Le Festival des Maudits Films revient |
Écrit par Mallox |
Le Centre Culturel Cinématographique de Grenoble est heureux de vous présenter la seconde édition du Festival des Maudits Films...
Le ciné-club qui propose, tout au long de l'année, de découvrir des classiques de l'histoire du cinéma, vous offre la possibilité de découvrir d'autres classiques d'une autre histoire du cinéma ! Quatre jours (et soirées) pour explorer différents aspects de la série B, du Bis italien, du cinéma de genre et d'exploitation avec des titres légendaires.
C'est avec une immense fierté que le Festival des Maudits Films en partenariat avec le Cinéma Le Club, présente pour une soirée de pré-ouverture très spéciale, l'avant-première nationale du très attendu Amer. Déjà récompensé dans plusieurs festivals internationaux d'envergure (Sitges, FNC de Montréal, etc.), le long-métrage de Hélène Cattet et Bruno Forzani est une oeuvre courageuse et ambitieuse, hommage sincère et talentueux aux gialli de la grande époque du cinéma d'exploitation à l'italienne. Citant les plus grands noms du genre (les incontournables Mario Bava et Dario Argento, mais aussi Sergio Martino, Antonio Margheriti ou Lucio Fulci), les deux cinéastes créent un univers sensuel et puissant, autour de l'histoire d'une femme troublante, observée à différentes époques de sa vie. Une expérience sensorielle inoubliable, et une plongée enivrante dans un monde de beauté cruelle : ce n'est rien de moins qu'à la résurrection d'un genre majeur que nous vous convions ce soir-là.
- Une séance "ciné-club" avec "L'Invasion des profanateurs de sépultures"
Trois remakes officiels (L'Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman, en 1978 ; Body Snatchers de Abel Ferrara, en 1993 ; Invasion de Olivier Hirschbiegel, en 2006) et 54 ans plus tard (!), il continue à fasciner et à influencer le genre, tant sont nombreuses aujourd'hui, dans le paysage télévisuel et cinématographique, les histoires d'envahisseurs extraterrestres à apparence humaine. Ce qui frappe surtout dans l'original de Don Siegel, c'est son intemporalité en partie due au réalisme du film, qui a été tourné le plus possible en extérieur et avec très peu d'effets spéciaux (ceux-ci n'ayant coûté que 30 000 dollars). Mais le plus impressionnant reste de loin l'intemporalité du propos. Parce que cette fameuse invasion est avant tout une allégorie de toutes les formes de totalitarisme et de tous les modèles de pensée unique. Parce que, comme le dit le docteur Bennett dans le film, nous sommes tous porteurs en nous de cette déshumanisation, nous sommes tous parfois tentés par la facilité ; sur un monde de plus en plus complexe, en constante évolution, on aimerait parfois pouvoir plaquer une grille de lecture simpliste. On aimerait, nous aussi, pouvoir dormir. Et là est toute la force du film de Don Siegel : convaincre, 54 ans plus tard, qu'il ne faut jamais cesser de réfléchir, défendre, s'opposer, approuver, s'émouvoir et gueuler parce que c'est précisément dans cet effort que réside notre humanité.
- Cinéma Bis italien avec "Le Temps du massacre" et "Hercule contre les vampires". (En partenariat avec la Cinémathèque de Grenoble)
Lucio Fulci n'est encore qu'un artisan du cinéma bis italien sans véritable réputation quand il réalise ce très beau western, exemplaire de la rapide évolution du genre. Le Temps du massacre (Tempo di Massacro, Lucio Fulci, 1966) prouve s'il en était encore besoin que le western italien est un genre qui ne cherche plus à entretenir des rapports de filiation avec son modèle américain. Ce film se rapproche beaucoup plus d'une tragédie antique que d'un film de cowboys traditionnel. On se croirait plutôt chez les Atrides et Fulci, par sa réalisation carré, accentue la dimension tragique du script. Il en renforce encore la violence, et cette violence paroxystique, qui devient la marque du genre, sert en fait parfaitement le propos, en même temps qu'elle permet à Fulci d'exprimer son goût pour le sadisme et la cruauté, pas gratuite, mais répondant à l'exacerbation des caractères quasiment mythologiques mis en scène dans le film.
