Les Demons de 1 à 6
Écrit par The Omega Man   

 

Dèmoni

Démons
Demonios
Dance of the Demons

Genre : Horreur
Origine : Italie
Année : 1985

Réalisateur : Lamberto Bava
Scénario : Lamberto Bava, Dario Argento, Franco Ferrini & Dardano Sacchetti
d'aprés une histoire de Dardano Sacchetti
Image : Gianlorenzo Battaglia
Musique : Claudio Simonetti

Bande originale : Outre les trois morceaux de Claudio Simonetti, figuraient sur la bande originale : Billy Idol – White Wedding, Accept – Fast as a Shark, Mötley Crüe – Save Our Souls, Rick Springfield – Walking on the Edge, Pretty Maids – Night Danger, Go West – We Close Our Eyes, The Adventures – Send My Heart et Saxon – Everybody Up.

SFX maquillage : Sergio Stivaletti

Vous avez dit saignant ?

Distribution :
Natasha Hovey (Cheryl / Sharel), Urbano Barberini (George), Paola Cozzo (Cathy / Kathy), Karl Zinny (Ken), Bobby Rhodes (Tony), Nicoletta Elmi (Ingrid), Michele Soavi (l'homme au masque / Jerry), Fiore Argento (Hannah), Fabiola Toledo (Carmen), Giovanni Frezza, Geretta Geretta, Stelio Candelli

Résumé :
Cheryl rejoint son amie Cathy pour aller aux cours, mais en chemin un étrange individu lui propose une entrée gratuite pour un film projeté dans un cinéma tout proche. Hannah convainc son amie d'aller voir le film et de sécher les cours. Plusieurs personnes sont présentes dans la salle, une invitée se blesse au visage avec un masque de démon mais sans gravité. Pendant la projection l'un des acteurs du film se blesse lui aussi avec un masque et se transforme en démon !

 


 

Pour Dario Argento, la production de Demoni est avant tout une affaire de gros sous, le réalisateur avait remarqué qu'il existait un marché (notamment au Japon et en Allemagne) pour un certain type de films sanglants (ses propres films en étaient la preuve) et comme ses deux dernières productions Ténèbres et Phenomena n'ont pas rencontré le succès escompté, Argento se lance dans la production, histoire de renflouer les caisses, laissant la réalisation à son vieux complice Lamberto Bava. Mais ne nous trompons pas, le maître à bord reste Argento, comme le prouve le générique où se bousculent nombre d'habitués du réalisateur comme son disciple Michele Soavi (acteur et assistant réalisateur), une de ses filles (Fiore), l'actrice Nicoletta Elmi (la petite fille des Frissons de l'angoisse mais aussi de La Baie Sanglante) et le compositeur Simonetti. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de Niby / Hawks sur "La Chose d'un autre monde" ou Hooper / Spielberg sur Poltergeist, la tâche du réalisateur étant assez limitée : imiter le style d'Argento et le remplacer selon son humeur !

 

 

