Cinq hommes armés
Titre original: Un Esercito di cinque uomini
Genre: Western , Action , Western spaghetti
Année: 1969
Pays d'origine: Italie / Etats-Unis
Réalisateur: Don Taylor
Casting:
Peter Graves, James Daly, Bud Spencer, Nino Castelnuovo, Tetsuro Tamba, Annabella Andreoli...
Aka: Five Man Army
 

"Cinq hommes armés" est un film doublement intéressant à regarder. D'une part il s'agit d'un divertissement hautement distrayant, et en cela déjà l'on ne peut que s'incliner devant et louer l'entreprise et sa réussite; mais également parce qu'il contient certaines failles et qu'il est amusant d'observer comme le film parvient à les surmonter alors qu'il en aurait certainement fait couler pas mal d'autres. Toujours est-il que ses qualités et son effet euphorisant semblent tellement immédiats que ce film d'aventures parvient ici à rester, on ne se sait comment, à flot, et il offrirait presque en terme de divertissement pur, sa définition même. Quoiqu'il en soit, l'on pourra aisément choisir de laisser toute dissection intellectuelle, tant le spectacle n'est pas porté ici sur la réflexion mais confectionné pour un plaisir spontané, ce qu'il parvient à procurer assez facilement, revigorant même son spectateur un certain temps après sa vision.
C'est à Dario Argento qu'on doit en grande partie le scénario et peut-être même un peu plus. Un Dario Argento encore débutant si l'on peut dire, puisque ce dernier tournera la même année son premier et l'un de ses meilleurs films comme metteur en scène, le fameux "Oiseau au plumage de Cristal", en même temps que d'avoir collaboré à d'autres scénarios de Westerns comme "Une corde, un colt", toujours la même année, mais aussi le standard Leonien "Il était une fois dans l'ouest" juste avant. Soit dit en passant, il ne faudra pas s'attendre à des étincelles au niveau de l'histoire finalement très classique. Peut-être pourra-t-on mettre en exergue tout au plus un aspect plus politisé de son auteur avec, même si ce n'est pas une nouveauté alors au sein du genre ("El Chuncho"/"Le Mercenaire"), un contexte et une teneur politiques, avec ses despotes de l'armée mexicaine et ses paysans lyriques injustement spoliés, ce que tenteront de réparer nos très valeureux et complémentaires héros.
Et si Dario Argento livrera finalement en 1973 son unique film à teneur plus directement politique avec "Cinq jours de révolution", le thème est surtout ici prétexte à l'action, même si le temps d'un plan par exemple l'on verra par lâcheté un prêtre prêt à recueillir les derniers mots d'un condamné à mort voué au peloton prendre ses jambes à son coup dès lors que le peloton armera.

 

 

Puisque l'on parle du script, voici tout de même de quoi il retourne. Pendant la révolution mexicaine, un homme mystérieux du nom de Dutchman (Le néerlandais/Peter Graves) convoque de vieilles connaissances avec la promesse de 1000$ à la clé afin de dérober 500 000 $ d'or chargés sur un train de l'armée, et doté d'un arsenal militaire dissuasif, de canons, de mitrailleuses et de gardes patibulaires avec des escadrons de soldats passant alentour toutes les six minutes. Le but de nos héros est noble, puisqu'il s'agit de redonner aux paysans cet argent pour mener à bien leur révolution. Mission impossible ou suicide par excellence, mais ce sera sans compter sur la valeur de nos cinq hommes armés, le cinquième étant un ami plus récent de notre meneur d'hommes, Luis (Nino Castelnuevo), au préalable acrobate de métier et qui, on s'en apercevra, manie extrêmement bien le lance-pierre. Pour les autres, que des spécialistes en leur genre, puisqu'il s'agit d'Augustus (James Daly), un expert en dynamite, un ours mal léché mais à la force colossale en la personne de Mesito (Bud Spencer), ainsi que "Samouraï" (Tetsuro Tamba/"Goyokin") dont les armes blanches ne semblent avoir aucun secret, du couteau en passant par l'épée ou le sabre, et sera un complice précieux pour les attaques silencieuses en vue.