Le scénario permet à Mario Bava de se livrer à une de ces recherches esthétiques phénoménales dont il a le secret, et qui marquent tout son cinéma. Le voyage d'Hercule dans les Enfers, ainsi que dans le royaume maudit dirigé par Christopher Lee (d'où le mot "vampire" dans le titre), permet toutes les audaces en matières de couleurs. Au milieu des brumes, des paysages désolés et des branches qui saignent, les couleurs vives, bleu, orange, vert et rouge, se heurtent brutalement. Le feu combat la terre, les goules sortent des cercueils en pierre. En comparaison, les séquences "en surface" et au grand jour peuvent paraître bien ordinaire. C'est surtout le moyen pour Bava de marquer sa recherche et son obsession pour les couleurs. Beaucoup s'en inspireront, dont le maître à venir du giallo, Dario Argento.
- De la série B à la série Z avec "La Chambre des tortures", "Reefer Madness" et "Plan 9 from Outer Space"...
Second des huit films de Roger Corman consacrés à Edgar Poe, La Chambre des tortures (The Pit and the Pendulum, Roger Corman, 1961) est bien entendu très proche de celui qui l'a précédé (The Fall of the House of Usher) et de ceux qui lui succèderont. Il s'agit d'un film gothique, au vrai sens du terme. Et là, on trouve l'un des principaux intérêts de Corman, trop souvent oublié lorsque l'on évoque son cycle Poe : la psychanalyse freudienne. En effet, Corman, très épris des théories de la vieille baderne autrichienne, trouvait particulièrement intéressant d'appliquer ces thèses aux écrits d'Edgar Poe, dans lesquels les personnages ont tous plus ou moins vécu un traumatisme, ici enfantin. Pourtant, malgré la noirceur de ce qui arrive à l'écran, l'humour n'est jamais absent. La Chambre des tortures est un excellent film, un des meilleurs du cycle Poe (qui n'a d'ailleurs pas vraiment connu de mauvais films), gothique dans l'architecture du château, dans l'isolement moral et physique des personnages, mais pas gothique au sens cinématographique moderne du terme (noirceur à outrance, maquillages et tous les stéréotypes vont avec). Quelle belle époque que celle du cinéma fantastique des 60's, qui démontrait que cinéma d'exploitation pouvait aller de pair avec talent créatif.
Reefer Madness, c'est tout d'abord un film de propagande des années 30 contre la marijuana, véritable oeuvre culte aux USA en raison du jeu excessif de ses comédiens et de ses propos délirants sur la fameuse drogue douce puisque, selon ce classique, les adolescents qui s'en repaissent peuvent se transformer en monstres assoiffés de sang et de sexe ! Bref, une drogue encore plus dangereuse encore que l'héroïne, à éradiquer impérativement du territoire américain. Des propos qui ont inspiré Andy Fickman, et donné naissance à un remake sous forme de comédie musicale Reefer Madness, the Musical l'un des spectacles les plus absurdes et subversifs depuis South Park – le Film. Mais ce pastiche musical irrévérencieux est avant tout un hommage aux séries B des années 50. Forcément décalé pour le public du nouveau millénaire, il impose un ton où il est bon de surjouer à l'ancienne. Tout est ici volontaire, caricature dévastatrice du puritanisme, de la désinformation, des recettes des films familiaux et de l'apparente perfection des valeurs américaines. Un décalage qui fait de Reefer Madness (Andy Fickman, 2005) une oeuvre brillante, corrosive et hautement jubilatoire. L'autodérision excessive ne laisse aucun doute sur les intentions des auteurs. Film de genres au pluriel, Reefer Madness sait aussi se salir les mains en empruntant au grand guignol quelques tours théâtraux bien sanglants. On songe inéluctablement à La nuit des morts vivants, les zombies personnifiant désormais les fumeurs de joints et autres parias de la WASP population.