Pour un film aussi visuel, le choix de Lamberto Bava s'avère des plus judicieux, si le réalisateur n'a pas hérité du talent esthétique de son paternel Mario Bava dont il fut l'assistant sur "Opération peur", Danger: Diabolik!, Une hache pour la lune de miel, Roy Colt et Winchester Jack ou "La Maison de l'exorcisme", il reste un technicien avéré qui a été assistant réalisateur sur une vingtaine de productions (dont Ténèbres et Inferno) et qui n'aura aucun mal à filmer les pires atrocités (normal, il fut aussi assistant d'un certain Ruggero Deodato sur "Cannibal Holocaust"). Et le réalisateur va avoir du boulot car le film n'est pas avare en hémoglobine : énucléation d'un aveugle, éviscération, scalpation, égorgement, sans parler des fameux démons qui se métamorphosent de manière tout aussi sanglante (dents qui tombent, griffes à la place des ongles, etc.), le tout dans un luxe de détails atroces. Cette surenchère n'empêche pas quelques moments visuellement réussis, Bava essayant de reproduire l'esthétique surréaliste du giallo (éclairages colorés) dans le contexte du film d'horreur basique. Ainsi, certaines séquences sortent du lot comme celle où la première victime (Fabiola Toledo) est pourchassée par son amie contaminée au travers de rideaux rouges avant de se retrouver derrière l'écran et de percer littéralement la toile. A côté, on trouve aussi quelques séquences bien Z que n'aurait pas désavouées un Mattei s'il avait eu des budgets : en tête de gondole, on trouve le héros chevauchant une moto et roulant sur les dossiers des fauteuils ou encore le crash totalement gratuit d'un hélicoptère en plein milieu de la salle de cinéma (réalisé en partie sur plateau avec l'épave d'un vrai hélicoptère), histoire de faire rebondir le script et donner une chance au survivant de s'enfuir !

 

 

Évidemment, les acteurs principaux jouent comme des pieds, mais représentent bien l'archétype de la chair à saucisse des années 80. L'actrice principale Natasha Hovey qui avait démarré dans deux comédies sentimentales ("Acqua e sapone" et "Giochi d'estate") semble s'être égarée sur le plateau. Sa bonne copine est interprété par Paola Cozzo, brune interchangeable comme il en existait tant à l'époque, revue dans "A Cat in the Brain" et Demonia de Fulci mais dont la carrière se limitera à ces trois films. Nicoletta Elmi est la rousse de service, bien éloignée de ses débuts où elle campait l'inévitable et inquiétante petite fille du cinéma populaire italien dans La Baie sanglante (Reazione a catena), "Baron vampire" (Gli Orrori del castello di Norimberga), Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), Chair pour Frankenstein (Flesh for Frankenstein) ou "Emilie : l'enfant des ténèbres" (Il medaglione insanguinato). Un autre ex enfant acteur apparaît dans le film, Giovanni Frezza (La Maison près du cimetière, "Les Nouveaux barbares", Manhattan Baby). Les autres acteurs sont des habitués du genre qui feront de belles carrières comme Karl Zinny (Delirium, Opéra), l'acteur / cascadeur Bobby Rhodes (Demons 2, Hercules) qui apparut aussi dans quelques Margheriti ("Héros d'apocalypse" et Der Commander) ou Urbano Barberini ("Gor", Le Chat noir, Opéra, etc.) dont la dernière apparition au cinéma remonte au James Bond "Casino Royal"e version 2006, et qui a beaucoup tourné pour la télévision depuis.

 

 

Décrédibilisé dès sa sortie pour son côté ouvertement mercantile, Dèmoni est au cinéma fantastique ce que le paquet de frite mayo (satchot d'fritches comme on dit chez nous) est à la gastronomie : pas très raffiné mais vachement roboratif et réconfortant, une tuerie après une mauvaise journée ! Ce mélange a priori contre nature entre les délire sanglants d'un Fulci, les scènes surréalistes des films d'Argento et quelques scènes d'action fonctionne à merveille, c'est dérangeant, bordélique, amusant, pas crédible, mais complètement fascinant, sans parler d'une bande son préhistorique qui arrache les tympans avec des morceaux de Mötley Crüe, Billy Idol ou Saxon pour les plus connus.
Tout cela aurait pu sombrer dans le ridicule si le spécialiste des effets spéciaux Sergio Stivaletti (qui participera à tous les Argento à partir de Phenomena, mais aussi "La Secte" ou "Sanctuaire") n'avait réalisé un travail remarquable, le film enchaîne les prouesses et pour une production italienne, la plupart des effets sont de vrais défis techniques. Demons sera pour Stivaletti l'équivalent de "The Thing" pour Rob Bottin : une véritable consécration. Pour Bava qui réalisait jusque là des thrillers et des séries B d'action, Demons restera son film le plus connu et son plus gros succès !

