riccardo Garrone) mais vrai malfaiteur. Ce dernier organise une réception dans le but de soutirer de l'argent à un riche industriel. Bien entendu, nos deux briscards vont, à force d'ingeniosité, faire capoter ce plan machiavélique. Hélas, leur zèle à duper leur prochain leur attire alors les pires ennuis. Les complices du Baron les capturent puis les emprisonnent afin d'être indemnisés. Franco et Ciccio vont alors tenter d'escroquer tout et tout le monde pour payer leur dette, échouant inexorablement...

 

 

I due pericoli pubblici fait partie des tous premiers travaux de Lucio Fulci avec le duo sicilien si souvent méprisé ou conspué : après les avoir "essayés" l'année d'avant dans Gli imbroglioni, puis dans un film à sketches où se côtoyaient le pire et le meilleur (I maniaci), Fulci leur donne enfin la vedette avec deux comédies à tendance parodique, plutôt réussies : "002 agenti segretissimi" puis I due evasi di Sing Sing. Une collaboration qui s'avèrera fructueuse puisque, après avoir épuisé avec talent le filon Adriano Celentano, il trouve le moyen avec les deux comédiens aux capacités pourtant limitées de déployer à la fois ses capacités burlesques mais également de creuser un sillon gentiment rebelle, lequel se développera petit à petit pour se faire de plus en plus féroce. On dénombre alors pas moins de douze collaborations avec Franco et Ciccio. Les plus réussies sont les moins bavardes, celles basées sur un comique de situation et se lâchant dans le burlesque et l'absurde pour atteindre une sorte de furieuse démesure. Impossible par exemple de ne pas se souvenir de Ciccio dans l'espace, en train de faire du surf sur son comparse Franco (002 Opération Lune) ou bien encore de leur incursion au sein d'un cimetière étrusque dans Gli imbroglioni. Il y a dans chacune de leurs collaborations des instants de grâce, même s'ils sont régulièrement coincés entre deux segments plus faibles et parfois même médiocres. C'est un peu le cas encore avec I due pericoli pubblici ("Les deux dangers publics" en français), qui alterne séquences de parlottes assommantes, inutiles et cassant le rythme, et moments beaucoup plus débridés où le sens du rythme, de la loufoquerie et même du running gag, de son réalisateur, explose...

 

 

L'un des problèmes récurrents des comédies fulciennes première période réside dans les scénarios. C'est une fois de plus le cas ici : en effet, I due pericoli pubblici évolue sur un script trop fragmentaire pour pleinement convaincre. Il est signé, en plus de Fulci, par Franco Castellano et Giuseppe Moccia (plus connu sous le nom de Pipolo) qui avaient déjà travaillé sur Gli imbroglioni et I maniaci. Leur défaut premier est de découper leur histoire en trop de sketches, générant avant même le mot "moteur !" lancé, une inégalité de base (la partie dans l'hôpital, la partie avec les armures, la partie où Franco et Ciccio se font passer pour des policiers, etc.). La même inégalité foncière qu'on trouvait dans les deux comédies citées juste avant et que l'on retrouvera dans le moyen "Deux bidasses et le général" de Luigi Scattini (dans lequel un Buster Keaton quasi-moribond faisait pitié) ainsi que dans le piteux L'espion qui venait du surgelé, pourtant signé Mario Bava. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, quitte à me répéter, si les meilleures réussites des duettistes sicilo-régressifs sont pour la plupart dues au réalisateur romain. La raison en est simple : on y trouve un plaisir communicatif, lui-même issu d'une cinéphilie passionnée. A sa manière parodique, les comédies de Lucio Fulci préfigurent presque le cinéma de citation qui pullule sur les écrans aujourd'hui. I due pericoli pubblici n'échappe pas à la règle puisqu'il rend un hommage irrévérencieux à la fois au "Dictateur" de Chaplin (avec une imitation échevelée de Franco Franchi) et à Docteur Folamour : sur le point d'acquérir une fortune appartenant au Ministère de la Défense, Franco et Ciccio, à cause d'un coup de téléphone malencontreusement équivoque, provoquent l'explosion de deux bombes atomiques...

 

 

Ailleurs, bien qu'encore inoffensive, la charge contre l'institution et la récupération religieuses est présente comme un travail de sape ainsi qu'une obsession : nos deux gogos, sous le regard bienveillant de Fulci, finissent même au Paradis à tenter de piquer le halo d'or de la Basilique Saint-Pierre. Si la bombe atomique sera reprise en clin-d'œil à "Opération Tonnerre" dans Au diable les anges, difficile ici de ne pas penser au même film, dans lequel le vol de la Pieta de Michaelangelo faisait se transformer le Vatican en réseau d'espions internationaux. Difficile également de ne pas voir que cette obstination à montrer du doigt les tares catholiques ou sociétales emmèneront bientôt Fulci dans l'âpreté et l'amertume avec son très beau et très personnel Liens d'amour et de sang (Béatrice Cenci).

Quoi qu'il en soit, et tout inégal que puisse être ces Deux dangers publics, il reste un spectacle agréable, plaisant, dynamique, dont les acteurs sont utilisés à leur maximum sur les bases d'un scénario ne laissant pas toute la place nécessaire à une pleine expression de son auteur. On y prend du reste beaucoup de plaisir à retrouver Linda Sini (002 Opération Lune, Le temps du massacre) et Margaret Lee (Gli imbroglioni, I maniaci) ici très sexy, le tout sur une partition bien balancée de Pierio Umiliani. Finalement, tant pis si l'ivresse n'est pas totalement au rendez-vous... Gardons le meilleur car, à le remettre dans le contexte du travail global de son réalisateur (en gros, son oeuvre), il prend une saveur et une valeur qu'on ne soupçonnerait pas de prime abord. Sans compter, à l'instar d'un Jerry Lewis ou d'un Blake Edwards, sa contribution talentueuse à la préservation d'un esprit slapstick dont la principale noblesse est de tenter de faire rire en même temps que d'y arriver fréquemment.

 

 

Mallox

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