Les Demons de 1 à 6 |
Écrit par The Omega Man |
DèmoniDémons
Genre : Horreur
Pour Dario Argento, la production de Demoni est avant tout une affaire de gros sous, le réalisateur avait remarqué qu'il existait un marché (notamment au Japon et en Allemagne) pour un certain type de films sanglants (ses propres films en étaient la preuve) et comme ses deux dernières productions Ténèbres et Phenomena n'ont pas rencontré le succès escompté, Argento se lance dans la production, histoire de renflouer les caisses, laissant la réalisation à son vieux complice Lamberto Bava. Mais ne nous trompons pas, le maître à bord reste Argento, comme le prouve le générique où se bousculent nombre d'habitués du réalisateur comme son disciple Michele Soavi (acteur et assistant réalisateur), une de ses filles (Fiore), l'actrice Nicoletta Elmi (la petite fille des Frissons de l'angoisse mais aussi de La Baie Sanglante) et le compositeur Simonetti. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de Niby / Hawks sur "La Chose d'un autre monde" ou Hooper / Spielberg sur Poltergeist, la tâche du réalisateur étant assez limitée : imiter le style d'Argento et le remplacer selon son humeur !
Pour un film aussi visuel, le choix de Lamberto Bava s'avère des plus judicieux, si le réalisateur n'a pas hérité du talent esthétique de son paternel Mario Bava dont il fut l'assistant sur "Opération peur", Danger: Diabolik!, Une hache pour la lune de miel, Roy Colt et Winchester Jack ou "La Maison de l'exorcisme", il reste un technicien avéré qui a été assistant réalisateur sur une vingtaine de productions (dont Ténèbres et Inferno) et qui n'aura aucun mal à filmer les pires atrocités (normal, il fut aussi assistant d'un certain Ruggero Deodato sur "Cannibal Holocaust"). Et le réalisateur va avoir du boulot car le film n'est pas avare en hémoglobine : énucléation d'un aveugle, éviscération, scalpation, égorgement, sans parler des fameux démons qui se métamorphosent de manière tout aussi sanglante (dents qui tombent, griffes à la place des ongles, etc.), le tout dans un luxe de détails atroces. Cette surenchère n'empêche pas quelques moments visuellement réussis, Bava essayant de reproduire l'esthétique surréaliste du giallo (éclairages colorés) dans le contexte du film d'horreur basique. Ainsi, certaines séquences sortent du lot comme celle où la première victime (Fabiola Toledo) est pourchassée par son amie contaminée au travers de rideaux rouges avant de se retrouver derrière l'écran et de percer littéralement la toile. A côté, on trouve aussi quelques séquences bien Z que n'aurait pas désavouées un Mattei s'il avait eu des budgets : en tête de gondole, on trouve le héros chevauchant une moto et roulant sur les dossiers des fauteuils ou encore le crash totalement gratuit d'un hélicoptère en plein milieu de la salle de cinéma (réalisé en partie sur plateau avec l'épave d'un vrai hélicoptère), histoire de faire rebondir le script et donner une chance au survivant de s'enfuir !
Évidemment, les acteurs principaux jouent comme des pieds, mais représentent bien l'archétype de la chair à saucisse des années 80. L'actrice principale Natasha Hovey qui avait démarré dans deux comédies sentimentales ("Acqua e sapone" et "Giochi d'estate") semble s'être égarée sur le plateau. Sa bonne copine est interprété par Paola Cozzo, brune interchangeable comme il en existait tant à l'époque, revue dans "A Cat in the Brain" et Demonia de Fulci mais dont la carrière se limitera à ces trois films. Nicoletta Elmi est la rousse de service, bien éloignée de ses débuts où elle campait l'inévitable et inquiétante petite fille du cinéma populaire italien dans La Baie sanglante (Reazione a catena), "Baron vampire" (Gli Orrori del castello di Norimberga), Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), Chair pour Frankenstein (Flesh for Frankenstein) ou "Emilie : l'enfant des ténèbres" (Il medaglione insanguinato). Un autre ex enfant acteur apparaît dans le film, Giovanni Frezza (La Maison près du cimetière, "Les Nouveaux barbares", Manhattan Baby). Les autres acteurs sont des habitués du genre qui feront de belles carrières comme Karl Zinny (Delirium, Opéra), l'acteur / cascadeur Bobby Rhodes (Demons 2, Hercules) qui apparut aussi dans quelques Margheriti ("Héros d'apocalypse" et Der Commander) ou Urbano Barberini ("Gor", Le Chat noir, Opéra, etc.) dont la dernière apparition au cinéma remonte au James Bond "Casino Royal"e version 2006, et qui a beaucoup tourné pour la télévision depuis.
Décrédibilisé dès sa sortie pour son côté ouvertement mercantile, Dèmoni est au cinéma fantastique ce que le paquet de frite mayo (satchot d'fritches comme on dit chez nous) est à la gastronomie : pas très raffiné mais vachement roboratif et réconfortant, une tuerie après une mauvaise journée ! Ce mélange a priori contre nature entre les délire sanglants d'un Fulci, les scènes surréalistes des films d'Argento et quelques scènes d'action fonctionne à merveille, c'est dérangeant, bordélique, amusant, pas crédible, mais complètement fascinant, sans parler d'une bande son préhistorique qui arrache les tympans avec des morceaux de Mötley Crüe, Billy Idol ou Saxon pour les plus connus.
Dèmoni 2... L'incubo ritorna(Demons 2: The Nightmare Returns) 1986
Comme l'avait prévu Dario Argento, Demons remportera un succès conséquent, notamment en cassette et un deuxième opus fut donc réalisé par la même équipe. Une tour y remplace le cinéma et les démons ne sortent plus d'une toile mais d'un poste de télévision. Un film (ou un reportage, on ne sait pas vraiment) reprend les événements du premier opus et l'on apprend que, pour contenir l'invasion, un mur fut construit. Un groupe de jeunes décide alors d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté ! Le concept était intéressant et certaines séquences sont assez réussies mais on regrette l'absence de gore bestial au profit des mutations des fameux démons (de nouveau chouchoutés par Stivaletti). C'est surtout la séquence du bébé démon qui amoindrit considérablement l'impact du film qui devient une sorte de Ghoulies.
Demons 3: The Ogre / La casa dell'orco / La Maison de l'ogre (1988) Lamberto Bava
Demoni 3 / Black Demons (1991) Umberto Lenzi
Ce qui devait être le vrai Dèmoni 3 devient : La chiesa / The Church / Sanctuaire (1989) Michele Soavi
Demons 4: The Sect / La Secte (1991) Michele Soavi
Demons 5: Devil's Veil / La maschera del demonio / Le Masque de Satan (1989) Lamberto Bava
Demons 6: Armageddon / Demons 6: De Profundis / Il gatto nero / La Posesión del Gato Negro / The Black Cat (1989) Luigi Cozzi
The Omega Man (le 20 août 2017) |