 



Dèmoni 2... L'incubo ritorna

(Demons 2: The Nightmare Returns) 1986

Réalisation : Lamberto Bava
Scénario : Dardano Sacchetti, Dario Argento, Lamberto Bava et Franco Ferri
Image : Gianlorenzo Battaglia
Musique : Simon Boswell

 

 

Comme l'avait prévu Dario Argento, Demons remportera un succès conséquent, notamment en cassette et un deuxième opus fut donc réalisé par la même équipe. Une tour y remplace le cinéma et les démons ne sortent plus d'une toile mais d'un poste de télévision. Un film (ou un reportage, on ne sait pas vraiment) reprend les événements du premier opus et l'on apprend que, pour contenir l'invasion, un mur fut construit. Un groupe de jeunes décide alors d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté ! Le concept était intéressant et certaines séquences sont assez réussies mais on regrette l'absence de gore bestial au profit des mutations des fameux démons (de nouveau chouchoutés par Stivaletti). C'est surtout la séquence du bébé démon qui amoindrit considérablement l'impact du film qui devient une sorte de Ghoulies.
En bref, si Dèmoni 2 est beaucoup plus spectaculaire dans sa forme (cascades, multiples décors), il perd pas mal d'efficacité en restant un peu trop sage au niveau de l'hémoglobine !

De la suite dans les idées...

Encore une fois bénéficiaire, Argento lance donc un troisième épisode officiel, cette fois réalisé par son petit prodige et protégé, Michele Soavi. Après le cinéma et la télévision, c'est par un livre que devait se faire l'invasion ! Mais bien vite le producteur-réalisateur se rend compte que le film est peut être trop ambitieux pour être associé à la série ! Le film sortira donc sous le titre officiel The Church / Sanctuaire, mais voila les distributeurs se retrouvent sans troisième opus à fourguer ! Qu'importe, certains dégottent un téléfilm de Bava La casa dell'orco qu'ils vont simplement intituler Demons 3: The Ogre ! Cela aurait pu rester anecdotique si d'autres distributeurs n'avaient fait la même chose pour les États-Unis avec un autre film : Black Demons / Black Zombies d'Umberto Lenzi qui se retrouva tout simplement intitulé Dèmoni 3.

Une franchise digne de ce nom se doit de livrer de manière régulière un nouvel opus et même si Argento a cédé les droits à la Titanus, les distributeurs ne l'entendent pas de cette oreille, surtout que sur le marché asiatique, la série casse littéralement la baraque... Pas de problème ! On prend des films qui n'ont rien avoir avec la série mais dont le générique contient quelques noms connus de la franchise ! Ainsi, La Secte produit par Argento devient Demons 4: The Sect et La maschera del demonio, remake du film de Mario Bava que son fils Lamberto réalisera pour la télévision italienne devient Demons 5: Devil's Veil.
La présence de Urbano Barberini au générique suffit pour exhumer le film de Luigi Cozzi Il gatto nero, faux film fantastique mais vrai giallo réalisé en 1989, qui devient Demons 6: Armageddon au Japon et Demons 6: De Profundis aux Etats Unis !

 

Demons 3: The Ogre / La casa dell'orco / La Maison de l'ogre (1988) Lamberto Bava

 

 

Demoni 3 / Black Demons (1991) Umberto Lenzi

 

 

Ce qui devait être le vrai Dèmoni 3 devient :

La chiesa / The Church / Sanctuaire (1989) Michele Soavi

 



Demons 4: The Sect / La Secte (1991) Michele Soavi

 



Demons 5: Devil's Veil / La maschera del demonio / Le Masque de Satan (1989) Lamberto Bava

 

 

Demons 6: Armageddon / Demons 6: De Profundis / Il gatto nero / La Posesión del Gato Negro / The Black Cat (1989) Luigi Cozzi

 



The Omega Man (le 20 août 2017)