 

 

Difficile alors de ne pas succomber au charme d'un tel casting, d'autant que derrière la caméra nous avons un bon artisan travaillant jusqu'alors pour la télévision (Mannix/Cannon) qui signe ici son premier film en tant que réalisateur, avant quelques classiques comme "Les évadés de la planète des singes", "L'île du docteur Moreau" ou encore "Nimitz, retour vers l'enfer". Quant aux acteurs, nous avons deux américains, deux italiens et un japonais et somme toute des acteurs de talent, autant dire que tout est fait pour tenter d'assurer la réussite commerciale mondiale du film, bref de faire un ‘success'. Le résultat à l'écran est étonnant, et autant dire que l'osmose se fait plutôt bien. Si Bud Spencer offre un personnage un peu léger ou bon enfant bien que sérieusement traité, ou si Peter Graves semble ici quelque peu emprunté, voire gêné par on ne sait trop quoi, l'esprit comme occupé ailleurs, peut-être dans un épisode de "Mission impossible" allez savoir, leur seule présence fonctionne malgré tout et c'est bien le principal d'autant que les dialogues ne sont heureusement pas très fournis, sans doute à cause de l'incompatibilité linguistique entre des acteurs qui semblent pourtant bien s'amuser jusqu'à communiquer leur plaisir, celui de la connivence et de la bonne entente. De même, l'excellent Tesuro Tamba qui par son simple charisme crève l'écran, même si ce n'est pas surprenant vu les qualités qu'on lui connaît au préalable, et ma foi ce dernier n'aura pas trop besoin de s'étendre en paroles pour agir ou pour soulever une jeune et belle mexicaine. Quant à James Daly (Honorius dans "La planète des singes" et beaucoup de séries de l'époque comme "Le virginien" ou "Le Fugitif" - et dans le rôle d'Augustus ici - ), il s'en sort très honorablement, même s'il n'a pas la renommée de ses compères, tout comme l'imparable Nino Castelnuevo qui semble surclasser ici tous ses partenaires, mais le bougre n'en est pas à son premier film ("Les parapluies de Cherbourg") ni à son premier western puisqu'il composa en son temps une prestation homérique au sein de l'excellent "Le temps du massacre" de Lucio Fulci. Bref, si le casting est inégal, il demeure dans l'ensemble toujours agréable et homogène, les uns rattrapant les carences des autres, et l'on qualifiera cela de belle complémentarité.

 

 

Outre son casting l'intérêt est ailleurs et, plus qu'un western, c'est bien un film d'action et d'aventures auquel nous avons droit, et un bien beau. Peu de place pour les temps morts, les situations s'enchaînent à un rythme égal et trépidant. Nos cinq hommes dès leur arrivée descendent un peloton d'exécution comme au stand de foire pour libérer l'un des informateurs et révolutionnaires qui va leur permettre d'accéder à l'or. A peine chose faite, ils assaillent un fort gardé par l'armée afin, entre autres, de dérober des uniformes, avant cette fameuse scène à bord du train où ils tenteront de dérober l'or. On ne s'ennuie pas une seconde ! C'est un fait assez rare pour être signalé, et puis "Cinq hommes armés" donne un sentiment étrange et singulier, celui d'être constamment dans la bonne mesure, le bon dosage, la bonne longueur de scènes. Les péripéties y sont variées, à peine l'on sort d'une scène d'action que l'on rentre aussitôt dans une autre encore plus prenante, et quand ce n'est pas le cas, les personnages ou les situations y sont amusantes. Bref, Don Taylor n'a aucun mal à tenir son spectateur en éveil, avec au programme sur 89 minutes, évasions, pillages, attaques, poursuites, courses contre la montre, tout ceci étant parfaitement dosé, équilibré, tenant en haleine tant et si bien qu'on finira même par trouver tout défaut accessoire. A noter comme point d'orgue la magistrale scène de train déjà évoquée ci-dessus, une scène de plus de vingt minutes dont la tension est installée immédiatement et ne se démentira jamais, tandis qu'elle est brillamment filmée et parfaitement découpée, avec une nouvelle fois un sens du rythme et de l'action sans faille. On pensera forcément à une scène de train similaire au sein de "La horde sauvage" tourné la même année, et lorsque j'aurais dit que celle ici présente est aussi bien filmée, offrant l'une des meilleures séquences d'action pure des années 70, j'espère donner envie d'aller jeter un œil à cet excellent divertissement. A noter un travail d'équipe silencieux sur les gardes mexicains, à base de lance-pierre/couteau et épée qui recèle beaucoup d'humour sans rien enlever à la tension de la scène, ce qui tient de la gageure.

 

 

Bon, si j'ajoute à cela l'une des plus emballantes partitions spaghetti du sieur Morricone, j'espère avoir donné envie à ceux qui ne l'aurait jamais vu, d'aller visiter cette excellence du divertissement, qui même un brin bancale, et avec ses personnages un poil caricaturaux (mais c'est peut-être le prix à payer), offre une distraction de tous les instants qu'on aurait bien tort de bouder. En somme, un bien beau spectacle.

 

Note : 7/10

 

Mallox
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