Et pourtant, même après tant d'années, il reste une référence, voire une icône du cinéma de série B. Est-ce un film inférieur? Pas du tout. Plan 9 s'avère être une comédie tout à fait géniale et les messages que projette le film, bien qu'extraordinairement mal exploités, ont tout de même une bonne base morale. La critique de l'attitude américaine que propose Ed Wood est on ne peut plus vraie ces temps-ci. Phénomène à part du cinéma, Plan 9 est à la fois chef-d'oeuvre et nullité absolue. L'illustre Ed Wood nous propose l'une des évasions les plus complètes. La question est : êtes-vous partant?
- Séance Grindhouse avec "Chair pour Frankenstein" et "Ilsa, la louve des SS"
La créature ou plutôt les créatures, un homme et une femme sont aux antipodes du Boris Karloff couturé. Ici, c'est la beauté qui prime et d'un point de vue esthétique, le film va dans ce sens avec un mélange détonnant d'horreur et d'érotisme. Le duo Morrissey/Warhol ne recule devant rien, aucune transgression et offre un spectacle sanglant mais somme toute fascinant. Cette revisitation du mythe de Frankenstein marqua les consciences au point d'être vigoureusement interdit en Grande-Bretagne et classé X aux Etats-Unis, ce qui l'aida sûrement à gagner ses galons de cult-movie.
Edmonds manipule nos certitudes morales, servi par la charismatique et inoubliable Dyanne Thorne, pour un film qui ne peut – et ne doit – laisser personne indifférent. Une véritable expérience. Ces deux films ont été interdits aux moins de 18 ans lors de leurs sorties en salle. Certaines scènes peuvent choquer la sensibilité des spectateurs. Il s'agit avant tout de cinéma d'exploitation, Ilsa, la louve des SS ne cherche pas à délivrer un message.
- Des courts métrages en pellicule... qui ont la particularité d'avoir été peu sélectionnés en festival, alors que...
· Stop !, de Yann Flandrin (France, 2007, 7mn) · Le Jour où Ségolène a gagné, de Nicolas Parisier (France, 2008, 13 mn) · Gilles Corporation, de Vianney Meurville (France, 2009, 9mn) · Braco, de Lewis Cuthbert-Ashton (France, 2009, 20mn) · Kreutzberg, de Jean-Baptiste Pouilloux (France, 2008, 4mn) · Les Doigts de pieds, de Laurent Denis (Belgique, 2008, 11mn) · Barbie Girls, de Vinciane Millereau (France, 2009, 15mn)
* Séance "Courts Maudits" le samedi 30 janvier à 14h, salle Juliet Berto
· Très (très) chasse, de Mathieu Berton (2009, 13mn) · Lonely Boy's Angels, de Marine Balland (2008, 4mn) · La Dernière goutte, de C. Chapman, I. Robert (2009, 13mn) · Poupée Mia, d'Emmanuelle Jay (2007, 2mn) · Une journée à tuer, de Matthieu Faggion (2008, 14mn) · Scène de crime, de Yannick Gallepie (2007, 6mn)
* Séance «Tout Court, Tout Bis» le samedi 30 janvier à 18h, salle Juliet Berto
- Une rencontre autour de l'oeuvre de Lucio Fulci
Seront présents, Lionel Grenier (critique, créateur du site internet luciofulci.fr), Julien Sévéon (écrivain, collaborateur à Mad Movies) et, sous réserves, Régis Autran (de nanarland.com) et François-Xavier Taboni (de la revue de cinéma Cut). Cette rencontre sera animé par Raphaël Côte et Sabine Garcia, de l'émission Ne racontez pas la fin – Radio Campus Grenoble 90.8
- Les tarifs du Festival :
Pass "Maudits Films" (pour voir tous les films) : 25 euros – étudiants : 15 euros Séance "Courts Maudits" et "Tout Court, Tout Bis" : entrée libre Séance Grindhouse : 10 euros – adhérents CCC: 8 euros
http://www.festivaldesmauditsfilms.com
|